Le cinquantième anniversaire de la mort de Jean Fautrier passerait inaperçu si le Musée départemental de Sceaux ne lui consacrait pas une petite mais remarquable exposition centrée sur les dessins et les gravures de l’inventeur de l’Art informel.
Un propos resserré, car le musée est aussi prêteur de la rétrospective qui se tient actuellement au Japon, qui, à la différence de la France, n’est pas passé à côté de cet anniversaire. Une contribution possible grâce à la richesse de ses collections devenues fonds de référence avec la donation consentie par l’artiste, en 1964. Une centaine d’œuvres réparties sur deux sites permettent de suivre et de comprendre la révolution picturale de Fautrier. Au Petit Château sont les dessins de jeunesse jusqu’aux Otages, série emblématique initiée en 1943, à la Vallée-aux-Loups, près de Sceaux. La première salle met l’accent sur les contrastes, à l’image d’un nu réaliste de 1924, vigoureusement modelé, et d’un torse féminin de 1926, au trait souple et léger, qui emprunte à l’art africain sa synthétisation des formes. Premier pas vers l’abstraction, les paysages de 1928 où l’on voit apparaître, pour la première fois, la trilogie des couleurs jaune, verte et bleue inscrite dans un cartouche qui deviendra par la suite la signature de l’artiste.
Deux tableaux apportent la démonstration que Fautrier dessine quand il peint. Une évidence dans l’admirable Bouquet bleu de 1929, griffé de traits et de hachures exécutés à la hampe du pinceau, qui se confirme, en 1942, avec La Jeune Fille, où le motif central traité en « hautes pâtes » est auréolé de lavis d’encre et d’aquarelle. Les deux toiles attestent que tout l’art de Fautrier naît de l’expérimentation par le dessin. Une vérité magnifiée en gravure, médium qui fait l’objet de recherches encore plus approfondies. En attestent Les Arbres de 1927, où l’informel atteint son paroxysme. Un saut au château principal dévoile la face érotique de l’œuvre gravé de Fautrier, sensuel illustrateur de Georges Bataille.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Fautrier, l’empire des sens et du trait
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Château de Sceaux, Domaine départemental de Sceaux, domaine-de-sceaux.hauts-de-seine.net
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°673 du 1 novembre 2014, avec le titre suivant : Fautrier, l’empire des sens et du trait