Christine Phal est la présidente-fondatrice de Drawing Now, le Salon du dessin contemporain à Paris. Pour elle, ce rendez-vous annuel s’adresse autant aux collectionneurs et conservateurs qu’aux amateurs d’art.
L’œil : Quid du marché du dessin ces derniers temps ?
Christine Phal : Pour les artistes cotés, le marché des œuvres sur papier suit celui de leurs peintures, sculptures… C’est un marché dynamique. Il est certain que, dans la production des artistes les plus chers au monde, il y a du dessin. Ce n’est pas un médium sous-coté. En plus, il offre l’avantage d’être moins cher. On a deux types de collectionneurs avec, d’un côté, des jeunes qui cherchent à dénicher de nouveaux talents et, de l’autre, des collectionneurs aguerris qui souhaitent compléter leur collection.
Notre salon permet une réelle proximité entre collectionneurs, galeristes et plasticiens. Les néophytes qui veulent commencer une collection peuvent s’approprier le dessin au niveau pécuniaire. Celui-ci reste accessible, financièrement parlant, mais également en ce qui concerne le contenu : les jeunes artistes s’emparent du réel, ils sont proches des préoccupations des gens, d’autant plus que nous vivons dans un monde d’images. L’existence de Drawing Now a vraiment donné envie aux gens de se pencher sur le dessin. L’appétence des jeunes créateurs pour ce médium rencontre un large écho auprès du public. Et, du côté de l’art, il y a un renouvellement des créateurs et des pratiques. Bref, l’émulation est collective.
L’œil : Le salon Drawing Now s’adresse-t-il seulement aux collectionneurs ?
Ch. P. : Il est fréquenté par plusieurs types de visiteurs. Le salon est visité par les professionnels de l’art graphique. Ce sont, pour la plupart, des conservateurs européens. Ils sont français, belges, allemands, suisses. À côté de ces visiteurs professionnels, nous recevons les collectionneurs et les amateurs. Pour les collectionneurs, notre salon fait partie de leur circuit. Ils veulent trouver des feuilles qui les intéressent et espèrent faire des découvertes via des exposants, notamment étrangers, qu’ils n’ont pas l’habitude de rencontrer en galerie.
Les amateurs, eux, peuvent engendrer une nouvelle génération de collectionneurs. Question prix, le dessin est une entrée « en douceur » dans l’univers de la collection. De plus, il s’agit d’une œuvre d’art originale. L’œil se fait et on ne peut plus retomber dans le simple poster Ikea !
Le dessin, c’est une manière de se familiariser avec un mode d’expression. On entre dans un cercle intime, avec des artistes qu’on peut rencontrer et suivre. Une relation s’instaure sur le long terme, les gens sont sensibles à cela.
L’œil : Que voit-on au salon ?
Ch. P. : On a bien sûr des œuvres historiques. La Galerie Lahumière présente l’abstraction géométrique d’Antoine Perrot, né en 1953. Daniel Lelong, de son côté, nous montre les magnifiques feuilles de Kiki Smith. Mais les « marges » ne sont pas oubliées, car on souhaite dévoiler un large spectre de techniques et de générations. Dans les choses particulières, sur les stands des galeries Martel, 9e Art et Gilles Peyroulet & Cie, on voit de la B.D. avec des auteurs comme Robert Crumb [bientôt exposé au MAMVP], Lorenzo Mattotti et Bastien Vivès. L’Art brut est aussi à la fête.
Chez les artistes bruts, associés à tort au simple bricolage, il y a du dessin pur et dur, avec par exemple de l’écriture automatique et du dessin géométrique ; les galeries Christian Berst, Béatrice Soulié (Paris) et Creative Growth (Oakland, Californie) misent sur des pièces vraiment étonnantes. On a également un programme de dessin d’animation, car le dessin n’est pas que de la feuille. C’est Brett Littman, directeur exécutif du Drawing Center de New York, qui cocurate le programme vidéo du salon.
Du 29 mars au 1er avril. Carrousel du Louvre. Ouvert du jeudi au samedi de 11 h à 20 h et le dimanche jusqu’à 19 h. Tarifs : 15 et 8 €. www.drawingnowparis.com
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Christine Phal : « Après le dessin, on ne peut plus retomber dans le poster Ikea »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°645 du 1 avril 2012, avec le titre suivant : Christine Phal : « Après le dessin, on ne peut plus retomber dans le poster Ikea »