Dessiner-Tracer : un voyage en grandes lignes

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 21 mars 2012 - 701 mots

Jusqu’en septembre 2012, dans le cadre de l’opération intitulée Dessiner-Tracer, les musées du Nord-Pas-de-Calais, de Picardie et de Belgique mettent à l’honneur leurs collections de dessins dont beaucoup ont été récemment inventoriées. Programme…

Artistique, scientifique, éducatif et ludique » : telles sont les qualités cardinales que vise à mettre en exergue l’opération intitulée Dessiner-Tracer. Lancée en septembre dernier pour un an par l’Association des conservateurs des musées du Nord-Pas-de-Calais, elle a été confiée à l’une des leurs – Émilie Ovaere-Corthay. Conçue en collaboration avec toute une pléiade d’institutions régionales et belges, elle s’applique à envisager le dessin dans tous ses états, d’un point de vue tant patrimonial que contemporain. À cette fin, le Frac Picardie, dont l’activité est exclusivement dédiée au dessin, y agit en filigrane en développant un programme de ponctuations qui fait le pont entre le passé et le présent.

De Saint-Quentin à Dunkerque, en passant par Tourcoing
Ainsi, après avoir notamment mis à l’honneur Rops, Rodin, Burne-Jones, Abel de Pujol ou Matisse, le dessin baroque flamand, le dessin d’architecte, les concepts de « paysage mental », de « ligne souple » ou de « dessin utile », Dessiner-Tracer poursuit sa route. Non seulement elle mérite le détour, mais elle est aussi l’occasion d’une déambulation dans un paysage institutionnel qui est pourtant plein d’heureuses surprises.

Il faut ainsi aller à Saint-Quentin pour voir le Musée Antoine-Lécuyer, l’un des temples français du portrait dessiné ; ceux qu’Ernest-Gaston Amas (1869-1959) a exécutés de huit prisonniers de guerre sont d’une puissante analyse psychologique. Il faut se rendre au Musée des beaux-arts de Valenciennes pour mesurer combien l’œuvre de « Michel-Ange au siècle de Carpeaux » a influencé les artistes de Géricault à Rodin ; le dessin y est surtout mis en valeur dans sa fonction d’appropriation d’un modèle. Passage obligé au Fresnoy, à Tourcoing, où l’institution que dirige Alain Fleischer présente tout un lot d’œuvres d’animation traditionnelle et numérique comme celle de Laurent Pernot ; tout ce qui touche à la vie et à la mort de la forme passe ici du geste de la main à la manipulation technologique. Il faut profiter d’être à Tourcoing pour visiter le MUba Eugène-Leroy qui expose un florilège du maître où corps et paysages se font et se défont et ne pas manquer de voir quel dessinateur à l’aube de l’œuvre était le compositeur Iannis Xenakis.

Il faut encore aller au Musée portuaire de Dunkerque pour découvrir « Entre les lignes – Marins, pêcheurs et ports dans le dessin et la BD », notamment l’ensemble des cinquante-huit dessins de Chas Laborde croqués à bord d’un cargo en partance pour l’Algérie en 1937. Sans oublier de passer dans la même ville par le LAAC, Lieu d’art et d’action contemporaine, où l’on peut voir tant ce qu’il en est du « Dessin phénoménal » à l’appui d’œuvres de Jaccard, Pagès et Moninot, que d’un ensemble d’une quarantaine d’œuvres du fabuleux Wols. Il faut aussi faire une halte à Bergues, au Musée du mont-de-piété, qui détient dans ses collections des dessins de Heemskerck à Le Brun.

Enfin, il est essentiel de se rendre à Gravelines et à Amiens. Ici, le Musée du dessin et de l’estampe originale accueille Jaume Plensa ; l’Espagnol y présente des œuvres qui interrogent la relation entre langage et corps, mêlant dessin, photographie et collage en surface de monumentales feuilles translucides. Là, le Musée de Picardie joue de la confrontation entre le passé et le présent ; l’exposition qu’il propose sur les représentations de la capitale régionale réunit des feuilles de son cabinet d’art graphique et un travail d’exploration de celles-ci mené par Michel Paysant. Une façon de faire du dessin le fil rouge d’une création toujours prospective.

Autour de Dessiner-Tracer

« Visions fugitives », Le Fresnoy, jusqu’au 15 avril. « Traverser la ville » au Musée des beaux-arts de Cambrai, jusqu’au 13 mai. « Le baroque en Flandres. Rubens, Van Dyck, Jordaens » au Musée de la Chartreuse à Douai jusqu’au 28 mai. « Bulles de mer » au Musée portuaire de Dunkerque, jusqu’au 3 juin. « Michel-Ange au siècle de Carpeaux » au Musée des beaux-arts de Valenciennes, jusqu’au 1er juillet. « Dé- paysement » au Musée de Picardie à Amiens, du 5 avril au 24 juin. « De Heemskerck à Le Brun » au Musée du Mont-de-Piété de Bergues, du 5 mai au 30 septembre. « Wols » au LAAC de Dunkerque, du 12 mai au 16 septembre… www.musenor.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°645 du 1 avril 2012, avec le titre suivant : Dessiner-Tracer : un voyage en grandes lignes

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