Le Mobilier naitonal donne à voir les célèbres « mays » de la cathédrale.
Paris. C’est ce qu’on pourrait appeler un effet collatéral positif. Le dramatique incendie de Notre-Dame de Paris en 2019 a en effet permis de s’intéresser à nouveau aux riches collections que renferme la cathédrale. Qui, à l’exception des spécialistes, pourrait en effet citer le nom des peintres exposés dans le fameux monument parisien ? Il y a pourtant entre ses murs la crème de l’art français du Grand Siècle, à commencer par Charles Le Brun et Laurent de La Hyre. Ils font, entre autres, partie des maîtres qui ont réalisé les « mays », c’est-à-dire, les immenses tableaux offerts à la cathédrale chaque premier mai par la confrérie des orfèvres de la capitale. Il faut dire, à la décharge du public, que leur encrassement et leur présentation médiocre dans l’édifice ne facilitaient pas la rencontre esthétique. Mal accrochés et guère éclairés, ils passaient presque inaperçus alors que certains tableaux comptent parmi les plus belles pages de l’histoire de la peinture française des règnes de Louis XIII et XIV. Leur (re)découverte relève ainsi de la révélation pour nombre d’amateurs d’art et de curieux. Leur réunion génère de fait un véritable choc grâce à leurs teintes éclatantes, couleurs vives dont une des fonctions était justement à l’origine d’animer la nef d’une blancheur immaculée. Il faut voir la réaction enthousiaste des visiteurs face à ces peintures monumentales sublimées par l’ambitieuse restauration qui vient de s’achever et leur accrochage impeccable au sein d’une galerie des Gobelins, élégamment parée de cimaises bleu roi du meilleur effet. Et, cerise sur le gâteau, pourvue d’une médiation parfaite qui s’adresse à tout un chacun, sans être trop envahissante non plus. Il faut donc en profiter car de toute évidence on ne pourra plus jamais les admirer de si près et dans des conditions aussi idéales.
On aurait aimé en dire autant du grand tapis de chœur dont la présentation laisse pour le moins perplexe. Si sa restauration est remarquable, le fait de n’en montrer que la moitié, pour des questions de place, donne à l’ensemble une allure très étrange. Tout comme la présentation des vastes tapisseries qui semblent bien engoncées dans la cage d’escalier et les salles de l’étage. Dommage car leur retour au milieu de ces œuvres et objets est tout bonnement un événement exceptionnel : les tapisseries ont quitté la cathédrale depuis le XVIIIe siècle. Ces retrouvailles méritaient donc mieux que cet accrochage raté.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°636 du 21 juin 2024, avec le titre suivant : Au plus près des chefs-d’œuvre de Notre-Dame