Collection - Église

Un « Mays » disparu de Notre-Dame de Paris retrouvé récemment

Par Marion Pedram · lejournaldesarts.fr

Le 8 avril 2021 - 519 mots

GIVORS

La toile et son auteur ont été identifiés dans une église près de Lyon. Elle avait disparu après la Révolution.

Joseph Vivien, L'Adoration des Mages, 1698, cycle des Mays, église Saint-Nicolas de Givors © Jacques Del Pino - Ville de Givors
Joseph Vivien, L'Adoration des Mages, 1698, cycle des Mays, église Saint-Nicolas de Givors.
© Jacques Del Pino / Ville de Givors

La restauration de l’église Saint-Nicolas de Givors, près de Lyon, a permis de reconnaître une œuvre initialement accrochée aux cimaises de Notre-Dame de Paris. L’Adoration des Mages de Joseph Vivien (1657-1734) avait disparu de la cathédrale parisienne depuis 1810, dans des circonstances jusqu’alors inconnues. 

Le tableau, non signé, attire l’attention de Thierry Reynard, membre de la Société d’histoire de Lyon. Il en fait part à Benoît Faure-Jarrosson, passionné d’histoire de l’art, spécialisé dans la peinture lyonnaise du XVIIe siècle. C’est grâce au travail de ce dernier que l’identité de l’auteur du tableau puis sa provenance ont pu être déterminées.

En déchiffrant deux noms, « Magimel » et « Lagneau », inscrits au bas du tableau, Benoît Faure-Jarrosson a pu dérouler le fil de l’Histoire. Grâce aux archives nationales, il retrouve la trace de ces deux orfèvres parisiens, commanditaires de l’œuvre. 

« C’est la date de livraison de la commande, le 30 avril 1698, qui m’a permis de faire le lien avec Notre-Dame » explique-t-il au Journal des Arts. Il pense immédiatement au « cycle des Mays », cérémonie dédiée à la Vierge chaque 1er mai de 1630 à 1707 à Notre-Dame de Paris. Durant cette période, 73 œuvres ont été offertes à la cathédrale par la confrérie des orfèvres de la capitale.

Joseph Vivien, L'Adoration des Mages, 1698, cycle des Mays, église Saint-Nicolas de Givors © Jacques Del Pino - Ville de Givors
Joseph Vivien, L'Adoration des Mages, 1698, cycle des Mays, église Saint-Nicolas de Givors.
© Jacques Del Pino / Ville de Givors

L’Adoration des Mages en fait partie. L’œuvre de très grand format, trois mètres sur quatre, représente les rois Mages et l’enfant Jésus porté par la Vierge. Les archives l’attribuent à Joseph Vivien, peintre surtout portraitiste né à Lyon et formé à Paris. 

De 1698 à 1810, elle sommeille au cœur de la cathédrale, avant de disparaître dans l’ignorance générale. La Révolution française et la saisie des biens du clergé qui s’en est suivie a en effet disséminé une bonne partie du patrimoine religieux, de nombreuses œuvres sont déplacées, saisies, vendues…

C’est le cardinal Fesch qui l’aurait acquise en 1810, selon les registres d’un marchand d’art parisien. Archevêque de Lyon et oncle de Napoléon Bonaparte, le cardinal est un grand collectionneur d’art : sa collection comprend plus de 16 000 œuvres. Mais après Waterloo, il quitte précipitamment la France, laissant derrière lui une partie de ses œuvres, dont L’Adoration des Mages.

En 1822 a lieu la première messe de l’église Saint-Nicolas. Les spécialistes estiment que le tableau de Vivien – et certainement d’autres - a dû être choisi chez l’archevêque de Lyon pour décorer la nouvelle église de Givors, qui en est toujours aujourd’hui sa propriétaire légitime.

Le fil de l’histoire a ainsi pu être remonté dans ses moindres détails grâce à la numérisation des archives nationales : Benoît Faure-Jarrosson estime qu’un tel travail n’aurait sans doute pas été possible sans la mise en ligne de ces documents historiques, qu’il a pu consulter pour assembler les pièces du puzzle.

Quant à la toile, usée par le temps, elle réclame restauration. Heureusement, l’écho de la découverte de ce tableau est parvenu aux oreilles d’une fondation parisienne, qui s’est proposée d’en prendre en charge le coût, confie Benoît Faure-Jarrosson. 
 

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