Le cardinal Fesch, dont le Musée des beaux-arts d’Ajaccio porte le nom, se passionna tant pour l’art sa vie durant que sa collection comprenait 17 767 objets et 16 000 tableaux…
Passion excessive (et donc mauvaise selon Descartes, ou bien louable comme l’affirmerait Hegel), elle est l’une des diverses expressions de la passion que se propose d’aborder l’exposition « Passionnément », co-organisée avec le Frac Corse. Elle s’organise – c’est original – en associant ou en confrontant des œuvres anciennes et contemporaines dont le foisonnement et les moyens d’expression proposés sont si divers qu’ils obligent parfois le spectateur à une belle gymnastique intellectuelle. L’exposition vise à questionner le visiteur et à explorer les états, les sentiments, les actes extrêmes, extrémistes même, qui naissent des passions. Qu’elles soient liées à l’amour, la haine, la religion ou la politique, « c’est d’elles seules que dépend tout le bien et le mal de cette vie », disait le même Descartes.
Les passions sont les émotions de l’âme qui dépendent du corps et que le corps exprime. De façons si diverses, selon l’intention, les époques, les courants esthétiques et les moyens formels : la douleur, sublimée, du Saint Sébastien de Lucas Giordano en miroir de celle, concrète, crue, du Coq mort de Giuseppe Barbazza et de celle, parfaitement métaphorique, d’Alicia Framis, Anorexic Center, Amsterdam, 2000. Qu’ont en commun, également dans l’expression du désir, l’œuvre de Sophie Calle, Érection, par l’immédiateté de son titre, avec une œuvre de Paul Klee, Coup de foudre, toute en intériorité, ou son contraire Léda et le cygne de Véronèse, si ce n’est ce sentiment intrinsèque à l’homme qui les lie ? Même chose pour la passion du Christ : le Triptyque avec croix de Tàpies et le Golgotha de Pierre Dionisi, avec des moyens formels diamétralement opposés, expriment la même violence.
De ce labyrinthe des passions, l’exposition extrait différents thèmes qui occupent des espaces distincts dans le musée. « Rêve et douleur », « Haine pour aime », « Les objets de la passion », « Le désir » se déploient au rez-de-cour. Au second niveau du palais, des œuvres des collections permanentes associées à des œuvres prêtées pour l’occasion abordent les thèmes de « La souffrance mortelle », « Passion et amour pur », « résurrections politiques », « La passion du Christ », etc. Vaste programme.
« Passionnément »,
Palais Fesch, Musée des beaux-arts d’Ajaccio, 50-52, rue du Cardinal-Fesch, Ajaccio 20), www.musee-fesch.com
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Passionnant passionnément
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°655 du 1 mars 2013, avec le titre suivant : Passionnant passionnément