Commande publique - Photographie

Anatomie de la Nouvelle-Aquitaine

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 23 mai 2024 - 449 mots

Cartographier en images la région sous un angle à la fois scientifique et artistique, telle est la commande passée à neuf photographes par le Frac Méca en 2022.

Bordeaux. En 2021, le Frac Nouvelle-Aquitaine Méca lançait une commande photographique à l’échelle de la région sous l’impulsion de Claire Jacquet, alors directrice de l’institution, et Gilles Mora, historien de la photographie qui participa à la création du fonds photographique au début des années 1980.

Pour cette commande, qui s’est déroulée entre 2022 et 2024, un comité d’experts en histoire, géographie, urbanisme, sociologie…, tous familiers de la région, a été constitué en amont afin de déterminer « neuf problématiques considérées comme essentielles et complémentaires en prenant en compte les douze départements de la région », souligne Gilles Mora. Un comité artistique a ensuite choisi neuf photographes et artistes internationaux, nationaux ou régionaux en fonction du sujet qui leur serait attribué. Le résultat de cette commande, qui est soutenue par la Région Nouvelle-Aquitaine et dotée d’un budget de 400 000 euros, est solide tant du point de vue artistique qu’intellectuel. Si les écritures et les accrochages diffèrent grandement de l’un(e) à l’autre, c’est sans télescopage malheureux. Chez Jean-Luc Chapin, la beauté des tirages, le grand calme du récit documentaire sur la paysannerie et le rapport à l’animal rappellent l’atmosphère des tableaux de l’école de Barbizon ou de Corot.

Rupture de ton avec Tatiana Lecomte, qui étend son travail sur les lieux de la terreur nazie en Europe centrale aux vestiges des camps de détention situés dans la région. Dans une scénographie mêlant photographies, archives, textes et vidéos, elle revient à travers six témoignages, parmi lesquels celui d’un réfugié espagnol, d’un harki ou d’un immigré juif, sur l’itinéraire et la vie dans les camps de ces « indésidérables ». La vision par le Portugais André Cepeda des transformations sociales et urbanistiques de certains quartiers de Bordeaux et de sa métropole est tout aussi implacable dans ses différents usages du noir et blanc ou de la couleur.

Du club photo de Felletin dans la Creuse à la mobilisation contre les mégabassines de Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, ce sont d’autres voix que fait entendre Bruno Serralongue : celles de communautés de personnes attachées à leur territoire comme au respect de la nature.

Le film de l’artiste britannique Chloe Dewe Mathews qui a pris pour sujet la forêt des Landes de Gascogne, partie en fumée à l’été 2022, ou les photographies de l’anatomie d’une montagne pyrénéenne par Noémie Goudal prennent place de leur côté dans des installations. Le parti pris est également narratif chez Valérie Mréjen, dont le dispositif de son voyage hors saison découle de la rencontre avec les habitants à l’année des stations balnéaires de Biarritz ou Royan.

Arpenter, photographier la Nouvelle-Aquitaine,
jusqu’au 6 octobre, Frac Nouvelle-Aquitaine Méca, 5, parvis Corto-Maltese, 33800 Bordeaux.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°633 du 10 mai 2024, avec le titre suivant : Anatomie de la Nouvelle-Aquitaine

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