PARIS
Une tribune dans L'Obs exige le retrait d’une œuvre jugée raciste réalisée en 1991 par l’artiste qui s’en défend vigoureusement.
Mame-Fatou Niang, une réalisatrice franco-sénégalaise, et Julien Suaudeau, romancier originaire d’Évreux, ont signé le 4 avril dernier une tribune dans L'Obs, titrée « Banalisation du racisme à l’Assemblée nationale : ouvrons les yeux ». Parmi les multiples œuvres qu’abrite le Palais Bourdon, une suscite leur colère. Il s’agit d’une fresque de Di Rosa consacrée à la célébration de la première abolition française de l’esclavage en 1794. Selon les auteurs de l’article, les choix esthétiques de l’artiste véhiculeraient une vision « humiliante et déshumanisante » des Noirs.
La toile avait été réalisée en 1991 dans le cadre de la série l’ « Histoire en peinture de l’Assemblée nationale ». Cette commande publique visait à illustrer une douzaine de dates clefs dans l’histoire législative de la France. Sur une peinture murale de 40m disposée dans la galerie d’accès aux tribunes de l’hémicycle, Di Rosa a illustré à sa façon les textes sur les libertés syndicales, les lois sur la presse, le droit de vote des femmes… Et l’abolition de la traite négrière.
Sur fond de chaînes brisées, la fresque représente deux figures métissées dans un style BD propre au maître de la figuration libre. Cependant, Mame-Fatou Niang et Julien Suaudeau y voient surtout la perpétuation d’une « imagerie hésitante entre Banania et Tintin au Congo ». L’épaisseur des lèvres, la largeur du sourire, la rotondité des yeux seraient autant de stéréotypes héritiers d’une représentation dégradante popularisée par la « suprématie blanche ».
Di Rosa s’est défendu vivement dans un entretien donné au Monde. L’artiste invoque une œuvre peuplée de « formes grotesques, issues de l’imagerie populaire et modeste » très codifiée : « quelle que soit leur couleur, leur sexe ou leurs caractéristiques physiques, mes personnages ont de grosses lèvres rouges ». De manière générale, Di Rosa se dit dans « l’incompréhension », et voit dans l’initiative des auteurs de la tribune une volonté de censure qu’il juge « inacceptable ».
Mame-Fatou Niang et Julien Suaudeau ont également lancé une pétition sur le Web pour demander le retrait de la fresque des murs du Palais Bourbon. À la fin de journée du lundi 8 avril, quelque 1 300 internautes l’avaient signée.
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Un tableau de Di Rosa à l’Assemblée Nationale est-il raciste ?
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