LE TOUQUET
Après avoir exposé en 2015 Robert Combas, dont le commissaire était aussi Henry Périer, le Musée du Touquet offre ses espaces, à savoir toute la Villa Way Side, à un autre acteur majeur de la Figuration libre : Hervé Di Rosa.
Cet artiste généreux – il est le créateur en 2000, à Sète, du Musée international des arts modestes – est devenu au fil du temps une figure incontournable de la scène artistique française. Il expose beaucoup ; il était l’automne dernier montré à la Piscine de Roubaix et l’on peut actuellement voir son travail à Labanque de Béthune. Aussi, et ce d’autant plus après la magistrale manifestation en 2016 (« Plus jamais seul ») de la Maison rouge qui dévoilait sa démarche protéiforme, il est difficile de trouver un angle original pour aborder son œuvre. C’est pourtant ce que parvient à faire le Musée du Touquet, qui organise une rétrospective de sa peinture, avec cinquante-huit tableaux, allant des diptyques sur carton de 1978 aux grands formats luxuriants récents, via ses peintures spontanées des années 1980, emblématiques d’une figuration libre inspirée par la culture populaire. « J’ai beaucoup de mal à dire que je fais de la peinture. La Peinture avec un P majuscule, c’est autre chose. » Di Rosa peintre ? Assurément. Car, si cet artiste s’était cantonné à simplement enchaîner les tableaux-BD qui l’ont rendu populaire, on aurait pu vite s’en lasser, mais, fort heureusement, à partir de 1993, ses voyages autour du monde ont profondément renouvelé sa pratique. Ici, une belle place – et c’est le meilleur de l’expo – est accordée à ses « peintures itinérantes » (les couleurs industrielles du Ghana, les plages figées de Miami, l’incrustation de la laque au Viêt Nam) ; tant mieux, car ces territoires picturaux audacieux offrent au visiteur, devenu à son tour globetrotter, une respiration bienvenue dans le parcours pour nuancer un langage pictural, certes séduisant, mais extrêmement codifié.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°722 du 1 avril 2019, avec le titre suivant : La peinture nomade d’Hervé Di Rosa