Melik Ohanian remporte le 15e prix Marcel Duchamp

Les allées de la Fiac bruissaient du nom de Neïl Beloufa en probable successeur – « à la mode » – de l'artiste Julien Prévieux, mais le jury aura une fois de plus défendu sa souveraineté en attribuant à Melik Ohanian le 15e prix Marcel Duchamp organisé par l'Adiaf (l'Association pour la diffusion internationale de l'art français fondée en 1994) depuis 2000. « Le jury, a déclaré samedi son président, le directeur du Musée national d'art moderne Bernard Blistène, a souhaité célébrer la cohérence du propos de l'artiste qui, depuis quelque vingt ans, développe une œuvre personnelle fondée sur une attention particulière aux relations entre science, astrophysique et arts visuels, portée par une grande multiplicité de formes et de supports. »

Né en 1969 à Lyon, Melik Ohanian, classé 82e dans l'ArtIndex, développe une œuvre engagée qui n'hésite pas à s'emparer des grands malheurs du monde, où il est question des glissements du temps et de l'espace. L'artiste, dont le film « Days » sur les travailleurs émigrés aux Émirats arabes unis avait été censuré à la biennale de Sharjah (qui avait pourtant produit l'œuvre en 2011), a fait sensation cette année pour son installation sur le thème du génocide arménien qu'il proposait dans le cadre du pavillon Arménien de la Biennale de Venise (« Arménité », au monastère mékhitariste, Isola de San Lazzaro), et qui faisait suite à son exposition chez sa galeriste Chantal Crousel au début de 2015 dans laquelle il exhumait les « Mémoires du génocide arménien » de Vahram Altounian, témoin direct du génocide entre 1915 et 1919.

Dans le cadre du Prix Marcel Duchamp, Melik Ohanian a présenté à la Fiac une série de sept photographies lumineuses animées une seconde par minute par un changement d'état du Césium 133, élément chimique qui définit la seconde universelle dans les horloges atomiques, invitant ainsi les spectateurs à prendre intimement conscience de l’égrènement du temps et du changement inévitable du monde. Son œuvre est entourée de celles de Davide Balula, Neïl Beloufa et Zineb Sedira, les trois finalistes malheureux du Duchamp 2015.