PARIS
Créé par un comité de collectionneurs formant l’Adiaf (Association pour la diffusion internationale de l’art français), et en partenariat avec le Centre Pompidou, le prix Marcel-Duchamp récompense chaque année un artiste résidant en France. Claude Closky (né en 1963) est le lauréat de cette cinquième édition. Subtil, minimal et ludique, l’artiste revient avec humour et sérieux sur les détails de l’installation qu’il a présentée dans le cadre de la FIAC (Foire internationale d’art contemporain) ainsi que sur son travail en général. En attendant son exposition personnelle prévue au printemps 2006 à l’Espace 315, au Centre Pompidou.
Quel est le titre de l’œuvre que vous avez présentée à la FIAC pour le prix Marcel-Duchamp 2005 ?
Journal, comme un journal intime, et télévisé.
Pouvez-vous la décrire ?
Journal est composé d’images arrêtées et de sons discontinus.
Est-ce plutôt un journal télévisé, un journal intime ou un journal de bord ?
C’est le monde vu de mon bureau ces derniers mois.
Pourquoi ?
Pour essayer d’y voir plus clair.
Comment est-on sélectionné pour ce Prix ? Qui choisit ?
Un membre de l’Adiaf m’a appelé en mai pour savoir si j’acceptais de faire partie des nominés pour le prix Marcel-Duchamp 2005.
Pourquoi cette œuvre et pas une autre ? Est-ce vous qui en avez décidé ?
Parce qu’elle parle du temps pendant lequel j’ai travaillé pour la réaliser. Les autres contraintes étaient celles propres au stand loué à la FIAC. Une superficie de 35 m2 délimitée par des cloisons de 3,50 m de haut, dans le contexte très particulier d’une foire où sont présentées des milliers d’œuvres.
D’où viennent toutes ces images, ces sons et séquences sélectionnés ?
Je les ai prélevés sur Internet, sur des pages consacrées à l’information, sur des blogs, des « pages perso » documentant la vie de leurs auteurs et sur des sites de presse internationaux.
Leur avez-vous fait subir un traitement particulier ?
J’ai choisi les sons et les images. Je les ai assemblés en binôme. J’ai combiné les binômes les uns aux autres pour former un film vidéo.
À quoi toutes ces séquences font-elles référence ?
À nous-mêmes, à notre façon de comprendre et d’agir au quotidien.
Pourquoi tous ces bruits ?
Les sons très courts fonctionnent comme un langage, ils donnent du sens aux images auxquelles ils
sont associés.
On entend « WIP ! CLIP ! CRAP ! BANG ! VLOP ! ZIP ! SHEBAM ! POW ! BLOP ! WIZZ ! ». S’agit-il de traductions visuelles d’onomatopées ?
J’ai voulu souligner le contenu des photographies diffusées pour informer, des images déjà très simples pour être comprises par le plus grand nombre, en les réduisant à des signaux porteurs chacun d’un seul message. Comme les panneaux du code de la route.
Selon quel rythme l’ensemble est-il présenté ?
Rapide et régulier.
Le public a-t-il eu des réactions particulières ?
Il s’est assis dans les canapés mis à sa disposition pour son confort.
Les images et les sons télévisés tiennent-ils du papier peint ?
Souvent.
Pourquoi ?
Parce qu’ils sont subordonnés à un format préexistant. Par exemple, le journal de 20 heures dure 30 minutes quelle que soit l’actualité.
Et votre Journal à vous, quel est son format?
Probablement binaire, comme celui de mon ordinateur.
Que préparez-vous pour l’exposition du prix Marcel-Duchamp au Centre Pompidou ?
Rien pour l’instant.
Comment représentez-vous la frénésie médiatique dans votre travail en général ?
En la redoublant.
Quel rapport entretenez-vous avec le système ?
Téléphonique, sur les lignes surtaxées.
Quelles règles vous imposez-vous dans votre travail ?
Aucune.
Des livres, des objets, des photos, des vidéos, des dessins sur papier ou sur le Web…, de tous les médias que vous employez, lequel a votre préférence ?
C’est parce qu’ils ne sont pas intéressants en soi que j’en change sans arrêt.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore votre travail : quel en est en quelques mots le code d’accès ?
Tapez zéro zéro zéro zéro sur votre clavier puis laissez-vous guider par la boîte vocale.
Préférez-vous le réel ou le virtuel ?
L’espace virtuel est ma réalité : percevoir le réel ne consiste-t-il pas à s’en abstraire, à lui donner une forme dans sa pensée ?
Avez-vous un site Internet sur lequel on peut vous retrouver ?
http://www.sittes.net ou http://closky.online.fr
Êtes-vous minimal ? conceptuel ? péréquien ? pop ? ludique ? duchampien ?
Je suis grand, brun, j’ai les yeux noisette, j’aime les voyages, le sport et la culture.
Quel est votre propre lien à Marcel Duchamp ?
Je crois que j’ai une amie dont la tante a rencontré Duchamp dans les années 1960.
Vous sentez-vous dans la continuité de son travail ?
Ce serait dommage de ne pas l’être.
Claude Closky est représenté par la galerie Laurent Godin, sise 5, rue du Grenier-Saint-Lazare, 75003 Paris, tél. 01 42 71 10 66, mardi-samedi 11h-19h. Exposition du lauréat du prix Marcel-Duchamp au Centre Pompidou, Espace 315, du 12 avril au 5 juin 2006.
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Claude Closky : « L’espace virtuel est ma réalité »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°223 du 21 octobre 2005, avec le titre suivant : Claude Closky