Avec une structure légère et hors les murs, le pavillon français de la 19e Biennale d’architecture de Venise promeut cette année des pratiques adaptées à l’instabilité de notre époque.
Une fois n’est pas coutume, c’est au sein des Giardini, entre un espace boisé et un canal limitant la parcelle, que les visiteurs découvrent le nouveau pavillon français de la 19e Biennale d’architecture de Venise. L’édifice néo-classique construit en 1912 étant fermé pour de longs mois de travaux de rénovation énergétique, les lauréats ont imaginé une structure éphémère, sous la forme d’un ensemble d’échafaudage se déployant tout autour. Conçue par un quatuor d’architectes, Dominique Jakob et Brendan MacFarlane, en collaboration avec Éric Daniel-Lacombe et Martin Duplantier, l’exposition « Vivre avec/Living With » réunit des propositions pour une architecture qui s’adapte à l’imprévisibilité et à l’impermanence de l’époque. Comment continuer à construire, à imaginer des habitats dans un monde saturé de crises (environnementales, énergétiques, migratoires…), de tensions politiques et de plus en plus soumis à la vulnérabilité ? Leur réponse tient en une architecture qui s’adapte au contexte instable et aux ressources disponibles plutôt qu’imposée de façon arbitraire et non ancrée dans son environnement. « Vivre avec » se décline en six thématiques : l’existant, les proximités, l’abîmé, les vulnérabilités, la nature et le vivant, et les intelligences réunies. Chaque chapitre est illustré par une sélection de cinquante projets français ou étrangers, comme la reconstruction Beyrouth après l’explosion du port en 2020, mais aussi des réalisations d’habitats après les tremblements de terre au Japon ou au Maroc. Concernant des territoires menacés par la montée des eaux, des propositions d’aménagement sont faites, notamment pour le littoral de la Manche à l’horizon 2040 ou des projets de logements résilients en Martinique. Depuis la création de leur agence en 1998, la Française Dominique Jakob et le Néo-Zélandais Brendan MacFarlane se sont fait connaître avec des bâtiments aux formes non standardisées tels « Les Turbulences » à Orléans ou la Cité de la mode et du design à Paris. Architecte et docteur en urbanisme, Éric Daniel-Lacombe est consultant auprès de municipalités exposées à des risques naturels en France et au Canada. Il gère la conception d’aménagements résilients dans les vallées des Alpes-Maritimes. Architecte et urbaniste, Martin Duplantier dirige une agence installée en France et en Ukraine, et enseigne à la Kharkiv School of Architecture. La guerre menée par la Russie contre l’Ukraine sera d’ailleurs présente au sein du pavillon à travers la participation d’étudiants de l’école de Kharkiv et la présentation de projets de reconstructions de Marioupol et d’Odessa. Une façon de rappeler combien l’instabilité est aujourd’hui politique et comment l’architecture peut aider à s’inscrire dans une autre perspective.
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À Venise, une architecture plus résiliente
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°784 du 1 avril 2025, avec le titre suivant : À Venise, une architecture plus résiliente