Défilé de haute culture

Le diable peut s’y habiller, ce sont bien les dieux antiques que l’on retrouve à la Fondation Prada ce printemps. Le bâtiment industriel réhabilité par Rem Koolhaas pour abriter la collection de Miuccia Prada, propose comme première exposition « Serial classic », réflexion sur la série dans la statuaire antique.

Une exposition inattendue et un début de succès critique devraient faire de la Fondation un lieu légitime rapidement, au sein des arts visuels milanais (lire page 7). Armani aussi a ouvert en grande pompe son « silo », mais avec une ambition moins pluridisciplinaire : la mode n’y dialogue ni avec les arts visuels ni avec les arts vivants. Dommage, le nouveau lieu intégralement conçu par l’équipe artistique du couturier reste sans doute l’un des plus beaux showroom du monde.

Des arts premiers à Michel-Ange
À quelques mètres de là, David Chipperfield a conçu et érigé (saga judiciaire en cours) le flambant neuf Musée des cultures (Mudec). Le premier espace y présente l’évolution de l’image des pays du Moyen-Orient et des anciennes colonies au sein des expositions internationales ayant eu lieu à Milan depuis un siècle. Un propos historique opportun et quelques perles, comme Les Fumeuses de Haschich de Gaetano Previati. De l’autre côté du puits de lumière central du musée, une scénographie magnifique et sombre analyse l’occidentalisation progressive de l’art africain. Cette vision décentrée, atypique, donne le ton pour un musée qui ambitionne manifestement de devenir le Quai Branly qui manquait à l’Italie.

Enfin, le visiteur déçu par l’Exposition universelle pourra se rattraper avec les arts à Milan, puisque les classiques se sont mis à l’unisson des nouveautés : la Pietà de Michel-Ange attire quotidiennement la foule dans son nouvel écrin, à l’écart des salles principales du château des Sforza. Le Palazzo Reale, à deux pas du Duomo dont la restauration n’est en revanche pas terminée, propose une magistrale exposition sur Vinci, présentée comme le plus grand travail de fond sur l’artiste jamais présenté en Italie.