ARLES
Pas de chapeaux ou de robes légères pour l'ouverture des Rencontres d'Arles dimanche, mais des cirés et des bottes : malgré la pluie, les expositions photo ont fait le plein pour le retour du festival annulé en 2020 pour cause de crise sanitaire.
Sur la grande place de la République, dans le centre ancien de la ville des Bouches-du-Rhône, dans le sud-est de la France, les visiteurs ont afflué dès l'ouverture des expositions, vers 10h00.
« Il y a un peu moins de monde que d'habitude dans les rues », constate Alexis Gregorat, à la communication des Rencontres, « mais il y a plusieurs facteurs : la pluie, et le fait que pour la première fois on ouvre un dimanche et non un lundi ». À l'église Sainte-Anne où il se trouve, nombreux sont ceux qui descendent d'un « vélo-taxi » emprunté à la gare sous des trombes d'eau. Du gris de la rue, ils débarquent dans l'univers coloré de l'exposition « New Black Vanguard » : des photos, de mode pour la plupart, de personnes noires prises par des Noirs, des clichés mis en valeur par des murs ocre, jaune et bleu.
« J'ai spécialement aimé la diversité du concept de beauté dans cette exposition », a confié à l'AFP Francesca Fornara, une italienne, qui juge « très important, surtout dans l'Amérique de Trump dans laquelle ont été prises ces photos, ce souci de faire travailler des artistes noirs ».
Au Muséon Arlaten, fermé plusieurs années durant et qui rouvrait pour l'occasion, une file d'attente s'est formée pour une exposition plus classique autour de l'œuvre de Sabine Weiss, 97 ans. Des clichés en noir et blanc, des années 50 à aujourd'hui, des scènes de rue pour la plupart, portraits d'enfants mendiants ou de marchands ambulants, chats de gouttière et bals populaires. Clémentine Ponsonnet, 40 ans, venue de Montpellier pour un festival qu'elle fréquente souvent, en sort enchantée. « C'est intéressant de voir toute une vie de photographe, j'ai trouvé ça plus intéressant que l'exposition d'artistes émergents dans l'église des frères prêcheurs, un peu frustrante ».
Révolution soudanaise et photo sur cresson
Juste en face, les festivaliers, dont beaucoup portent eux-mêmes un appareil photo en bandoulière, plongent dans un tout autre univers : celui de la révolution soudanaise, photographiée et vécue par de jeunes artistes qui diffusaient surtout leurs clichés sur les réseaux sociaux. Pour la première fois dirigé par l'Allemand Christoph Wiesner, venu de l'art contemporain, le festival explore aussi des formes plus expérimentales, comme « Pigment change » de la plasticienne Almudena Romero. Dans une démarche écologique, l'artiste a utilisé des matériaux végétaux comme le cresson pour y imprimer d'anciens négatifs de photos de famille.
Le festival a aussi exploré de nouveaux lieux pour cette édition de « renouveau », comme le Jardin d'été, en contrebas du théâtre antique. Ici, l'exposition est gratuite, et ses visiteurs souvent arrivés là-bas par hasard. Devant les tirages à hauteur d'homme de Stéphan Gladieu, le public est amusé. Le photographe français, présent pour essuyer les panneaux trempés, a tiré le portrait à des dizaines de Nord-coréens, souvent en famille, à la piscine comme au bureau, en jouant avec les codes de la propagande communiste.
Pour Paulina Wyskowska, une Polonaise en vacances en famille en Camargue, c'est une belle surprise : « On est en camping et comme il pleut, on s'est dit qu'on allait visiter une ville, mais on ne s'attendait pas à ce festival ». Ces touristes trouvent beaucoup de points communs entre l'esthétique de ces photos et celle « de la Pologne communiste, dans les années 70 ». « C'est fou, c'est comme si le temps s'était arrêté », commente Paulina.
Le festival des Rencontres d'Arles se tient du 4 juillet au 26 septembre.
Cet article a été publié par l'AFP le 4 juillet 2021.
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À Arles, les festivaliers au rendez-vous des Rencontres de la photographie malgré la pluie
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