Attractive, Arles l’a toujours été. Arènes, théâtre antique, thermes de Constantin et nécropole des Alycamps évoquent le temps où la ville était la métropole de la Gaule romaine, l’église et le cloître Saint-Trophime son passé chrétien rayonnant.
Les constructions de la Renaissance et les hôtels particuliers des XVIIe-XVIIIe qui bordent rues et ruelles convoquent les temps florissants du commerce fluvial en ces bords de Rhône. La tour de Frank Gehry qui s’achève témoigne d’une nouvelle ère, celle de la Fondation Luma Arles, indissociable de sa fondatrice Maja Hoffmann, propriétaire du vaste parc des Ateliers attenant. Cet été, la rétrospective Gilbert & George, l’installation de Pipilotti Rist et les photographies de Lily Gavin du film À la porte de l’éternité de Julian Schnabel marquent la programmation et investissent la plupart des espaces de l’ancienne friche industrielle de la SNCF. Cette dernière était, il y a peu de temps encore, le territoire d’un bon tiers des expositions des Rencontres d’Arles. Cette année, seules trois expositions se tiennent dans l’atelier des Forges, dont « The Train », consacrée au reportage réalisé par Paul Fusco sur le transport en train, le 8 juin 1968, du corps de Robert F. Kennedy, et à ses déclinaisons par Philippe Parreno et Rein Jelle Terpstra. Au fond du parc des Ateliers, le Magasin électrique concentre la programmation d’un autre grand acteur de la vie artistique et culturelle locale : l’association du Méjan, créée en 1984 par Jean-Paul Capitani et Françoise Nyssen, l’actuelle ministre de la Culture. Au menu des Rencontres d’Arles cette année : Prune Nourry, Géraldine Lay, Ambroise Tézenas et la collection de portraits d’Antoine de Galbert, dont La Maison rouge, à Paris, s’apprête à fermer ses portes.
Dans la vieille ville, la diversité des propositions rivalise de plus belle. Paul Nash ou « Explorations des lumières du sud, de Van Gogh à Joan Mitchell » à la Fondation Vincent Van Gogh, et Véronique Ellena et Alfred Latour au Musée Réattu sont à courte distance. Les Rencontres d’Arles demeurent toutefois reines dans le cœur de la ville. L’Amérique de Robert Frank et de Raymond Depardon (Espace Van Gogh), celle de Paul Graham (église des Frères-Prêcheurs) et de Laura Henno (commanderie Sainte-Luce) forment une chambre d’échos. Dans d’autres espaces de la cité nouvellement investis par le festival se développent d’autres écritures, d’autres récits sur la situation en Turquie (Maison des peintres) ou à Grozny (Monoprix). Au Musée départemental Arles antique, l’aménagement du delta du Rhône par l’État, de Fos-sur-Mer à La Grande-Motte, éclaire les visions d’une époque. La construction éphémère en bambou, par l’architecte colombien Simón Vélez, d’un pavillon pour abriter les photographies du moine bouddhiste Matthieu Ricard convoque une vision aux antipodes. Les écarts manifestes aux Rencontres d’Arles sont chose commune dans ce festival qui réserve à l’abbaye de Montmajour un duo inattendu : Picasso et Godard.
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Arles, un concentré d’art et de photographies
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : Arles, un concentré d’art et de photographies