FLORENCE / ITALIE
L’ancienne ministre de la Culture dirige, depuis début septembre, cette villa florentine qui appartient à la Chancellerie des universités de Paris. Un lieu servant à accueillir des chercheurs, ainsi que des colloques et des congrès. Sa nouvelle directrice a également d’autres ambitions pour cette villa peu connue.
Florence. On ignore souvent la richesse du patrimoine des universités françaises. Il ne se trouve pas uniquement dans l’Hexagone. Sur les hauteurs de la colline de Fiesole surplombant Florence, s’érige la Villa Finaly. Elle est gérée par la Chancellerie des universités où sont représentées les treize universités parisiennes qui en sont propriétaires en indivision. Sa nouvelle directrice, depuis le 1er septembre dernier, est Aurélie Filippetti. L’ancienne ministre de la Culture de François Hollande vient de s’installer dans cette simple mais élégante villa du Quattrocento. Construite en 1427, elle a subi au fil des siècles des aménagements successifs au gré de ses nombreux changements de propriétaire. Son aspect actuel lui a été conféré par l’architecte florentin Giuseppe Poggi (1811-1901) qui y a réalisé notamment une coupole en verre et en fer inspirée de la rotonde Sainte-Marie-des-Anges de Brunelleschi.
En 1866 son propriétaire d’alors, le financier James de Rotschild, la vend à son fondé de pouvoir Horace de Landau (1824-1903). Représentant de la banque Rotschild à Turin, c’est lui qui négocie les emprunts souscrits par le gouvernement piémontais pour financer l’unité italienne. Érudit et bibliophile, il décide de créer en 1872 une vaste bibliothèque dans la villa. Courant les nombreuses ventes de Paris et de Londres, il parvient à constituer une collection de plus de 60 000 ouvrages dont de précieux manuscrits, des incunables et de rares éditions anciennes, en particulier de Dante. Après la Seconde Guerre mondiale, ses héritiers décident de céder cet important patrimoine. Les collections sont léguées à la ville de Florence et déposées à la Bibliothèque nationale centrale. La villa échoit en 1953 à la Chancellerie des universités de Paris. Un legs à condition qu’elle soit utilisée pour l’organisation de congrès, séminaires, réunions de travail ou tout simplement accueillir des chercheurs, doctorants et post-doctorants dont les recherches portent sur Florence ou l’Italie.
Vingt-cinq chambres et trois salles de conférence sont ainsi mis à leur disposition, ainsi que le parc d’un hectare qui peut servir de cadre à des expositions ou à des réceptions. « Je souhaite développer les activités d’enseignement, multiplier les colloques, refaire de la Villa Finaly un lieu de travail et d’échange, explique sa directrice Aurélie Filippetti. Il est important de se nourrir de l’histoire de la Renaissance italienne qui représente une grande étape de la culture européenne. Elle n’intéresse pas que notre continent. De très nombreuses universités américaines sont présentes à Florence. Des étudiants étrangers pourraient aussi être accueillis à la villa. »
C’est d’ailleurs l’une des missions que lui a confiée la Chancellerie des universités de Paris qui désire en faire un carrefour européen de rencontres universitaires internationales. Outre ces activités traditionnelles, Aurélie Filippetti voudrait approfondir celles liées aux expositions, ainsi que la collaboration avec les services culturels français en Italie, mais aussi la Villa Médicis. « Les universités de Paris disposent d’un campus pour les métiers d’art, ajoute-t-elle. J’envisage une collaboration avec le Mobilier national, la manufacture des Gobelins et la Ville de Florence autour de ce thème. Nous pourrions également ouvrir nos portes à des artistes, organiser des résidences d’écrivains. Les possibilités sont vastes, même si évidemment le contexte provoqué par le Covid-19 demeure une entrave pénalisant fortement les échanges et les déplacements. Il faut lancer une réflexion sur les conséquences de la pandémie sur les politiques culturelles dans les villes européennes qui affrontent les mêmes défis. »
Aurélie Filippetti a donc proposé au maire de Florence, Dario Nardella, la création d’ici la fin de l’année d’un comité scientifique franco-italien au sein duquel des personnalités prestigieuses partageraient leur réflexion sur le monde de la culture face à la crise du Covid-19. Un projet qui a suscité l’enthousiasme de l’édile. « Les cités d’art comme Florence sont celles qui ont été le plus touchées par les effets économiques de la pandémie, explique Dario Nardella. La disparition du tourisme pendant plusieurs mois a causé des pertes évaluées à 1 milliard d’euros. En mai, notre déficit était déjà de 180 millions d’euros sur un budget dont les dépenses courantes s’élèvent à 500 millions. J’ai même menacé de devoir éteindre l’éclairage public pour faire comprendre qu’on était à genoux. Si les grands musées ont désormais réouvert leur portes, les plus petits restent fermés ou affrontent de sérieuses difficultés. Il faudra du temps pour un retour à la normale. Mais nous devons saisir l’occasion de cette crise pour corriger nos erreurs, comme celle d’un tourisme de masse mal ou pas géré. J’ai d’ailleurs demandé au gouvernement d’élaborer une loi spéciale pour les cités d’art. » Il pourra s’inspirer du débat qui s’ouvrira bientôt à la Villa Finaly.
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Quelle est cette Villa Finaly dont Aurélie Filippetti vient de prendre la direction ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°552 du 2 octobre 2020, avec le titre suivant : Quelle est cette Villa Finaly dont Aurélie Filippetti vient de prendre la direction ?