L’absence probable d’une grande partie des touristes étrangers est un coup dur pour une économie qui en dépend grandement.
Rome. « Le coronavirus a l’effet d’un séisme », avait alerté Dario Franceschini, le ministre de la Culture et du Tourisme italien, dès le début de la pandémie qui a provoqué la fermeture des frontières. Celles-ci ne peuvent être franchies pour l’instant que pour des raisons « essentielles » liées à des questions familiales ou professionnelles. Elles rouvriront cependant dès le 3 juin pour les citoyens européens qui ne seront par ailleurs pas soumis à une quarantaine obligatoire. Mais la reprise des vols internationaux demeure pour l’instant une inconnue. Elle est envisagée à partir du 15 juin, mais sera nécessairement lente et progressive. Ainsi la compagnie aérienne allemande Lufthansa ne prévoit le rétablissement de certaines liaisons avec l’Italie que courant juillet.
L’afflux de touristes sera sans doute limité. L’Italie a déjà renoncé en partie aux visiteurs étrangers pour cet été et mise sur la redécouverte par ses propres habitants des beautés de leur pays. En somme, un retour au modèle des années 1950-1960 avant l’arrivée du tourisme de masse. D’après l’Enit, l’agence nationale du tourisme, la Péninsule était l’an dernier le 3e pays européen et le 5e au monde le plus visité avec 94 millions de touristes.
Mais cela ne sera pas sans conséquences. Le tourisme représente 13 % du PIB soit 232 milliards d’euros de chiffre d’affaires dont 45 milliards dépensés par les visiteurs étrangers. « Ce sera une traversée du désert, a déclaré Dario Franceschini devant le Sénat. Les secteurs de la culture et du tourisme sont à genoux. » Le manque à gagner se fait déjà sentir dès ce printemps, une saison où les étrangers constituent 56 % de la clientèle des hôtels et restaurants. L’Enit estime à 20 milliards d’euros les pertes provoquées par l’absence de touristes étrangers en 2020 et ne prévoit un retour à la normale qu’en 2023. Les réservations pour cet été en Italie ont chuté de 57,5 %.
Premier pays européen à avoir adopté de strictes mesures de confinement, l’Italie est aussi l’un des premiers à les alléger, mais de manière désordonnée, insuffisante et insatisfaisante d’après les professionnels du secteur. À partir du 18 mai, bars, restaurants et hôtels ont été autorisés à rouvrir en respectant de draconniennes mesures de distanciation sociale. De quoi dissuader les clients, mais surtout les propriétaires de ces commerces dont beaucoup ont décidé de ne pas rouvrir immédiatement. Avec des aides économiques publiques qui ne sont toujours pas arrivées, le secteur s’attend à des faillites en cascades.
La situation est identique en ce qui concerne la réouverture des musées et des églises (si importantes en Italie). Si les Offices de Florence et les musées du Vatican sont en mesure d’accueillir de nouveau des visiteurs à partir du 18 mai, ce n’est pas le cas pour de nombreux musées municipaux romains, florentins et siciliens, tout comme les théâtres et les cinémas qui ne seront autorisés à ouvrir qu’à partir du 15 juin.
Quant aux plages, leur accès limité et la distance de 4,5 mètres qu’il faudra respecter entre chaque parasol effraient autant les vacanciers que les propriétaires des établissements balnéaires. Pour les rassurer, le gouvernement a décidé de les exonérer – ainsi que les propriétaires des hôtels lorsqu’ils ont des plages – de la première échéance de la taxe foncière. Une mesure très symbolique. Les familles dont les revenus annuels ne dépassent pas 50 000 euros bénéficieront d’une « prime vacances » de 500 euros pour soutenir le secteur touristique italien qui fera l’objet d’une vaste campagne de promotion. Mais c’est bien trop peu pour les professionnels du secteur qui ont déjà fait le deuil de la saison 2020.
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Malgré l’ouverture des frontières le 3 juin, l’Italie est inquiète pour sa saison touristique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°546 du 22 mai 2020, avec le titre suivant : Malgré l’ouverture des frontières le 3 juin, l’Italie est inquiète pour sa saison touristique