En accord avec les instructions ministérielles, les établissements d’enseignement supérieur artistique offrent un volume minimal de cours pratiques.
Paris, Strasbourg. Sitôt les instructions du ministère de l’Enseignement supérieur connues (le 30 octobre), lesquelles ouvrent la possibilité d’accueillir jusqu’à 50 % des étudiants dans des cours de travaux pratiques, les écoles d’art, dont la formation en atelier est au fondement de l’enseignement, se sont empressées de profiter de la brèche ainsi ouverte. La semaine du 2 novembre a été consacrée à réorganiser les cours dans un mélange entre – selon le nouveau vocabulaire – « présentiel » et « distanciel » pour une mise en œuvre à compter du 9 novembre.
Aux Beaux-Arts de Paris, chacun des 38 ateliers sera ouvert au moins deux jours par semaine à un groupe de quatre étudiants. « Nous avons déménagé certains des ateliers dans les salles habituellement dévolues aux expositions temporaires afin d’éviter que les étudiants se croisent », explique son directeur, Jean de Loisy, qui prévoit qu’environ 150 étudiants, contre 500 en temps normal, seront dans l’école à l’instant T. Emmanuel Tibloux, qui dirige l’École nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad, Paris), a lui réduit de trois quarts le nombre de cours pratiques au sein des 18 ateliers techniques. Même approche à la Haute École des arts du Rhin (Strasbourg et Mulhouse) où David Cascaro a supprimé 80 % des cours pratiques. « Notre règle, c’est une école non ouverte mais accessible, explique-t-il. Nous voulons donner la possibilité aux étudiants de venir au moins une fois par semaine à l’école, et, s’agissant des ateliers, sur la base d’un rendez-vous personnel. »
C’est également le principe du rendez-vous qui prévaut, comme dans tous les établissements d’enseignement supérieur, pour l’accès aux salles de lecture des bibliothèques universitaires où le prêt de documents reste possible. Et si l’on ajoute la présence sur place des personnels administratifs et techniques indispensables au fonctionnement a minima de l’école, les locaux seront loin d’être vides. Aux Beaux-Arts de Paris, les « administratifs » travaillent sur site un jour par semaine. Tous soulignent – malgré les postures revendicatives et les inquiétudes – l’esprit constructif des personnels dans l’élaboration des nouveaux cursus.
Pour autant, dans les trois établissements, la visioconférence devient le médium privilégié et tous les cours théoriques basculent en distanciel, tandis que les enseignants de cours pratiques sont invités à compléter le cursus sur le Net.
Mais si les écoles d’art sauvent l’essentiel, ce reconfinement, même allégé, n’est pas sans créer des situations difficiles. David Cascaro craint que quelques étudiants ne reviennent pas tandis que Jean de Loisy s’interroge sur le moral de ceux confinés dans les salles, alors qu’habituellement « l’école est très joyeuse ». Et aux Arts déco, où les étudiants sont en général issus d’un milieu favorisé, Emmanuel Tibloux a dû venir au secours de plusieurs d’entre eux : « Nous avons distribué 30 000 euros d’aides d’urgence et acheté trente ordinateurs portables pour ceux qui n’en avaient pas. »
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Les écoles d’art « fermées mais accessibles »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°555 du 13 novembre 2020, avec le titre suivant : Les écoles d’art « fermées mais accessibles »