PARIS
PARIS [27.05.14] – Un pas de plus a été franchi dans le conflit qui oppose depuis plusieurs mois Nicolas Bourriaud et ses deux adjoints. Le directeur de l’ENSBA réclame maintenant leur départ ainsi que celui du président du Conseil d’administration.
La mésentente entre Nicolas Bourriaud et ses deux directeurs adjoints vient de prendre une direction franchement hostile. Le 20 mai dernier, au cours d’une réunion du Conseil pédagogique, le directeur de l’Ecole a publiquement admis qu’il ne pouvait continuer sa mission sans le départ de la directrice des études, Gaïta Leboissetier, et du directeur administratif Thierry Jopeck. Cette prise de position a sérieusement agacé les 14 professeurs élus du Conseil d’administration et du Conseil pédagogique qui ont envoyé une lettre datée du 25 mai à Aurélie Filippetti dans laquelle ils s’opposent à ce qu’ils considèrent comme une « exigence absurde et contre-productive qui va à l'encontre de toutes les avancées que nous avons accomplies tendant à l'élaboration d'un projet collectif et novateur. »
Le ministère qui suit le dossier avait vainement tenté à plusieurs reprises de jouer les médiateurs entre les protagonistes.
Le président du Conseil d’Administration, Frédéric Jousset, avec lequel Nicolas Bourriaud n’entretient pas de bonnes relations, ne cache pas son inquiétude : « Le CA est naturellement très préoccupé de voir la contestation ambiante dont Nicolas Bourriaud fait l'objet, tant au sein de la direction de l'école et de son corps professoral que des soutiens précieux de l'école que sont nos mécènes et notre association d'amis ; et malgré l'aide de la mission d'appui du ministère cet hiver, force est de constater qu'elle ne faiblit pas bien au contraire. »
Les étudiants eux aussi manifestent leur mécontentement et ont accroché une banderole appelant à élever le débat et demandant au ministère d’agir. Selon Claire Tenu, l’une des 6 étudiants du Conseil pédagogique et du Conseil d’administration « il faut d’abord mettre un terme à ce conflit interpersonnel, qui met depuis des mois le personnel à bout et puis il faut engager un débat sur l’école et l’enseignement des arts en France. »
Quelles que soient les raisons objectives du litige, la personnalité de Nicolas Bourriaud fait débat depuis son arrivée à la direction de l’école en novembre 2011. En off, de nombreuses personnes reconnaissent qu’il n’a pas les compétences pour diriger l’Ecole. La bronca qu’il avait soulevée auprès des étudiants après l’affaire Ralph Lauren n’est en que l’un des témoignages. 20 professeurs élus dans les instances représentatives avaient à l’époque démissionné de leur mandat soutenus par une liste de 220 pétitionnaires. Le référé de la Cour des comptes avait indirectement pointé du doigt sa gestion, tandis qu’un rapport non public de l’Inspection générale des affaires culturelles avait mis en évidence un problème de gouvernance.
Après Isabelle Lemesle au Centre des Monuments Nationaux, Olivier de Bernon au Musée Guimet et Anne Baldassari au Musée Picasso, le ministère où l’on se dit « très préoccupé d’une situation qui touche au plus près la scolarité » et qui reconnait « que des décisions fortes vont bientôt être prises » va-t-il demander à Nicolas Bourriaud de laisser son poste ? A moins qu’il ne demande à tous les protagonistes de quitter la scène pour éviter de montrer qu’il prend parti.
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Crise ouverte à l’Ecole des beaux-arts de Paris
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