LONDRES / ROYAUME-UNI
Les premiers collectifs à l’origine il y a dix ans de ces actions écologistes défendent un mode opératoire différent.
Londres. Si le but était de provoquer la discussion, l’action militante des deux jeunes femmes aspergeant de soupe Les Tournesols de Van Gogh le 14 octobre est un succès. Dans les milieux écologistes, ce happening donne lieu à une vive controverse, entre ceux qui redoutent que ces initiatives ternissent l’image des activistes et de leur cause auprès du grand public, et ceux qui saluent l’audace et l’immense écho médiatique rencontré par cette action. Durant l’action menée dans les salles de la National Gallery à Londres, les militantes du groupe Just Stop Oil demandaient : « Êtes-vous plus concernés par la protection d’œuvres d’art que par celle de la planète ? », tentant ainsi de rendre leur place centrale aux questions climatiques dans le débat public.
« Nous n’aurions évidemment jamais envisagé de mener cette action si nous n’étions pas sûres que le tableau était protégé par une vitre, précisait Phoebe Plummer, l’une des deux militantes, sur le réseau social TikTok. Nous ne demandons pas que tout le monde jette de la soupe sur des tableaux, mais nous voulons susciter le débat sur les sujets qui comptent, comme la signature d’une centaine de nouvelles licences pour l’extraction d’énergie fossile par Liz Truss [la Première ministre britannique]. » Fondé au début de l’année 2022, le mouvement Just Stop Oil a pour requête principale l’arrêt de ces nouvelles licences accordées par le gouvernement britannique.
Ces actions s’inscrivent dans une tendance récente des militants écologistes consistant à chercher les chambres d’écho médiatiques très larges pour diffuser leur message, à l’image du groupe Dernière Rénovation en France qui a interrompu des matchs du tournoi de Roland-Garros, une étape du Tour de France, ou plus récemment un match de Ligue 1. Les militants de Just Stop Oil capitalisent, eux, sur l’aura des œuvres d’art pour se faire entendre : en juin, deux d’entre eux se collaient au cadre d’un Van Gogh conservé à la Collection Courtauld (Londres), puis en juillet à un paysage de John Constable à la National Gallery. « Nous avons bloqué des terminaux pétroliers, nous avons bloqué Downing Street…, mais malheureusement l’économie de l’attention demande plus que cela », justifie Emma Brown, leur porte-parole.
Si Just Stop Oil utilise les musées pour faire la « une » des médias, d’autres activistes écologistes ont investi les institutions culturelles britanniques depuis une décennie, dans l’objectif de mettre fin au mécénat culturel des entreprises pétrolières ou minières. Les actions de ces groupes réunis dans la coalition Art Not Oil ne relèvent pas de la dégradation d’œuvres (ou de son simulacre), mais de l’occupation pacifique et artistique des musées. Ces actions ont porté leurs fruits en contraignant par exemple plusieurs institutions culturelles britanniques à cesser d’entretenir des liens avec British Petroleum (BP). Les activistes d’Art Not Oil militent en ce moment pour l’abandon du mécénat de BP au British Museum, mécène de l’exposition actuelle sur les hiéroglyphes. Les deux groupes militants n’entretiennent pas de lien direct : Art Not Oil n’a d’ailleurs ni partagé ni commenté les actions de Just Stop Oil sur les réseaux sociaux.
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Van Gogh à nouveau la cible de l’activisme écologiste
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°597 du 21 octobre 2022, avec le titre suivant : Van Gogh à nouveau la cible de l’activisme écologiste