Royaume-Uni : les musées nationaux demandent l’arrêt des actes de vandalisme

Le Conseil des Musées nationaux (NMDC) dénonce les actions contre les musées au Royaume-Uni après deux nouveaux actes de vandalisme à la National Gallery. Le Conseil réclame, dans une lettre ouverte, l’arrêt des actions politiques à l’encontre des œuvres d’art. Le directeur du NMDC a exprimé son inquiétude face au danger que représentent les actes de vandalisme pour les œuvres en rappelant les dommages subis par certains tableaux. Le communiqué souligne par ailleurs les effets collatéraux de ces actes qui peuvent « porter gravement atteinte à la réputation des musées britanniques », inquiéter le public et perturber le personnel.

La réaction du Conseil fait suite à deux nouvelles attaques qui ont visé la National Gallery ces dernières semaines. Le 27 septembre, deux tableaux de la série Les Tournesols (1888 et 1889) de Vincent Van Gogh ont été arrosés de jus de tomate par les éco-activistes de Just Stop Oil en réaction à la condamnation de deux jeunes femmes ayant aspergé le premier des Tournesols (1888) en octobre 2022. Le 9 octobre 2024, La Maternité (1901), une peinture de Pablo Picasso exposée dans la salle 43 du musée, a été la cible de deux militants pro-palestiniens. Les activistes l’ont recouverte d’une photographie (prise par le journaliste palestinien Ali Jadallah) représentant une mère gazaouie et un enfant au visage ensanglanté après un récent bombardement israélien. Les militants ont aussi versé de la peinture rouge sur le sol de la galerie peu de temps avant de brandir la photographie.

La revendication de l’action visant La Maternité émane du groupe Youth Demand qui a intimé au gouvernement britannique de mettre fin à la vente d’armes et aux licences pétrolières et gazières accordées à Israël. L’un des deux activistes, Jai Halai (23 ans), un employé du National Health Service (NHS), a déclaré agir « avec Youth Demand parce que cela fait plus d’un an que je vois mes collègues du secteur de la santé décimés », rapporte Museums Association. L’autre militant impliqué, Malachi Rosenfeld (21 ans), un étudiant de confession juive, a expliqué « prendre cette initiative parce qu’en tant que juif, je pense qu’il est de mon devoir de dénoncer le génocide commis à Gaza. » La peinture n’a pas été abîmée, rapporte The Standard.

Le Conseil des Musées nationaux rappelle que la National Gallery a été la cible de cinq actes de vandalisme depuis 2022. Les Tournesols (1888) de Vincent van Gogh ont été aspergés de soupe de tomate en octobre 2022, ce qui a conduit à la condamnation des deux jeunes femmes de Just Stop Oil (Phoebe Plummer et Anna Holland) à plusieurs mois de prison ferme (la peinture protégée par une glace n’a pas été endommagée). La Charrette de foin de John Constable (1821) a été ciblé par deux activistes qui se sont collés au cadre du tableau en juillet 2022 (seuls de légers dommages sur le cadre et le vernis de la peinture ont été constatés). Vénus à son miroir (1647-1651), dite « la Vénus de Rokeby » de Vélasquez, a été attaquée par Just Stop Oil en novembre 2023. Au travers de ces actions, les éco-activistes réclament un changement de politique de la part des galeries et des musées concernant les contrats de financement signés avec les géants du pétrole.

Depuis la guerre à Gaza et le durcissement du conflit, les institutions britanniques commencent à être victimes d’actions de militants pro-palestiniens. Une peinture de Philip Alexium Laszlo, conservée à l’Université de Cambridge, a été lacérée à coups de cutter et aspergée de peinture rouge par Palestine Action en mars 2024, rapporte la BBC. La peinture représente Arthur Balfour, le signataire d’une déclaration de 1917 en faveur de l’établissement d’une colonie juive en Israël.

Les musées du Royaume-Uni ne sont pas les seuls à déplorer une escalade des actes de vandalisme ces dernières années. La Joconde au Musée du Louvre, La Jeune Fille à la Perle de Vermeer (1665) au Musée Mauritshuis à La Haye (Pays-Bas), et Les Meules de Claude Monet (1890) au Musée Barberini à Potsdam (Allemagne), ont été tous trois vandalisés en 2022. Le monde de l’art avait déjà lancé un coup de gueule général la même année, qualifiant ces actes de « contreproductifs » et de « désespérants » .