À Valence, ouverture d’un nouveau centre d’art contemporain

Valence (Espagne). Avec l’ouverture du nouveau centre d’art Hortensia Herrero, Valence se fait une place sur la carte de l’art contemporain. Jusqu’alors seul l’Institut valencien d’art moderne (IVAM) contribuait à la scène artistique contemporaine. Depuis plusieurs décennies, la collectionneuse d’art Hortensia Herrero et son mari Juan Roig, à la tête de la première enseigne de supermarchés espagnole Mercadona, s’emploient à faire rayonner culturellement leur ville natale. Ils ont déjà organisé plusieurs expositions d’envergure avec des artistes tels que Tony Cragg, Manolo Valdés et Ron Arad, offert deux sculptures monumentales de Jaume Plensa à la ville de Vila-Real et contribué à la réhabilitation de nombreux sites patrimoniaux – le dernier projet en date concerne l’Église de Saint-Jean (Valence).

Avec ce nouveau lieu culturel, la Fondation Hortensia Herrero réalise son premier projet en totale autonomie. Ainsi, l’histoire de Valence, de l’époque romaine jusqu’au christianisme, trouve sa place dans une exposition au sous-sol, aux côtés des restes archéologiques découverts lors des travaux de réhabilitation du palais Valeriola racheté en 2015 par la fondation. « Il est certain que ce nouveau musée va avoir un impact culturel pour la ville. À Art Basel Miami, j’ai croisé énormément de galeristes européens qui souhaitaient découvrir ce projet singulier », se félicite Javier Molins, historien d’art et conseiller artistique, nouveau directeur artistique du centre d’art. Depuis son ouverture à la mi-novembre, le lieu enregistre déjà une moyenne de six cents visiteurs par jour.

Construit au XVIIe siècle pour être une habitation, le palais Valeriola a été réhabilité en profondeur durant cinq ans pour un coût global de 40 millions d’euros. De nombreux espaces se sont révélés difficiles à exploiter lors des travaux, de sorte que les architectes de la société Erre, dirigée par Amparo Roig, la fille d’Hortensia Herrero, ont eu l’idée de créer des œuvres in situ. « Nous avons donné carte blanche à six artistes pour qu’ils interviennent sur l’architecture, afin de créer quelque chose d’unique, qui soit seulement visible dans ce centre », explique Javier Molins. Parmi ces artistes, il y a Jaume Plensa, dont ce n’est pas la première collaboration avec la collectionneuse, disposant ses formes dans le hall menant au patio, aux côtés des nuages polychromes de Tomás Saraceno, qui accueillent les visiteurs. Plus loin, les peintures et vitraux de Sean Scully décorent l’ancienne chapelle, le tunnel de Mat Collishaw plonge les visiteurs dans les « Fallas », les grandes fêtes populaires valenciennes, tandis que la forêt de Cristina Iglesias et le tunnel psychédélique d’Olafur Eliasson occupent deux corridors.

Des salles monographiques poursuivent le parcours, d’Anselm Kiefer à Manolo Valdés, et en particulier une grande salle consacrée aux travaux vidéo et avec un iPad de David Hockney. « Lorsqu’Hortensia Herrero apprécie un artiste, elle souhaite avoir plusieurs de ses œuvres pour approfondir son travail. Grâce à l’architecture du palais, qui dispose de nombreuses salles, nous avons pu constituer des salles monographiques pour faire mieux connaître chaque artiste », explique Javier Molins. De nombreuses œuvres sont très récentes, réalisées durant les cinq dernières années, faisant du centre d’art un témoin des tendances actuelles de l’art contemporain. « L’exposition permanente sera fixe pendant au moins un an et demi mais, sur le long terme, nous sommes ouverts à l’organisation d’expositions temporaires », précise-t-il.