États-Unis - Justice

Un collectionneur accusé de financer le Hezbollah dans le collimateur de la justice américaine

Par Louise Wagon · lejournaldesarts.fr

Le 24 avril 2023 - 429 mots

NEW YORK / ÉTATS-UNIS

Nazem Ahmad est suspecté de continuer à blanchir l’argent du Hezbollah libanais sur le marché de l’art.

Nazem Ahmad. Photo courtesy Office of Foreign Assets Control (OFAC)
Nazem Ahmad.
Courtesy Office of Foreign Assets Control (OFAC)

La justice américaine a annoncé le 18 avril, avoir engagé des poursuites contre le collectionneur d’art libano-belge Nazem Ahmad (58 ans) lui reprochant de continuer à blanchir de l‘argent à travers le commerce de diamants et d’œuvres d’art au profit du Hezbollah libanais. En 2019, le département du Trésor avait déjà bloqué les avoirs aux États-Unis de Nazem Ahmad au motif qu’il est l’un des principaux donateurs du Hezbollah dont son chef, Hassan Nasrallah. 

Les procureurs américains pensent que Nazem Ahmad a continué d’acquérir des œuvres d’art par l’intermédiaire de sociétés américaines écran avec l’argent et pour le compte du Hezbollah. Considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis, le parti chiite armé participe cependant depuis 2005 au gouvernement libanais, c’est d’ailleurs l’un de ses membres qui est aujourd’hui ministre de la culture dans l’équipe du Premier ministre Najib Mikati.

L’enquête menée par le bureau du procureur américain à Brooklyn retient que Nazem Ahmad est impliqué depuis 2019 dans l’importation et l’exportation via les États-Unis d’œuvres d’art et de diamants d’une valeur d’environ 440 millions de dollars. Nazem Ahmad aurait également sous-évalué certaines marchandises afin d’échapper aux taxes. 

La justice américaine le soupçonne également d’être impliqué dans le trafic de diamants en Afrique pour le compte de groupes rebelles qui se financent ainsi (« les diamants de sang »). Nazem Ahmed est né en Sierra Léone.

Dans une action coordonnée, les autorités britanniques ont gelé au Royaume-Uni les avoirs de Nazem Ahmad dont « une vaste collection d’art », tandis que les artistes, galeries et maisons de ventes avec qui il faisait affaire ont été interdites de commercer avec lui ou ses six sociétés, y compris la galerie Artual à Beyrouth, dirigée par sa fille, Hind Nazem Ahmad. Celle-ci a vivement réagi auprès du New York Times. Selon elle : « l'idée que son père était un financier du Hezbollah était absurde. Ces allégations ressemblent à un film fantastique de Bollywood et qu'elles découlent de mensonges racontés par des rivaux de [son] père au Liban. »

La police britannique a également arrêté le comptable de Nazem Ahmad, Sundar Nagarajan, à la demande des procureurs américains. Il a comparu devant le tribunal de première instance de Westminster et a été placé en détention provisoire.  

La justice américaine a choisi la date symbolique du 18 avril pour annoncer ses poursuites. C’est en effet le 18 avril 1983 qu’une attaque à la bombe contre l’ambassade américaine à Beyrouth, attribuée au Hezbollah, avait tué 63 personnes.
 

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