Italie - Faux

CONTREFAÇON

Un atelier clandestin de fabrication de faux tableaux découvert à Rome

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · Le Journal des Arts

Le 28 février 2025 - 490 mots

ROME / ITALIE

La police italienne a démantelé un réseau de faussaires et saisi 71 faux tableaux d’artistes des XIXe et du XXe siècles, grâce à une surveillance de sites de vente en ligne.

L'atelier du faussaire à Rome. © Carabinieri TPC - 2025
L'atelier du faussaire à Rome.
© Carabinieri TPC

Italie. Des toiles de Pablo Picasso, de Giacomo Balla, Bernard Buffet, Francis Picabia, Kees Van Dongen ou encore de Rembrandt réunies dans un même endroit aux portes de Rome. Ce n’est pourtant ni la salle d’un musée ni le salon d’un collectionneur mais un atelier clandestin de fabrication de faux tableaux de maîtres. Il a été découvert par le Comando Carabinieri per la Tutela del Patrimonio Culturale (TPC, Commandement des carabiniers pour la protection du patrimoine culturel), une unité de la gendarmerie italienne chargée de la répression du trafic d’œuvres d’art. Une enquête coordonnée par le parquet de Rome avait été ouverte pour surveiller les sites de ventes en ligne en particulier Catawiki et eBay.

Des centaines de toiles aux origines douteuses de peintres essentiellement actifs aux XIXe et XXe siècles ont éveillé les soupçons des forces de l’ordre qui ont fini par remonter à un restaurateur dont l’atelier se trouvait dans le nord de la ville éternelle. Soixante et onze tableaux y ont été découverts, certains terminés, d’autres sur le point de l’être. Le restaurateur se doublait d’un faussaire professionnel parfaitement organisé. Il disposait de tout le matériel nécessaire à son trafic : des centaines de tubes de peinture, des pinceaux de tailles et de qualité différentes, des pochoirs et des toiles divers et variés. À cela s’ajoutaient de faux tampons et cachets à des collections dispersées ou à des galeries qui ne sont plus actives sur le marché de l’art. Tout cet attirail était complété par des documents prouvant les fausses signatures d’artistes ainsi que de fallacieuses déclarations de vente et étiquettes d’expédition. Mais son ingéniosité ne s’exerçait pas uniquement dans la reproduction matérielle des œuvres. « Les catalogues de vente aux enchères étaient copiés en remplaçant l’œuvre originale de l’artiste par des images de la fausse œuvre créée », ont expliqué les carabiniers du TPC. Pour parachever son travail, le suspect possédait même une machine à écrire et du matériel informatique utilisés pour reproduire ou falsifier les certificats d’authenticité des œuvres frauduleuses.

Les enquêteurs cherchent désormais à établir depuis combien de temps durait l’escroquerie et quel a été le montant des profits qu’elle a générés.

C’est un nouveau succès pour le Comando Carabinieri per la Tutela del Patrimonio Culturale qui a démantelé, en novembre dernier, un vaste réseau européen de contrefaçon qui impliquait près d’une quarantaine de suspects dont certains nouaient d’étroits rapports avec plusieurs maisons de vente aux enchères italiennes. Un peu plus de 2 000 fausses œuvres avaient été saisies. Les carabiniers s’appuient dans leur travail sur un atelier créé en 2017 au sein de l’Université Roma Tre pour déceler les œuvres d’art contrefaites, donner leur avis sur l’authenticité et étudier de nouvelles techniques de contrefaçon. Plus d’un millier d’œuvres sont passées sous leurs yeux attentifs.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°650 du 28 février 2025, avec le titre suivant : Un atelier clandestin de fabrication de faux tableaux découvert à Rome

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