Sous le soleil de Mexico

De Diego Rivera, José Clemente… à Gabriel Orozco

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 8 juillet 1998 - 730 mots

Pour apprécier la fertilité de la création artistique mexicaine, de Diego Rivera à Gabriel Orozco en passant par Frida Kahlo, il suffit de visiter les musées du pays et les expositions qui leur sont consacrées dans le monde entier.

MEXICO - L’histoire révolutionnaire du Mexique a vu naître le muralisme monumental sous l’impulsion des “trois grands” : Diego Rivera, José Clemente Orozco et David Alfaro Siqueiros. Pour eux, “le meilleur des mondes” était directement destiné au commun des mortels. Leurs œuvres décoraient autrefois les écoles et les espaces publics à travers le pays ; elles sont aujourd’hui conservées dans les plus grandes collections privées et publiques du Mexique. Le chef-d’œuvre de Rivera, Paysage zapatiste, et d’autres œuvres de jeunesse, celles de Siqueiros du début du XXe siècle sont au Musée national d’art, à Mexico. Les plus belles réalisations d’Orozco au Mexique sont les peintures murales de l’Hospicio Cabañas, à Guadalajara, et les œuvres conservées au Musée Carrillo Gil, dont Le Christ détruisant sa croix (1947). Alvar Carrillo Gil a été l’un des plus importants collectionneurs privés de l’après-guerre.

Très admiré des muralistes, José Guadalupe Posada fut un graveur très populaire au début du siècle. Son œuvre est conservée au Musée de l’Estampe, où est également exposée une impressionnante collection de gravures mexicaines qui annonce l’éclosion d’un modernisme bien ancré dans la culture populaire. Le peintre Rufino Tamayo, un indien Zapotec, était au cœur du mouvement. Appartenant à la même génération que Rivera, il s’est éloigné du Mexique et a vécu à New York pendant plus de dix ans. Il a su marier l’imagerie de la vie mexicaine aux styles de Gauguin, Matisse ou Picasso. Son œuvre et sa collection personnelle d’art moderne sont conservées dans le musée qui porte son nom.

À l’exception de Tamayo, l’expression des émotions revient traditionnellement aux femmes. C’est peut-être ici que réside la différence entre les deux grands artistes de la première moitié du XXe siècle : Diego Rivera et Frida Kahlo. Cette dernière savait exprimer les souffrances de son existence tout en restant fidèle à l’art populaire mexicain. Son œuvre magnifique et ses journaux intimes, qui viennent d’être publiés, sont conservés au Musée Dolores Olmedo, du nom de la célèbre collectionneuse mexicaine. Le surréalisme mexicain doit beaucoup à deux artistes femmes qui ne sont pas nées au Mexique mais y ont vécu toute leur vie : Remedios Varo et Leonora Carrington, dont les œuvres les plus fortes sont au Musée d’art moderne de Mexico.

Gabriel Orozco à Paris
Le Mexique a une longue tradition de photographie. Manuel Alvarez Bravo est considéré comme le Cartier-Bresson mexicain. Ses images hypnotiques de la vie quotidienne sont conservées au Centre culturel d’art contemporain, qui prévoit une rétrospective pour le printemps 1999.

L’art contemporain mérite autant d’attention que le riche passé mexicain.  La peinture dite “néo-mexicaine” de Nahum Zenil et Julio Galán atteint son apogée à la fin des années quatre-vingt. Leurs motifs exotiques très colorés rendent hommage à l’œuvre poétique de Frida Kahlo. Avec l’explosion du marché de l’art mexicain, les peintures de Zenil et Galán sont devenues les symboles de l’identité culturelle officielle du pays. Cependant, certains artistes d’avant-garde, qui sont souvent des étrangers venus s’installer au Mexique, tels le Belge Francis Alyss – auquel le Musée d’art moderne de Mexico consacrera une exposition du 26 novembre 1998 au 15 mars 1999 –, le Texan Thomas Glassford et la Chilienne Eugenia Vargas, se sont lancés dans l’expérimentation de supports combinés, en se servant d’objets usagés pour refléter la vie de la rue.

Des artistes mexicains expatriés comme Gabriel Kuri (de retour au Mexique après un long séjour à Londres), Ruben Ortiz (à Los Angeles), et Gabriel Orozco (à New York) – actuellement exposé au Musée d’art moderne de la Ville de Paris jusqu’au 13 septembre – utilisaient eux aussi des objets représentatifs de leur nouvel environnement culturel. Une scène artistique alternative s’est développée au même moment avec La Panaderia (une vieille boulangerie), spécialisée dans les arts combinés, le cinéma et les concerts de rock – la rock star Miguel Calderón en est l’un des membres fondateurs.

Pour le compte d’Art & Idea, Gabriel Orozco vient de monter une exposition dans laquelle il expose sa vision de la scène contemporaine. Elle se tient en juillet et août, et part à la découverte d’un Mexico imaginaire, avec des œuvres de jeunes designers, d’artistes et de publicitaires imitant des panneaux d’affichage.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°64 du 8 juillet 1998, avec le titre suivant : Sous le soleil de Mexico

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