L’année 1998 sera riche en événements culturels en Colombie, avec la tenue de deux biennales, l’une cet été, l’autre à l’automne, et l’organisation d’un programme dense de salons et d’expositions.
BOGOTA - La Colombie est sans doute le seul pays au monde où bibliothèques, galeries et musées répartis dans tout le pays sont gérés par la Banque centrale. Santa Fe de Bogotá, la capitale, abrite la Bibliothèque Luis Arango, administrée par la Banque centrale depuis 1939 comme vingt-quatre autres centres dans différentes villes du pays, dans le cadre d’un programme pour la promotion et le développement de la culture colombienne. Le département des Arts visuels, qui organise chaque année plusieurs expositions, est à l’origine du célèbre programme Angel Arango International Lecture. Catherine David, commissaire de la Documenta X 1997, a y donné une conférence en février, et Andre Soll est invité en septembre. Avec les expositions “Nouveaux Noms”, qui se tiendront du 12 au 16 août et du 28 octobre au 20 décembre, la Bibliothèque assure la promotion de jeunes artistes qui peuvent ainsi donner un élan à leur carrière. Elle abrite également une collection permanente de plus 2 500 œuvres, qui ne cesse de croître. Commencée en 1957, elle comprend notamment des œuvres des grands noms du renouveau de l’art moderne colombien à la fin des années cinquante, tels Fernando Botero et sa prise de position contre le classicisme et l’impressionnisme, ou Enrique Grau et son réalisme tranquille.
Le ministère de la Culture joue également un rôle important dans le pays. Depuis cinquante-huit ans, il organise le Salón Nacional de Artistas, biennal, qui se tient cette année du 16 juillet au 17 août. Le thème choisi est “mémoire et identité à l’aube du XXIe siècle”. Il accueillera près de 130 artistes distingués dans plusieurs salons régionaux au cours de l’année passée. Le jury international, composé de Gary Hill, Dennis Oppenheim et du critique d’art et conservateur argentin Carlos Basualdo, sélectionnera deux lauréats qui recevront chacun un montant équivalent à 150 000 francs. Ce salon, véritable creuset artistique du pays, permet aux artistes émergents d’accéder à la scène internationale, puisque leurs œuvres sont ensuite présentées dans d’autres grandes manifestations, telles que les Biennales de Venise et de São Paulo.
Biennale de Bogotá
En novembre, se tiendra la Biennale de Bogotá. Organisée par le Musée d’art moderne, elle permet d’évaluer la santé artistique du pays. Elle prendra cette année une dimension internationale et investira divers espaces publics et privés à travers la ville : des manifestations sont prévues dans le quartier Egipto, pauvre et populaire, situé en plein centre, et celui historique de Candelaria, plus touristique. Le prix de la Biennale 1996 avait couronné José Alejandro Restrepo, qui avait déjà remporté le prix du Salón. Ses installations vidéo traitent de l’histoire de la Colombie et montrent comment, poussé par des desseins politiques, le mythe entre dans l’histoire. Restrepo est aujourd’hui un artiste de renommée internationale. Ses travaux les plus récents seront exposés en septembre à la galerie Valenzuela & Klenner, et il participera à une exposition collective, “Paysage public/privé”, au Dortmunder Kunstverein, en Allemagne, du 21 août au 14 octobre.
Le Musée d’art moderne de Bogotá propose également un programme intéressant, avec notamment ce mois-ci une exposition consacrée à Antonio Caro, l’un des premiers artistes conceptuels colombiens. Ses cocktails explosifs de Pop art et de politique associent par exemple le mot “Colombie” et le logo de Coca-Cola, fine allusion à l’influence américaine sur la vie et la politique du pays.
Medellín est un autre centre important, également célèbre pour ses barons de la drogue et ses vendettas sanglantes. Le Salón Rabinovich – créé en 1982 par la famille d’un mécène – assure la promotion de jeunes artistes colombiens. La manifestation, qui aura lieu en octobre et novembre, lance chaque année de nouvelles propositions sur la scène artistique.
La Colombie a la chance de disposer de l’infrastructure nécessaire au développement de son riche potentiel. Victimes des troubles politiques et sociaux qui pèsent sur le pays depuis plusieurs années, les artistes contemporains parlent de la réalité colombienne en s’inspirant des souffrances de leur nation.
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Foisonnement colombien
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°64 du 8 juillet 1998, avec le titre suivant : Foisonnement colombien