Un aperçu du programme culturel de l’alliance des gauches, si celle-ci remportait les élections législatives et portait « JLM » à Matignon.
Paris. Les grandes formations de gauche ont signé un accord électoral en vue des élections législatives des 12 et 19 juin prochain sous l’étiquette de la « Nouvelle Union populaire écologique et sociale ». L’accord entre le Parti socialiste et La France insoumise (LFI) reprend une promesse de cette dernière visant à augmenter le budget de la Culture à 1 % du PIB, soit 25 milliards d’euros, alors que le budget de la mission Culture est de 3,5 milliards d’euros annuels. Comment la Nouvelle Union populaire va-t-elle financer cette multiplication par sept du budget si elle est amenée à la tête du gouvernement ? Cela n’est précisé ni dans la plateforme interpartis ni dans le programme de La France insoumise.
En revanche, le programme de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle donne quelques indications sur la façon dont il pourrait dépenser ces 21,5 milliards d’euros en plus. Celui-ci entend d’abord « abolir tous les privilèges fiscaux liés au mécénat culturel ». Le gouvernement ne communique plus sur la dépense fiscale liée au mécénat culturel et publie seulement le montant de la réduction de l’impôt sur les sociétés pour des versements en faveur de l’achat de trésors nationaux : 10 millions d’euros en 2022.
Jean-Luc Mélenchon compte ensuite étendre la gratuité dans tous les musées. Tous ? Si elle ne devait concerner que les musées nationaux, cette mesure coûterait environ 300 millions d’euros de compensation, avec un effet d’aubaine pour les touristes venant visiter le Louvre. Accessoirement, LFI souhaite réintroduire une forme de contrôle sur les prix en « encadrant les tarifs abusifs des lieux privés », sans précision sur ce que serait un prix abusif. Mais cette mesure ne coûterait rien au budget de l’État.
Une mesure susceptible d’absorber ces 21,5 milliards d’euros serait la construction de « grands travaux » « culturels pour abroger les inégalités territoriales ». Mais même en édifiant chaque année une dizaine de Mucem (dont le coût faramineux s’était élevé à 190 millions d’euros), une vingtaine de musées équivalents à Narbo Via (60 M€) ou une centaine d’extensions telle celle du Musée d’art moderne de Céret (7,5 M€), on atteindrait à peine 4 milliards d’euros.
D’autres promesses, non chiffrées, seraient cependant en mesure de profiter de cette manne. Par exemple : « étendre le régime des intermittents du spectacle aux professions culturelles et événementielles discontinues comme les guides-conférenciers ». Le régime des intermittents, qui coûte environ 1 milliard d’euros chaque année, bénéficie à 240 000 personnes. Il y a en France environ 1 300 guides-conférenciers. Mais si ce régime était étendu aux artistes (sur quels critères ?), les coûts pourraient s’envoler. De même que pourraient s’envoler les coûts d’un « plan de formation et de recrutement d’emplois culturels de proximité, notamment à destination des jeunes ».
En tout cas, une telle générosité permettrait d’assurer la seule mesure inédite de la Nouvelle Union populaire, la sanctuarisation des dotations sur cinq ans. Cet engagement, pour utile qu’il soit, se révélerait cependant particulièrement contraignant si, pour une quelconque raison, le gouvernement Mélenchon devait, comme sous le gouvernement Mauroy en 1983, prendre le tournant de la rigueur.
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Si Jean-Luc Mélenchon était Premier ministre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°589 du 13 mai 2022, avec le titre suivant : Si Jean-Luc Mélenchon était Premier ministre