Spécial Covid-19

Rétrospective 2020 : une année sous l’emprise du Covid

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 28 décembre 2020 - 3580 mots

MONDE

Cette année de pandémie restera à jamais dans les esprits des contemporains et les annales des historiens. La crise sanitaire et économique est si violente, si globale, et surtout si nouvelle qu’elle emporte tout sur son passage rendant presque dérisoires les 14 autres temps forts de l’année. 

Masque de protection sur un tapis de billets de 100 dollars. © Photo Jernej Furman, 2020
Masque de protection sur un tapis de billets de 100 dollars.
8 décembre - Le Covid-19 a déjà tué 1,5 million de personnes dans le monde

Comment résumer l’histoire en marche quand précisément elle n’est pas terminée ? Comment prendre du recul sur la pandémie et ses conséquences quand le monde entier vit encore un semi-confinement, mais connaît aussi l’espoir d’une sortie de crise avec les premières campagnes de vaccination ? Comment appréhender une situation inédite, exceptionnelle – les mots sont usés – pour décrire un événement unique dans l’histoire de l’humanité ?

Depuis le signalement de plusieurs cas de pneumonie à Wuhan en Chine en décembre 2019, les faits se sont déroulés avec une telle rapidité que la mémoire en perd la trace. Le régime autoritaire chinois compte d’ailleurs sur cette amnésie pour faire oublier les multiples manquements qui ont accompagné le début de l’épidémie. 24 janvier : confirmation des premiers cas d’un nouveau virus en France. 8 février : premier foyer épidémique en Haute-Savoie. 29 février : interdiction des rassemblements de plus de 5 000 personnes en espace clos, rassemblements réduits à 1 000 personnes, puis à 100… 9 mars  : toute l’Italie est confinée. 17 mars : c’est au tour de la France comme de nombreux autres pays d’interdire les déplacements à moins d’une raison impérieuse. 11 mai : déconfinement progressif. 10 juillet : fin de l’état d’urgence sanitaire. 27 août : reprise de l’épidémie en France et port obligatoire du masque dans les lieux fermés. 14 octobre : mise en place d’un couvre-feu en Île-de-France et dans plusieurs grandes villes. 30 octobre : nouveau confinement mais moins strict qu’en mars. 28 novembre : début du déconfinement en France. 2 décembre : le Royaume-Uni autorise le vaccin Pfizer/BioNTech.

« Confinement », « couvre-feu », « masque », « télétravail », « écouvillon », « gestes barrières », la pandémie a rendu familiers des mots d’un autre temps ou d’un autre registre. Elle aussi fait émerger des termes ou acronymes nouveaux : « présentiel », « distanciel », « distanciation », « Zoom » (application de visioconférence), « PGE » (prêt garanti par l’Etat). Très rapidement, les penseurs ont commencé à imaginer le « monde d’après ». Car à l’inverse des situations de guerre où l’urgence est de se mettre en sécurité et de se nourrir, une grande partie de la population vit la crise chez elle, sans problème d’approvisionnement en nourriture, ultra-connectée avec le monde grâce à Internet et aux réseaux sociaux. Tandis que d’autres sont en première ligne pour soigner, produire, faire marcher les commerces essentiels, ou tout simplement payer ses dépenses essentielles et tenir psychologiquement. Mais tous pleurent leurs morts : 54 000 en France et 1,5 million dans le monde.

Le monde de la culture est particulièrement affecté par la crise. À commencer – dans le champ couvert par Le Journal des Arts –, par les foires et salons. ArcoMadrid et l’Armory de New York ont été les dernières foires d’art à se tenir à la fin de l’hiver dernier. Un timide relâchement des mesures de restriction a permis en France à Art Paris et à quelques foires « off » de la Fiac de se tenir en septembre et octobre, avant que le couvercle ne se referme. Les musées ont pu rouvrir en France durant tout l’été, avec une fréquentation étonnante sauf pour les établissements parisiens, pénalisés par l’absence de touristes étrangers. Contraints de fermer leurs portes depuis le 30 octobre, ils devraient rouvrir à partir du 15 décembre.

Le marché de l’art a lui aussi fait le yo-yo au rythme des confinements et déconfinements successifs, à ceci près qu’il a pu garder un peu d’activité grâce aux plus nombreuses ventes en ligne. Il faudra attendre 2021 et les bilans annuels pour prendre réellement la mesure des ventes réalisées à distance.

Mutatis mutandis, en France les aides d’urgences ont permis au monde culturel de tenir, avec des disparités : le secteur public, protégé par son statut et ses subventions, préserve l’essentiel (les emplois), tandis que le secteur privé jongle avec les aides, les exonérations ou reports de charges, les prêts, le chômage partiel, en tentant de limiter les licenciements et d’éviter la faillite. Les indépendants, et en premier lieu les artistes, sont particulièrement exposés sans que l’on sache exactement jusqu’à quel point. Il faut reconnaître à l’exécutif d’avoir su donner corps au fameux « Quoi qu’il en coûte ! » et commencé à préparer l’avenir avec les divers plans de relance. Il lui faut avancer sur le chemin de crête étroit entre ces deux impératifs : protéger la santé des Français et soutenir l’économie. À suivre…

18 février - Franck Riester présente son plan « artistes-auteurs »

Paris. Le tempo initial était pourtant rapide, mais la crise a appuyé sur le bouton « pause » du plan d’action en faveur des artistes-auteurs. Remis officiellement au ministre le 22 janvier, le rapport de Bruno Racine (ex-président de la Bibliothèque nationale de France et du Centre Pompidou) a inspiré bon nombre de mesures annoncées par le ministre de la Culture Franck Riester et aujourd’hui suspendues. Ainsi en est-il des deux mesures phares visant à organiser une profession peu structurée et « instaurer un cadre pérenne de négociations » : des élections professionnelles et la création d’un « conseil national des artistes-auteurs », lesquelles devaient intervenir avant la fin de l’année. Ainsi en est-il également des décrets permettant de faciliter l’accès à la protection sociale par la prise en compte d’activités annexes à la vente d’œuvres. Entre-temps le ministère a dû recentrer son action et apporter un soutien exceptionnel aux artistes à travers des aides financières et commandes artistiques.

24 février - L’exposition « Léonard de Vinci » établit un record de fréquentation

Paris. L’histoire retiendra que la dernière exposition « blockbuster » du « monde d’avant » a été celle du Louvre à l’occasion du 500e anniversaire de la mort du génie de la Renaissance. Au terme de 104 jours d’ouverture dont trois non-stop – nuit comprise –, « Léonard de Vinci » a attiré 1,07 million de visiteurs. C’est un peu moins que le 1,42 million de visiteurs accueillis pour « Toutankhamon » à la Villette en 2019, mais c’est deux fois plus que le précédent record du Louvre, l’exposition « Delacroix ». Malgré des lieux peu adaptés à la foule et des tableaux qui manquaient à l’appel, Léonard de Vinci est un « bon client ». On se souvient que le gouvernement italien de l’époque avait tergiversé sur ses prêts. Bon prince, le musée parisien n’a pas hésité à prolonger ses prêts de tableaux de Raphaël pour l’exposition romaine du peintre qui devait ouvrir en mars et a finalement été inaugurée trois mois plus tard.

25 mai - La mort de George Floyd relance le mouvement Black Lives Matter

États-Unis. Le slogan « BLM » (« Black Lives Matter », « Les vies noires comptent ») est devenu le « #meetoo » de l’antiracisme. Créé en 2013, il a été réactivé à la suite de la mort d’un homme afro-américain à Minneapolis (Minnesota) sous le genou d’un policier blanc. Il est aujourd’hui le porte-étendard d’un vaste mouvement de manifestations, protestations, débats, et aussi parfois de destructions, aux États-Unis et en Europe (en Grande-Bretagne surtout). Spontanément, de nombreux artistes ont créé des affiches dénonçant le racisme et les violences policières envers les Noirs ou inscrit les trois lettres « BLM » en jaune dans les rues. Puis des statues de personnages historiques accusés d’être des esclavagistes ou des colonialistes (Christophe Colomb) ont été vandalisées ou abattues, un déboulonnage effectué parfois par les autorités elles-mêmes. Plusieurs musées ont plus ou moins spontanément revu leurs accrochages, jugés trop complaisants à l’égard de l’esclavagisme ou du colonialisme, ou annoncé une meilleure prise en compte de la diversité dans leurs accrochages. D’autres ont remis en question le comportement de certains conservateurs. Après l’émotion et l’effervescence, il reste maintenant à documenter plus précisément toutes ces initiatives et à en peser le poids.

28 juin - Patrick de Carolis remporte la mairie d’Arles

France. Plusieurs représentants de la culture sont sortis vainqueurs d’élections municipales fortement perturbées par la pandémie (le premier tour s’est tenu en mars, le second tour le 28 juin). C’est notamment le cas de l’ancien patron de France Télévisions puis du Musée Marmottan Monet à Paris, Patrick de Carolis, qui a ravi la municipalité d’Arles à l’héritier du précédent maire. C’est aussi le cas de l’ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon qui figure dans la liste des conseillers municipaux de la petite ville de Plougasnou (2 800 habitants), dans le Finistère. La maire lui a confié une délégation pour… l’attractivité de la cité bretonne. Franck Riester a été élu dès le premier tour à Coulommiers (Seine-et-Marne), dont il a laissé la Mairie à Laurence Picard. À Perpignan, la liste Rassemblement national emmenée par Louis Aliot s’est installée à l’hôtel de ville, non sans inquiéter le monde culturel local, à commencer par le festival de photojournalisme Visa pour l’image – que le nouveau maire a promis de soutenir.

6 juillet - Roselyne Bachelot nommée au ministère de la Culture

Paris. Roselyne Bachelot a été avec Éric Dupond-Moretti, et bien sûr Jean Castex, l’une des surprises du remaniement ministériel estival. À l’instar de son prédécesseur qui avait « usé » trois ministres à la Rue de Valois, Emmanuel Macron a nommé trois titulaires en trois ans. Mais contrairement à François Hollande, il s’est résolu à choisir, sur proposition de son Premier ministre, une forte personnalité, connue pour son intérêt pour la culture, en l’occurrence l’art lyrique. Il faut dire qu’avec la crise liée au Covid-19 le secteur culturel est particulièrement exposé et a besoin de se sentir soutenu. À défaut de gagner tous ses arbitrages, la ministre monte au front et sait le faire savoir. À son crédit, des mesures sectorielles de soutien et un plan de relance plutôt solide. Partie de haut, sa cote de popularité (47 %) mesurée par l’institut Ipsos s’érode logiquement, compte tenu de la situation, mais reste élevée (42 %).

9 juillet - Emmanuel Macron décide de reconstruire Notre-Dame à l’identique

Paris. Alors que les travaux de restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris ravagée par un incendie le 15 avril 2019 ont repris après l’interruption due au premier confinement, le président de la République a tranché en faveur d’une reconstruction à l’identique. S’il avait envisagé un « geste architectural », il s’est rangé à l’avis de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture qui a approuvé les propositions de l’architecte en chef des Monuments historiques Philippe Villeneuve : la flèche de Viollet-le-Duc, qui date du XIXe siècle, mais aussi la charpente (en bois) et la toiture seront reconstruites dans un esprit aussi proche que possible de l’original. Ce scénario, le plus consensuel, est aussi celui qui permet de tenir l’engagement de restauration pour 2024. Plus récemment, la ministre de la Culture a refusé toute proposition de vitraux contemporains, un temps évoqués par le diocèse. Roselyne Bachelot a fait cette déclaration le 24 novembre, lors de la partie finale et délicate du démontage de l’ancien échafaudage sur le toit qui menaçait dangereusement la stabilité de l’édifice.

Du côté de l’enquête, la cause précise de l’incendie reste toujours inconnue et le parquet de Paris continue à privilégier la piste accidentelle. Ce qui n’est pas le cas de l’incendie de la cathédrale de Nantes survenu le 18 juillet et qui a sérieusement endommagé le grand-orgue et quelques tableaux : celui-ci a bel et bien été allumé par un bénévole de la cathédrale.

Enfin, à l’automne, la Cour des comptes a créé une petite polémique en demandant que les coûts de fonctionnement ne soient pas financés par les dons. Réponse ferme de la ministre : « La maîtrise d’ouvrage fait partie des travaux de conservation de Notre-Dame, et n’est pas détachable du reste des tâches. » À ce jour, les dons et promesses de dons s’élèvent à 900 millions d’euros.

10 juillet - La basilique Sainte-Sophie reconvertie en mosquée

Istanbul. Dans la foulée d’une décision du Conseil d’État turc, révoquant le statut de « musée » pour la basilique, Recep Tayyip Erdogan annonce l’ouverture prochaine des lieux aux prières musulmanes. Les premières prières sont intervenues le 24 juillet en présence du président turc. La basilique byzantine avait été transformée une première fois en mosquée lors de la prise de Constantinople en 1453, avant qu’elle ne devienne un musée en 1934. La basilique reste ouverte aux visiteurs en dehors des heures de prière. Il est vrai que, avec 3,8 millions de visiteurs, c’est le lieu le plus visité en Turquie. Cette décision a provoqué de nombreuses réactions d’indignation et de colère, particulièrement en Grèce où la basilique a une résonance émotionnelle particulière. Elle s’inscrit dans la stratégie délibérée du président turc d’apparaître comme un homme fort dans le monde musulman et dans la région, n’hésitant pas à s’en prendre à la laïcité française et à soutenir directement l’Azerbaïdjan dans sa guerre contre l’Arménie.

10 juillet - La démocratisation culturelle fait du surplace

Paris. Parmi les milliers de chiffres du lontemps attendu rapport sur les pratiques culturelles des Français – une enquête réalisée régulièrement depuis 1973, la dernière remontant à 2008 –, deux sont très préoccupants. Le premier, le pourcentage de Français ayant visité au moins une fois un musée ou une exposition en 2018, est quasiment le même qu’il y a cinquante ans : 29 %. Le second : les cadres sont 2,5 fois plus nombreux à avoir visité un lieu patrimonial que les ouvriers et employés ; ce chiffre n’était que de 1,5 en 1973. La ministre qui venait d’être nommée au moment où ce rapport a été publié a bien pris garde de ne pas commenter ce constat qui malmène tous ses prédécesseurs, lesquels ont fait de la « culture pour tous » l’axe, sinon de leur politique, du moins de leur communication. Elle a toutefois confirmé la création d’une nouvelle direction au sein de son ministère qui doit spécifiquement porter ce chantier de la démocratisation culturelle.

10 juillet - James Murdoch au secours du propriétaire d’Art Basel

Bâle (Suisse). Déjà fragilisé par des investissements coûteux et une baisse du chiffre d’affaires (CA) de son fleuron, le salon d’horlogerie Baselworld, MCH Group, qui détient et organise les différentes éditions de la foire d’art moderne et contemporain Art Basel, est frappé de plein fouet par la pandémie et les annulations de foires. Le CA du premier semestre a été plus que divisé par deux (122 millions de francs suisses, soit 113 M€), entraînant une perte de 24 millions de francs suisses (22 M€). Devant en urgence trouver de l’argent frais, le groupe a annoncé une augmentation de capital et l’arrivée de James Murdoch en tant qu’actionnaire de référence ; ce dernier pourra détenir via sa compagnie Lupa Systems jusqu’à 49 % de MCH Group. James Murdoch est le fils cadet du magnat des médias Rupert Murdoch, propriétaire de la chaîne de télévision Fox News. Lors de l’assemblée générale extraordinaire du 27 novembre, les actionnaires ont approuvé à plus de 96 % les propositions du conseil d’administration.

28 septembre - Un budget de la culture historique pour 2021

Paris. Ce n’est pas le doublement du budget de la Culture décidé en 1982, mais, avec une hausse de plus de 22 %, le projet de budget 2021 (+ 4,6 % hors annuité du plan de relance) pour la mission Culture va rester dans les annales pour s’établir à 3,76 milliards d’euros. Il est vrai qu’une bonne partie de la hausse provient du plan de relance et va servir à combler les pertes d’exploitation 2020 et 2021 de la plupart des opérateurs du ministère. À commencer par les grands musées parisiens qui vont recevoir 232 millions d’euros à eux seuls. Le patrimoine est le mieux doté avec une hausse de 40 % de ses crédits de paiement. Le président en a profité pour donner un coup d’accélérateur (100 M€) à la restauration du château de Villers-Cotterêts (Aisne), qui doit devenir la « Cité internationale de la langue française » à l’horizon 2022. Le budget des arts visuels augmente de 18 % (hors plan de relance), une bonne partie de la hausse va financer les nouveaux locaux du Cnap (Centre national des arts plastiques). Le Pass culture n’est pas abandonné et sa dotation budgétaire est même de 59 millions d’euros pour une généralisation prévue en 2021. Les sénateurs ont approuvé le budget 2021 sauf celui du Pass culture.

28 septembre - Les travaux du Grand Palais revus à la baisse

Paris. C’est par un simple communiqué à l’AFP que la ministre de la Culture a indiqué que les travaux du Grand Palais seront considérablement réduits. Exit la création en sous-sol d’une vaste plateforme logistique et l’ouverture d’une « rue » qui devait traverser le bâtiment. Restent la mise aux normes de sécurité et l’aménagement de la nef afin d’augmenter sa jauge. Paradoxalement, le budget de 466 millions d’euros n’est pas diminué. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui a poussé l’État à revoir ses plans : il était fort probable que l’enveloppe allait « exploser ». L’autre raison étant le risque de ne pas pouvoir achever le chantier avant les JO de 2024. La suppression de la plate-forme logistique qui devait permettre une rotation plus rapide des manifestations, et donc augmenter les recettes, met cependant à mal l’équation financière : comment dégager suffisamment de bénéfices pour rembourser les annuités de l’emprunt de 150 millions d’euros ? Rappelons que le bâtiment avait déjà été fermé pendant douze ans (de 1993 à 2005) pour des travaux de consolidation des fondations et de la verrière, ce pour un coût actualisé de 80 millions d’euros.

3 octobre - Venise : et les digues arrêtèrent la marée !

Venise. Ce 3 octobre 2020 restera dans la mémoire des Vénitiens. Alors que la marée devait être supérieure au seuil d’alerte, le système de digues qui avait été testé l’été précédent a montré son efficacité : les pieds des marcheurs de la place Saint-Marc sont restés au sec. Imaginé en 1966 après une acqua alta dramatique, lancé en 1987, le Mose (« Moïse » en italien ; Mose pour « Module expérimental électromécanique ») a vu ses travaux commencer en 2003 pour se terminer en juillet 2019. Le dispositif consiste en 78 digues flottantes qui se lèvent (en trente minutes) et ferment la lagune sur les trois passes ouvertes sur la mer Adriatique, empêchant la montée des eaux. Ces travaux pharaoniques, maintes fois retardés, ont coûté cher : 7 milliards d’euros. Il y avait urgence, le nombre d’acque alte ne cessait d’augmenter (146 depuis l’an 2000), leur ampleur aussi, notamment la dernière en novembre 2019, fragilisant gravement de nombreux édifices.

7 novembre - Joe Biden sera le 46e président des États-Unis

États-Unis. Après comptage et recomptage des votes dans les États-clés, le candidat démocrate a gagné suffisamment de « grands électeurs » pour être désigné vainqueur par le collège électoral le 14 décembre face à Donald Trump, avant l’investiture officielle le 5 janvier 2021. Le changement d’administration ne va pas modifier grand-chose à la politique culturelle fédérale : il n’y en a pas ou très peu. Aux États-Unis, la culture est largement privatisée ou financée par des mécènes. On peut tout au plus supposer que les jours du National Endowment for the Arts (NEA) seront moins agités que sous le précédent mandat. Il est même probable que Joe Biden continue à adopter une position ferme vis-à-vis de la Chine – mais avec plus de diplomatie que le président républicain – et brandisse lui aussi la menace d’augmenter les taxes douanières sur les œuvres d’art.

Le changement le plus important se situe sur le registre des symboles et de l’image. La communauté artistique américaine s’est trouvée humiliée par les grossièretés, les foucades et les décisions à l’emporte-pièce de Donald Trump. La personnalité rassurante d’un Biden vieillissant (78 ans) et plus encore la jeunesse et les origines ethniques métissées de Kamala Harris, la future première femme vice-présidente, renvoient une image plus flatteuse de l’Amérique qui va soulager le monde culturel américain.

19 novembre - La loi relative au retour de biens culturels au Bénin et au Sénégal s’enlise

Paris. Le projet de loi déposé le 16 juillet dernier qui autorise la restitution au Bénin de 26 objets provenant d’Abomey et conservés au Musée du quai Branly, et au Sénégal d’un sabre, comprend seulement deux articles. Pourtant députés et sénateurs ne se sont pas accordés sur un texte commun lors de la discussion en commission mixte paritaire. Tous étaient d’accord sur le principe de ces « restitutions » et les députés avaient même accepté que l’on remplace justement le mot « restitution » par celui de« retour », à la demande des sénateurs. Mais le blocage vient d’un article 3 ajouté par les sénateurs et visant à créer un « conseil national de réflexion sur la circulation et le retour d’œuvres d’art extra-occidental », un conseil que les députés jugent inutile. In fine, la loi sera votée et l’engagement du président Macron pris à Ouagadougou (Burkina Faso) sera respecté. Mais ce débat montre combien le sujet est sensible et à quel point il est politisé.

1er janvier 2021 - Les frontières avec le Royaume-Uni sont rétablies

Londres. À moins d’une nouvelle période transitoire de quelques mois, le Royaume-Uni a définitivement quitté l’Union européenne, quatre ans et demi après avoir dit « oui » lors du référendum sur le Brexit. Le Royaume-Uni avait déjà quitté les instances politiques de l’Union européenne (UE) le 1er février 2020, ce que n’avaient pas manqué de célébrer les partisans du Brexit. Dans les faits, pour les entreprises, les voyageurs, les résidents, cela n’avait pas changé grand-chose, grâce à l’accord de divorce signé à la dernière minute. Mais cette fois, nonobstant une éventuelle prolongation, les frontières seront bel et bien rétablies. Et si les négociateurs ne s’entendent pas sur les futures relations commerciales entre l’UE et le Royaume-Uni, toutes les formalités douanières seront rétablies. D’ores et déjà il est acté qu’il faudra un visa pour étudier, vivre ou travailler en Grande-Bretagne pour une durée au-delà de six mois.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°557 du 11 décembre 2020, avec le titre suivant : Une année 2020 sous l’emprise du Covid-19

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