FRANCE
Investir aujourd’hui pour mieux rouvrir demain : porté par le plan de relance, le CMN fait du « rebond » son maître mot, avec la reprise, voire l’achèvement, des grands chantiers prévus initialement en 2020. Sa situation financière reste cependant incertaine, faute de ressources propres depuis plusieurs mois.
France. 2020 aurait dû être une année phare pour le Centre des monuments nationaux (CMN), avec l’aboutissement de projets d’envergure. C’était sans compter sur la crise sanitaire qui est venue couper court aux ambitions de l’opérateur national, mettant ses chantiers à l’arrêt et l’obligeant à reporter des événements très attendus.
La fermeture des monuments nationaux une grande partie de l’année ainsi que l’absence de touristes étrangers ont inévitablement affecté la fréquentation, qui s’est établie à 3,5 millions de visiteurs – bien loin des chiffres des années précédentes, avoisinant les 10 millions de visiteurs. Une baisse de fréquentation qui a une répercussion directe sur les finances du CMN, dont les ressources propres (billetterie, mécénat, locations d’espaces…) ont chuté, de même que son taux d’autofinancement, passé de 85 % en 2019 à 41 % en 2020. « Aujourd’hui, le CMN ne fonctionne normalement que grâce à une subvention exceptionnelle d’équilibre de 50 millions d’euros accordée dans le cadre du plan de relance », a expliqué le 9 février le président du CMN, Philippe Belaval.
À court terme, le CMN entend bien ne pas passer à côté de 2021, misant sur sa capacité à « rebondir » en tirant parti des grands projets de 2020 reportés. Au premier rang desquels l’ouverture de l’hôtel de la Marine, qui interviendra en avril si les conditions le permettent. Un nouveau site qui ambitionne, hors crise sanitaire, de recevoir 600 000 à 700 000 visiteurs par an, dont de nombreux touristes étrangers. De même, l’empaquetage de l’Arc de triomphe par Christo, initialement prévu à l’automne 2020, devrait avoir lieu en septembre. Un projet au rayonnement international dont on estimait avant la pandémie qu’il pouvait attirer jusqu’à 5 millions de visiteurs sur deux semaines ; Philippe Belaval continue de défendre sa pertinence malgré un contexte où le public étranger risque de manquer à l’appel.
Réfutant l’idée que ce type d’événement appartient à l’« ancien monde », son président explique que le CMN va devoir instaurer une nouvelle relation avec le public de proximité, « dont la question de la fidélisation se pose de manière aiguë. Ces manifestations sont autant de raisons de revoir des monuments que l’on a déjà vus et d’approfondir sa connaissance de ce que l’on croit déjà connaître ». Le CMN a toutefois réservé une partie de son budget à l’organisation d’événements de moindre envergure, en circuit court, pour célébrer la réouverture des monuments et montrer « qu’ils peuvent contribuer à la vie culturelle des territoires ».
Le Centre est largement aidé par le plan de relance, bénéficiant de 140 millions d’euros sur les 614 millions à avoir été fléchés sur le patrimoine. De cette somme, le CMN compte bien faire bon usage. Fin février, « 60 % de ces crédits auront déjà été engagés », précise Philippe Belaval. Plus des deux tiers sont dévolus au chantier du château de Villers-Cotterêts (Aisne), future « Cité internationale de la langue française ». Cette enveloppe de 100 millions d’euros supplémentaires doit permettre à ce grand projet présidentiel d’ouvrir comme prévu en avril 2022, avant la fin de la présente mandature.
Les 40 millions restants sont répartis entre 14 chantiers s’échelonnant jusqu’en 2023, à l’exemple de la restauration des façades et toitures de la Merveille du Mont-Saint-Michel et du château de Pierrefonds (Oise), des façades du palais du Tau à Reims, des remparts de Carcassonne, mais aussi de la création d’un ponton au château d’If de Marseille. Le plan de relance a permis de donner un coup d’accélérateur au programme d’investissement et de boucler des budgets de restauration dont les dossiers étaient déjà prêts. Un apport financier appréciable pour le CMN, qui lui permet d’engager d’autres projets d’envergure comme la restauration de la Sainte-Chapelle à Paris, préfigurant la création d’un parcours de visite commun avec la Conciergerie qui doit voir le jour avant la fin de la décennie.
Néanmoins, le plan de relance « ne règle pas la question de 2021 », concède Philippe Belaval. Le CMN a construit son budget de l’année en tablant sur une fréquentation de 5 millions de visiteurs, un chiffre qui ne lui permettra pas de retrouver un niveau de ressources propres suffisant. Et si les monuments nationaux se tiennent prêts à rouvrir dès que la situation le permet, aucune date n’est pour le moment annoncée.
Un « CMN Institut »
Formation. En avril devrait être inauguré le « CMN Institut », une offre de formation dispensée par des professionnels du Centre des monuments nationaux aux acteurs du patrimoine, publics comme privés. Dans des locaux aménagés pour l’occasion au sein du domaine national de Saint-Cloud, seront proposés une trentaine de modules centrés sur deux thématiques – l’exploitation d’un site patrimonial et la conduite de chantiers dans les monuments historiques. Le CMN entend ainsi valoriser ses compétences en maîtrise d’ouvrage. Une manière de se positionner comme un acteur central du patrimoine, mais aussi de diversifier son offre et de monétiser une expertise.
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Le Centre des monuments nationaux veut transformer la crise en opportunité
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°561 du 19 février 2021, avec le titre suivant : Le Centre des monuments nationaux veut transformer la crise en opportunité