VILLERS-COTTERÊTS
Le CMN ne pouvait pas se désintéresser de cette propriété de l’État qui possède une forte densité historique et qui est une ancienne résidence royale. C’est pourquoi nous avions participé à l’appel à idées lancé par la direction de l’immobilier de l’État sur l’avenir de ce lieu. Nous avions proposé un projet patrimonial et culturel, et la procédure s’est accélérée quand le président de la République a décidé de lancer ce projet autour de la francophonie.
Le château a en effet subi de nombreuses transformations et dégradations depuis son aménagement en dépôt de mendicité sous Napoléon. Jusqu’en 2014, il accueillait un établissement d’hébergement de personnes âgées et, depuis le départ de cet établissement, le château était presque à l’abandon. Il a d’ailleurs été squatté et les portes et les fenêtres ont dû être murées pour préserver le site. De plus, comme aucuns travaux n’avaient été effectués dans le logis royal, il y a eu des problèmes d’étanchéité, d’où la nécessité d’installer un parapluie. La première priorité est donc la mise hors d’eau et la rénovation du clos et du couvert. Il faudra également procéder à des travaux de mise en accessibilité et en sécurité. Ces opérations concernent une très grande surface qui représente 23 000 m2 de plancher. Nous prévoyons une ouverture du château en 2022.
Pendant les deux siècles d’exploitation du site, tout a pratiquement disparu. Il y a eu une élimination quasi systématique de tous les éléments décoratifs intéressants, notamment les cheminées anciennes et les boiseries. C’est presque un miracle que les escaliers à caissons et le retable sculpté de la chapelle de la Renaissance aient été sauvés. La décision du président de la République de restaurer ce site met un terme à un scandale patrimonial. Parce que la manière dont l’État avait laissé dépérir ce château était assez inacceptable. Surtout qu’il ne s’agit pas d’un château lambda, mais d’un monument qui a un lien très fort avec la culture française en raison de l’ordonnance de 1539.
À l’exception de quelques fanatiques de la Renaissance et de François Ier, nous savons que la qualité du château ne suffira pas à attirer un large public. Il va donc falloir donner envie aux visiteurs de venir à Villers-Cotterêts, et cela passera par l’inventivité du projet culturel et de sa médiation. Pour l’instant, beaucoup de choses restent à définir. Mais le maître-mot de ce chantier est le terme utilisé par le président de la République dans son discours, celui de « laboratoire ». Ce château ne doit en effet pas être un lieu figé, mais un lieu pluridisciplinaire capable de mettre en évidence tous les aspects de la recherche et de la création en langue française. L’autre défi est de s’adresser à un très large public, tant à l’international qu’au niveau local, car ce projet devra aussi contribuer à l’attractivité d’un territoire en difficulté économique et sociale.
L’ordonnance de Villers-Cotterêts est un texte législatif édicté en 1539 dans ce château par François Ier, rendant obligatoire l’usage de la langue française dans les actes officiels et les décisions de justice.
200 millions d’euros c’est le montant estimé des travaux de restauration et d’aménagement du château.
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Philippe Bélaval : L’avenir du château de Villers- Cotterêts
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°712 du 1 mai 2018, avec le titre suivant : Philippe Bélaval : L’avenir du château de Villers- Cotterêts