PARIS
Ouverture de l’hôtel de la Marine, empaquetage de l’Arc de Triomphe, nouveaux sites administrés selon des modèles de rattachement inédits, le CMN s’apprête à vivre une année charnière.
« 2019 a été une année contrastée, complexe à suivre, riche en rebondissements » : Philippe Bélaval, président du Centre des monuments nationaux (CMN) résume ainsi le bilan de l’année passée. Malgré la bonne fréquentation des sites du réseau, plusieurs événements sont venus assombrir la satisfaction du président. Entre les manifestations des « gilets jaunes », au printemps à Paris, avec le saccage de l’Arc de Triomphe, puis l’incendie de la cathédrale Notre-Dame en avril (dont le CMN gère les deux tours), les deux joyaux du réseau ont connu une année désastreuse.
Pourtant, le CMN a accueilli 9 971 000 visiteurs dans la centaine de monuments qu’il administre. Sans les deux tours de la cathédrale et avec dix-neuf jours de fermeture de l’Arc de Triomphe, le Centre avoisine donc les résultats de l’année précédente, les visiteurs semblant s’être déportés en partie sur d’autres monuments parisiens. À la Sainte Chapelle, la fréquentation est ainsi en hausse de 8,72 % avec 1,37 million de visites. « Il y a globalement une bonne tenue de la fréquentation », s’est félicité Philippe Bélaval, soulignant le rôle du CMN en tant que « premier opérateur culturel et touristique dans le secteur patrimonial ».
« L’année 2020 sera jalonnée d’événements qui vont manifester la maturité désormais atteinte du CMN et sa capacité irremplaçable »à faire vivre son réseau de monuments, insiste surtout le président, désormais tourné vers deux grands projets à l’envergure inédite pour le CMN.
Ainsi, l’hôtel de la Marine devrait ouvrir en juillet, après cinq années d’études et de travaux. Le Centre y développe tout à la fois des parcours de visite, une offre de restauration et de services, et la location dans l’immobilier de bureaux. Une « illustration du côté couteau-suisse » du Centre, plaisante Philippe Bélaval. Cette opération, qui va bien au-delà d’une simple rénovation dispose d’une enveloppe budgétaire de 130 millions d’euros.
La préfiguration de la Cité internationale de la langue française au sein du château de Villers-Cotterêts requiert les mêmes compétences de la part des équipes du Centre : la maîtrise d’ouvrage du projet de restauration et d’implantation de la Cité internationale. Jean d’Haussonville, directeur général du château de Chambord, devrait rendre très prochainement un rapport apportant différentes propositions pour le projet, évalué à près de 150 millions d’euros à l’horizon 2022.
Aujourd’hui, la capacité de maîtrise d’ouvrage du Centre est plus importante que jamais. Avec 93 millions d’euros engagés et 118 millions d’euros de factures payées, l’année 2020 semble marquer une étape. Ces montants comprennent la subvention annuelle d’investissement, une subvention exceptionnelle consentie par le ministre de la Culture, pour financer notamment la restauration de la Merveille du Mont-Saint-Michel, et les crédits ouverts pour l’hôtel de la Marine et le château de Villers-Cotterêts, répondant à des plans de financements spécifiques. Les millions engagés vont servir à financer une dizaine de projets de restaurations patrimoniales en 2020 sur tout le territoire.
Autre projet d’envergure pour le CMN cette année, l’empaquetage de l’Arc de Triomphe par Christo. Originalement prévu au printemps, l’opération, entièrement financée par l’artiste, a été reportée à l’automne 2020. « Cela va nous amener à modifier le mode d’exploitation de l’Arc », avec une mise en place dès la mi-juillet, explique Philippe Bélaval. Surtout, « Christo attend, pendant deux semaines, quelque cinq millions de personnes autour de l’Arc », précise le président : un défi inédit pour le Centre au niveau de l’organisation, de la sécurité et de la gestion des visiteurs.
Enfin, Philippe Bélaval ouvre la porte aux futures mutations du CMN. Plaidant encore et toujours pour la sanctuarisation de la péréquation financière du Centre, notamment sur le dossier du Mont-Saint-Michel (lire JdA n° 536), le président estime que le périmètre du CMN est appelé à évoluer. « On assistera à une diversification des modèles de rattachement au CMN », prédit-il, citant la Villa Kérylos appartenant à l’Institut de France, rattachée au CMN en 2016, et le monastère royal de Brou dont la propriété est partagée entre l’État et la Ville de Bourg-en-Bresse. Ce genre de rattachement « à la carte » pourrait faciliter l’intégration au sein du CMN de certains musées SCN (Service à compétence nationale) dont le ministère de la Culture souhaite rationaliser l’organisation, à l’instar du Musée national Clemenceau-de Lattre en Vendée, ou du Musée national de Port-Royal des Champs dans les Yvelines.
2020 s’annonce donc comme un tournant pour le périmètre d’action du CMN, pour sa capacité à mener à bien des opérations complexes de valorisation du patrimoine bâti, et pour l’intégration sur mesure de lieux et de monuments.
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2020, année capitale pour le Centre des monuments nationaux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°538 du 31 janvier 2020, avec le titre suivant : 2020, année capitale pour le Centre des monuments nationaux