Face à la crise sanitaire et économique qui ne cesse de prendre de l’ampleur, acteurs publics et privés ne sont pas confrontés aux mêmes problèmes.
France. Si la crise sanitaire expose chacun aux mêmes risques de maladie, la crise économique provoquée par la mise à l’arrêt de tout un pan de l’activité dans notre pays n’a pas les mêmes effets selon que les ressources des structures sont publiques ou privées.
Dans les musées qui sont dans leur très grande majorité des organisations publiques, financées par des dotations de l’État ou des collectivités locales et dont les salaires des employés sont payés par la tutelle, le problème n’est pas tant la pérennité de l’institution et des emplois que les conséquences sur les activités tournées vers le public : accueil dans les collections permanentes, expositions temporaires, conférences. À des degrés divers bien entendu. Ainsi, certains grands musées dépendent beaucoup des recettes de billetteries ou de privatisation et si la crise devait durer plusieurs mois, ils seront obligés de mettre fin à quelques contrats de vacataires, annuler des commandes et présenteront un compte administratif déficitaire, réglé par un jeu d’écritures comptables.
Cela n’enlève rien à la déception de devoir annuler ou reporter des expositions, aux inconvénients liés à la réduction du travail scientifique, à la prise de risque en assurant le gardiennage des lieux, à l’inactivité de certains, mais enfin, l’essentiel est sauf.
La situation est un peu plus fragile pour les centres d’art et les Frac, qui sont des structures de droit privé mais largement financées par des subventions publiques, qui comme toutes les subventions peuvent être annulées.
Il n’en est pas de même pour les fournisseurs des musées et surtout pour tout le secteur privé du monde de l’art : musées privés (il y en a), fondations (aux ressources dépendantes de leurs produits financiers), galeries, maisons de ventes, foires, experts, journaux et bien entendu tous les indépendants : artistes, guides-conférenciers, critiques… L’État a mis en place un arsenal de mesures transversales dont bénéficient les entreprises culturelles : délais de paiement d’échéances sociales et/ou fiscales, remises d’impôts directs, aide de 1 500 euros pour les micro-entreprises, chômage partiel… Les banques se sont engagées de leur côté à reporter les remboursements d’emprunt.
Spécifiquement pour la culture, l’État a neutralisé la période démarrant le 15 mars et s’achevant à la fin du confinement pour le calcul des indemnités de chômage des intermittents du spectacle et plus largement pour tous les contrats courts dans le secteur. Le ministère de la Culture a également annoncé, le 18 mars, toute une série de mesures concernant les différentes filières (livre, musique, spectacle vivant…). Il va débloquer une somme de 2 millions d’euros, par le truchement des Directions régionales des affaires culturelles et surtout du Centre national des arts plastiques pour aider les galeries, les centres d’art et les artistes. Le Cnap qui gère déjà plusieurs fonds d’aides a proposé à la Rue de Vallois deux nouveaux dispositifs qui sont en attente de validation. Une validation qui risque de prendre du temps car une bonne partie du cabinet du ministre, à commencer par le ministre lui-même, est malade.
Même si le marché veut croire qu’il y aura toujours des acheteurs, ne serait-ce que via le numérique, il est peu probable que le chiffre d’affaires et les paiements suffisent à régler les charges essentielles non reportées pendant la durée de la crise. Alors si la crise devait durer, beaucoup d’entreprises devraient disparaître et les indépendants être en grande précarité.
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Public / privé face au Covid-19 : des enjeux différents
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°542 du 27 mars 2020, avec le titre suivant : Public / privé : des enjeux différents