Politique

Les métiers d'art veulent une branche professionnelle spécifique

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 17 juillet 2018 - 410 mots

PARIS

Céramistes, sculpteurs, bijoutiers : un syndicat représentant les métiers d'art demande lundi, dans un rapport remis au ministère du Travail, la création d'une branche professionnelle spécifique, dans le cadre de la réforme des branches prévue par le gouvernement.

Artisan bijoutier.
Artisan bijoutier.

Alors que la loi Travail du précédent gouvernement, votée en 2016, prévoyait "de restructurer le paysage conventionnel autour de 200 branches professionnelles" d'ici août 2019, au lieu des 700 au moment de la loi, les métiers d'art craignent leur "dispersion" et leur "rattachement à des branches qui ne partagent ni leurs enjeux, ni leurs problématiques", et demandent la "création d'une branche professionnelle spécifique", écrit dans ce document le syndicat Ateliers d'Art de France, qui fédère 6.000 professionnels.

Les ordonnances réformant le droit du travail ont raccourci ce délai d'un an, le ramenant à août 2018, date à partir de laquelle le gouvernement peut procéder d'autorité à des regroupements. 

Avec 281 métiers, plus de 38.000 entreprises concernées, "8 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel" et "60.000 emplois non-délocalisables", le secteur des métiers d'art "contribue majoritairement au développement économique français", et constitue un atout "social", "artistique, culturel, patrimonial" et même "touristique", plaide le syndicat. Mais il ne dispose pas de branche unique et, à l'annonce de la réforme des branches, "certaines filières, par crainte d'un rattachement forcé, se sont empressées de conclure des accords avec celle dont le périmètre leur semblait le moins éloigné", ces rattachements reposant "bien souvent sur la seule utilisation d'un même matériau, approche en elle-même éminemment contestable", déplore-t-il.

Le rapport cite par exemple "les fabricants de luminaires", menacés par "un rattachement à la branche de la métallurgie, dominée par quelques géants de l'industrie française" ou les professionnels de la facture instrumentale, "que la diversité des matériaux utilisés rattache alternativement à l'ameublement, à la métallurgie" ou "au travail mécanique du bois".

Les métiers d'art risquent ainsi d'être rattachés "par défaut" à des secteurs "dont le poids économique" les rendrait "invisibles". De plus, "confier la formation aux branches professionnelles", sans qu'il existe de branche "métiers d'art", c'est "condamner les formations métiers d'art à disparaître peu à peu, au profit des formations aux métiers de l'industrie", prévient-il.

Le syndicat espère "convaincre le ministère du Travail d'autoriser les partenaires sociaux concernés à entamer les négociations d'une convention collective", pour permettre "l'achèvement" d'un long processus de structuration du secteur, et lui donner "les moyens de se développer pleinement, en gagnant en visibilité et en pertinence".

Cet article a été publié par l'AFP le 16 Juillet 2018

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