PARIS
Portée par le dynamisme des jeunes créateurs , la 3e édition de Révélations, organisée au Grand Palais, a mis en avant des couples associant artisans et designers.
PARIS - Ébénistes, plumassiers, vanniers, céramistes, tisserands, joailliers et bien d’autres étaient réunis, du 4 au 8 mai, au Grand Palais pour la 3e édition de Révélations, placée sous la houlette d’Aude Tahon, présidente d’Ateliers d’art de France, et d’Henri Jobbé-Duval, commissaire général. La biennale mettait à nouveau en avant les métiers d’art, des savoir-faire centenaires s’inscrivant dans la création contemporaine et des professions longtemps restées dans l’ombre des décorateurs ou maisons de luxe. Portés par le succès public de l’édition précédente, près de 400 artisans d’art, manufactures, galeries ou institutions diverses avaient été sélectionnés – un chiffre en augmentation – dont un important contingent international.
La belle scénographie du studio d’Adrien Gardère, organisée autour du Banquet central, constituait un écrin de choix pour mettre en valeur ces créations. Cet espace d’exposition non marchand traversant le salon invitait le visiteur à déambuler entre les créations des onze pays invités : l’imposante coupe en bois de Julian Schwarz, sculptée directement dans la masse d’un tronc de chêne, le méticuleux travail de marqueterie de Mensah (Togo) ou les céramiques foisonnantes de la Luxembourgeoise Ellen van der Woude.
Le Chili, pays invité cette année, était représenté par 24 artistes sur un stand particulièrement réussi. Les tressages de Lise Moller, réalisés à l’aide de cochayuyo, une algue présente sur les côtes chiliennes, voisinaient avec les tapisseries de Carolina Yrarrázabal Echenique, qui élabore un langage contemporain à partir de techniques précolombiennes, ou encore les pièces d’argile géométrique de Marcella Undarraga. Retenaient aussi l’attention les peignes de Juan Betancourt Rodriguez, alliant travail de la corne traditionnel et formes contemporaines, et les bijoux de Marco Paillamilla Ortiz, hérités des Mapuches, une communauté aborigène de la zone centre-sud du Chili et de l’Argentine.
Ailleurs, les plus jeunes créateurs témoignaient de la vitalité du secteur, offrant de nombreuses pièces de qualité. Sur le stand consacré au prix de la jeune création métiers d’art, Marie Masson présentait ses parures corporelles, réalisées à partir de cuir, plumes, cheveux, métal et broderies, à mi-chemin entre le bijou, les arts décoratifs et la sculpture. « Je détourne les attributs naturels des hommes et animaux pour parer le corps », indiquait la jeune femme. L’espace des Ateliers de Paris accueillait les luminaires à poser de Clément Demarson, tourneur bois et métal, aux côtés des architectures de papier d’Aline Houdé-Diebolt.
Œuvres collaboratives
Plus loin, Kaori Kurihara montrait ses sculptures en céramique, des éléments végétaux ou marins imaginaires. « J’invente ces formes en les revêtant de petits éléments répétitifs typiques de mon travail de sculpteur », commentait-elle. Sur le stand monté par l’association des anciens de l’école Camondo, Emmanuelle Simon exposait pour la première fois un superbe cabinet-bar flottant au-dessus du sol. En ouvrant ses portes recouvertes d’un relief réalisé selon la technique japonaise du raku, on découvrait un intérieur en laiton dont les facettes offraient des jeux de miroir à l’infini. « Ce meuble produit spécialement est l’occasion d’avoir de la visibilité pour mes créations, alors que je viens de me lancer à mon compte », confiait la jeune femme. À l’image de ce cabinet, plusieurs stands mettaient en avant des collaborations entre artisans d’art et designers, une pratique éclairant l’autre. C’était le cas de l’espace consacré au programme design et métiers d’art des D’Days, nouveau partenaire du salon. Se côtoyaient ainsi un paravent décomposé en multiples facettes, alliance des talents de Jules Levasseur et de l’éditrice de papiers peints dominotés Antoinette Poisson, le Cache Cache suspendu de Marta Bakowski et de la tisserande Maïté Tanguy, et le travail du tandem formé par l’atelier Bettenfeld-Rosenblum, gainier doreur d’art et Christian Ghion. Il fallait voir encore les mobiles tissés de bois de Luce Couillet, les tapis d’art des Ateliers Pinton, les plats émaillés de cristaux de Martine Mikaeloff ou les éventails haute couture et luminaires de la maison Duvelleroy. Dommage que ces pièces de choix aient voisiné avec des stands très médiocres, formant un ensemble hétérogène.
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Les métiers d’art révélés
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°479 du 12 mai 2017, avec le titre suivant : Les métiers d’art révélés