PARIS
En attendant la validation par le Conseil d’État du nouvel opérateur, l’Institut national des métiers d’art a élu son nouveau président.
Il y a un an, le député Philippe Huppé (LREM) défendait devant la commission des Affaires économiques et sociales de l’Assemblée nationale les « vingt-deux propositions au service des métiers d’art et du patrimoine vivant », préconisées dans le rapport parlementaire qu’il avait remis quelques semaines plus tôt à Matignon. La mesure phare de ce rapport était la création d’un opérateur d’État unique, issu de la fusion de l’Institut national des métiers d’art (INMA) et de l’Institut supérieur des métiers (ISM). Aujourd’hui, la création de l’Agence française des métiers d’art et du patrimoine vivant, sous la forme d’un groupe d’intérêt économique (GIE) n’attend plus que la validation du Conseil d’État.
Dans les faits, la fusion des deux organismes a même déjà commencé. L’ISM a intégré les locaux de l’INMA à Paris, au 23, rue Daumesnil, futur siège de l’Agence française des métiers d’art et du patrimoine vivant. Tandis que les activités de l’ISM (un centre national de ressources informationnelles, d’études et de formations qui dépendait de Bercy) ont progressivement fusionné ces derniers temps avec celles de l’INMA placé pour sa part sous la double tutelle du ministère de l’Économie et des Finances, et du ministère de la Culture.
L’élection, le 17 décembre dernier, de Luc Lesénécal à la présidence du conseil d’administration de l’INMA en remplacement de Lyne Cohen-Solal (soixante-douze ans) a porté à sa tête un chef d’entreprise de cinquante-six ans très impliqué dans le secteur. Président-directeur général des Tricots Saint-James dans le sud-Manche, Luc Lesénécal est aussi le président, depuis trois ans, de l’Association nationale des entreprises du patrimoine vivant qui fédère quelque 1 400 entreprises ayant obtenu le label d’État Entreprise du patrimoine vivant (EPV). L’obtention de ce label – géré depuis octobre dernier par l’INMA après l’avoir été par l’ISM pour le compte de Bercy – permet à l’entreprise attributaire de bénéficier d’un crédit d’impôt et de soutiens à l’exportation.
C’est donc un profil plus entrepreneurial que politique, plus jeune aussi, qui a été choisi par les membres de l’INMA pour succéder à l’ancienne adjointe au maire de Paris en charge, de 2001 à 2014, du commerce, de l’artisanat, des professions indépendantes et des métiers d’art qui, après trois ans de mandat, a passé le relais.
La feuille de route que présentera, fin février, Luc Lesénécal au conseil d’administration de l’INMA devrait apporter des précisions sur les missions, outils et moyens de l’Institut avant qu’il devienne l’Agence française des métiers d’art et du patrimoine vivant. Pour l’heure, le nouveau président de l’INMA identifie deux axes : « la transmission des savoir-faire des métiers d’art et des entreprises du patrimoine via la formation et la création d’emploi. Il s’agit aussi de promouvoir davantage la richesse des savoirs des EPV et des métiers d’art, tant en France qu’à l’international, par l’entremise des salons, des journées découvertes ou des entités nationales », telle que Business France (structure d’accompagnement des entreprises à l’étranger) ou Atout France (agence de développement touristique de la France). « Plus de 70 % des EPV exportent. À elles d’entraîner les métiers d’art à l’export », souligne Luc Lesénécal.
Reste aussi à régler la question du budget de la future Agence française des métiers d’art et du patrimoine vivant. Philippe Huppé l’avait évalué entre 5 et 6 millions d’euros, dont la moitié financée par les subventions publiques allouées auparavant à l’ISM et l’INMA.
Enfin, la place accordée à Ateliers d’art de France dans ce GIE est une autre question que n’avait pas manqué de soulever, l’an dernier, Aude Tahon, présidente de ce syndicat majoritaire parmi les artisans d’art. Dans LeMondedesartisans.fr du 15 avril 2019, elle s’était montrée particulièrement critique vis-à-vis de certaines mesures du rapport Huppé, dénonçant l’instrumentalisation et la récupération de l’image attractive des métiers d’art par les secteurs du design, de l’industrie et du luxe.
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L’Agence française des métiers d’art et du patrimoine vivant se met en place
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°538 du 31 janvier 2020, avec le titre suivant : L’Agence française des métiers d’art et du patrimoine vivant se met en place