Nomination

Le patron sortant du Louvre va promouvoir l'expertise de la France dans les musées

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 30 juillet 2021 - 521 mots

PARIS

Construction de musées, restitutions d'œuvres d'art, lutte contre les trafics : Emmanuel Macron « répond à de fortes demandes d'expertise » des quatre coins du monde en nommant un ambassadeur pour le patrimoine, déclare le patron sortant du Louvre, Jean-Luc Martinez, choisi mercredi pour cette mission.

Jean-Luc Martinez © Photo Florence Brochoire / Musée du Louvre
Jean-Luc Martinez.
Photo Florence Brochoire
© Musée du Louvre

Jean-Luc Martinez, qui a dirigé le Louvre de 2013 à l'été 2021, prendra ses fonctions d'ambassadeur pour la coopération internationale dans le domaine du patrimoine, à partir du 1er septembre, selon une décision annoncée à l'issue du conseil des ministres.

Pendant ses huit années à la tête du plus grand musée du monde, Jean-Luc Martinez a reçu des « demandes d'expertise de pays comme l'Egypte, l'Irak, la Bulgarie, l'Inde », déclare-t-il dans un entretien à l'AFP. Il date le regain d'intérêt des pays étrangers à « profiter de l'excellence française » de l'expérience du Louvre Abou Dhabi (inauguré en 2017) . « La France a montré sa capacité à mobiliser le meilleur des musées français pour un projet international ».

Première demande qu'il devra traiter, une fois installé dans ses nouvelles fonctions : « L'accompagnement dans la création et le développement de musées » dans des pays étrangers. « En Afrique, les demandes émanent souvent des pays, parfois de la société civile », précise-t-il. « En Chine, ce sont des aménageurs urbains qui veulent créer un pôle culturel, avec un musée, dans leurs nouveaux quartiers ».

Jean-Luc Martinez entend évaluer la qualité des demandes : « Si c'est un business touristique, cela n'a pas d'intérêt. Un musée doit avoir un rôle éducatif ».

« Légitimité »

Autre volet de sa mission : « Rendre accessibles les collections du patrimoine de certains pays conservées en France ». « Ce sont des questions légitimes qu'un pays comme l'Egypte se pose. Comment rendre ces œuvres accessibles aux Egyptiens ? ».

« La question des restitutions se pose avec une acuité particulière, mais les musées français enregistrent surtout des demandes d'accessibilité aux archives, aux images, aux œuvres. Si on numérise les archives, si on échange des expositions, on n'a plus la demande » d'une restitution, assure-t-il.

Jean-Luc Martinez veut aussi proposer l'expertise française dans la lutte contre les trafics d'objets d'art. « Emmanuel Macron m'a demandé les préconisations qui pourraient être faites pour améliorer la lutte à l'échelle européenne », et notamment aux frontières extérieures de l'UE. Il avait d'ailleurs remis en 2015 à François Hollande 50 propositions sur la sauvegarde du patrimoine en zone de conflit.

« La seule réponse contre le trafic, c'est de favoriser le commerce légal. Il faut travailler avec les grandes sociétés de ventes, les grands marchands » et faire en sorte « que les ports francs ne cachent pas du trafic illégal ».

Jean-Luc Martinez estime que ses anciennes fonctions lui donneront du poids : « Si un ancien président directeur du Louvre vient voir les autorités chinoises, il y a une légitimité ».

Trois échéances à court terme pour poser les premières pierres de sa mission : l'exposition universelle de Dubaï en octobre, la présidence française de l'UE au 1er semestre 2022, et le cinquième anniversaire, en mars, de l'ALIPH (Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit), créée par la France et les Emirats et dont il assure la présidence scientifique.

Par Jean-Louis de La Vaissière

Cet article a été publié par l'AFP le 28 juillet 2021.

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