PARIS
Avec un montant réduit à 300 euros, le Pass attend la réouverture des lieux culturels pour être généralisé.
La fermeture prolongée des lieux culturels retarde la double généralisation du Pass culture. C’est ce que l’on comprend en creux de l’audition de Damien Cuier, président de la SAS Pass culture et de Gilles Duffaut, président par intérim de son comité stratégique, devant des sénateurs le 17 mars dernier. Double généralisation ? Oui, car outre la généralisation du pass à tous les jeunes, il est d’abord prévu de profiter de la présence croissante des lieux culturels dans l’application (4 500 à ce jour) pour en faire un GPS de la culture dans tous les territoires et pour tout le monde (on en parle depuis longtemps). L’application devrait enfin être téléchargeable dans les « stores », et ouverte à tous. Seuls les jeunes pourront bien entendu acheter les offres avec leur bourse. Mais, pour ne pas rater son lancement, encore faut-il que les lieux culturels soient ouverts !
Même problème de calendrier pour la généralisation de l’octroi d’une bourse, à tous les jeunes de 18 ans, permettant d’acheter les offres dans l’application. En phase expérimentale depuis 24 mois dans 14 départements, tout était prêt pour un élargissement du dispositif à tous les jeunes de 18 ans. Le budget 2021 de la SAS Pass culture, une société anonyme privée avec un seul actionnaire – l’État – est bâti sur une généralisation à partir de mars 2021 avec une offre différente de celle en test. Comme cela est acté depuis longtemps, le montant de la bourse est diminué de 500 à 300 euros avec une durée de consommation qui, elle, augmente de 1 à 2 ans. Le comité stratégique recommande par ailleurs un plafond de 100 euros pour les achats d’œuvres numériques.
Prévisions budgétaires
Ces dispositions permettent de réduire le coût pour l’État. Étant entendu que les offres numériques ne sont pas remboursées aux offreurs, cela ramène ce coût à 160 millions d’euros (pour 800 000 jeunes en année pleine). Une charge qui devrait de surcroît diminuer en ne remboursant pas entièrement les offreurs de spectacles ou de biens physiques, et en faisant appel à des ressources extérieures de type mécénat ou publicité. Dans ce registre, une idée fait son chemin : permettre aux jeunes de recharger leur bourse au terme des 24 mois afin de profiter des offres réduites. Au passage, la SAS encaisserait le produit des ventes non remboursées ou la part non remboursée aux offreurs. En ajoutant ce qui n’est pas consommé par les bénéficiaires (une des surprises de la phase d’expérimentation), on suppose que la SAS table sur un coût total (coûts de fonctionnement de la SAS compris) autour de 120-130 millions d’euros. Pour 2021, les charges budgétées s’élèvent à 95 millions d’euros, financées en grande partie par l’État (59 M€ de dotation nouvelle plus le reliquat non consommé en 2020).
La SAS n’attend donc que le feu vert du gouvernement, lui-même assujetti au taux de circulation du virus. Paradoxalement, la phase d’expérimentation a montré que les bénéficiaires achètent en priorité et largement des livres. Sur les 766 000 réservations effectuées, près de 400 000 concernent des livres. Or les librairies, considérées comme des commerces essentiels, sont, elles, bien ouvertes.
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Le Pass culture suspendu au déconfinement
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°564 du 2 avril 2021, avec le titre suivant : Le Pass culture suspendu au déconfinement