MIAMI / ÉTATS-UNIS
La justice a débouté un artiste qui accuse Cattelan d’avoir copié une œuvre similaire et antérieure pour sa célèbre banane.
Un juge fédéral de Miami a statué en faveur de l’artiste italien Maurizio Cattelan, accusé par l’artiste conceptuel californien, Joe Morford, d’avoir plagié son œuvre Banana and Orange, créée en 2001. L’œuvre en question consiste en l’accrochage d’une banane et d’une orange en plastique sur deux panneaux verts, avec du ruban adhésif gris.
En 2019, la Galerie Perrotin a présenté l’œuvre Comedian, de Maurizio Cattelan, lors de la foire d’art contemporain Art Basel de Miami. Cette installation est composée d’une vraie banane scotchée avec un ruban adhésif gris, sur un mur blanc. L’installation fit à l’époque beaucoup de bruit.
En 2020, Joe Morford enregistre Banana and Orange auprès du Copyright Office – une agence fédérale américaine responsable de l’enregistrement et de la gestion des droits d’auteurs aux États-Unis. Estimant que Comedian porte atteinte à ses droits d’auteur, attachés à l’œuvre Banana and Orange, Joe Morford a assigné en justice en 2021 Maurizio Cattelan, réclamant des dommages-intérêts à hauteur de 390 000 dollars – montant du bénéfice généré par la vente de trois exemplaires et de deux épreuves d’artiste de Comedian.
Les avocats de l’artiste italien ont déposé une motion de rejet de cette demande, arguant, entre autres, de l’absence de revendication possible de droits d’auteur sur l’idée même d’accrocher une banane sur un mur. Cependant, le juge a rejeté la requête en juillet 2022, reconnaissant une « similitude substantielle » entre les deux œuvres.
Toutefois, dans ce nouveau jugement, le même juge a finalement rejeté la demande de Joe Morford, considérant que l’artiste californien n’avait pas prouvé que Maurizio Cattelan avait vu Banana and Orange et ainsi la copier.
Joe Morford arguait pourtant que son œuvre était visible depuis 2008, sur YouTube, ainsi que « dans des messages sur Facebook et Blogspot », publiés en 2015 et en 2016. Or, selon le juge, « la simple disponibilité, et donc la possibilité d’accès, ne suffit pas à prouver l’accès ». Il juge également l’œuvre trop « confidentielle » pour avoir été connue de Cattelan.
D’autre part, le juge a estimé que Comedian n’était pas similaire à Banana and Orange, lorsque l’œuvre est prise dans son ensemble. L’élément le plus important et le plus « évident » des deux œuvres – la banane fixée à une surface verticale avec un morceau de ruban adhésif, selon un certain angle – est une expression qui ne peut être protégée en vertu de la « doctrine de la fusion ». Selon cette doctrine, certaines expressions peuvent être si intrinsèques à la communication d’une idée ou d’un processus, qu’elles sont considérées comme ayant fusionné dans l’idée. Or, comme en droit français, une idée ne peut être protégée.
« Une décision contraire limiterait encore davantage le nombre déjà restreint de façons dont une banane peut être légalement collée sur un mur sans porter atteinte à l’œuvre de Joe Morford », conclut le juge.
Enfin, le juge a affirmé que seul Maurizio Cattelan avait présenté des preuves concernant la défense d’une création originale. L’artiste a déclaré qu’il avait créé Comedian spécifiquement pour la foire Art Basel de Miami, en s’inspirant d’une autre œuvre dans laquelle une banane est suspendue à un panneau d’affichage avec du ruban adhésif rouge, présentée dans le New York Magazine, en 2018.
L’installation de Maurizio Cattelan a également été la cible d’interactions non autorisées. Elle a été mangée par l’artiste David Datuna, lors de la foire en 2019, dans le cadre d’une « performance artistique », puis elle a été dévorée lors d’une exposition au Leum Museum of Art de Séoul, en mai dernier, par un étudiant en art qui a affirmé avoir eu faim.
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La banane scotchée au mur de Cattelan n’est pas un plagiat
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