PARIS
Le tribunal judiciaire de Paris a conforté vendredi l'artiste Maurizio Cattelan comme auteur de ses œuvres, et a repoussé les demandes d'un autre, Daniel Druet, qui avait réalisé des sculptures pour lui et s'estimait le véritable auteur.
Le litige concerne huit œuvres de l'Italien de 61 ans, qui se désigne comme « artiste conceptuel », comprenant des sculptures façonnées par M. Druet. Une œuvre emblématique est Him (2001), une installation où le spectateur avançait vers un garçon placé de dos et à genoux, avant de découvrir qu'il s'agissait d'Adolf Hitler.
Avec son savoir-faire pour exécuter des sculptures extrêmement réalistes, entre autres pour le musée Grévin à Paris, M. Druet, Français de 80 ans, souhaite être reconnu comme auteur exclusif des huit œuvres en question. Le tribunal ne l'a pas suivi. Le plaignant « ne revendique pas la qualité de co-auteur d'une œuvre de collaboration ou d'une œuvre composite mais bien la qualité d'unique auteur des œuvres en cause », a-t-il rappelé.
Il lui a reproché de ne pas avoir intenté la procédure à l'origine contre l'artiste italien controversé, mais contre son représentant, la galerie Perrotin, et une institution ayant monté une exposition de ces œuvres, la Monnaie de Paris. « Faute d'avoir assigné en personne Maurizio Cattelan, auteur présumé, (...) Daniel Druet doit être déclaré irrecevable en toutes ses demandes en contrefaçon de droits d'auteur », a estimé le tribunal.
La défense a estimé que ce jugement ferait école.
« Cette décision constitue une véritable jurisprudence en ce que, pour la première fois, les magistrats consacrent l'art conceptuel par une décision de principe », ont écrit dans un communiqué les avocats de la galerie Perrotin, Pierre-Yves Gautier et Pierre-Olivier Sur.
L'avocat du plaignant, Jean-Baptiste Bourgeois, a contesté cette interprétation. Dans ce jugement, « il n'y a pas une ligne sur le fond du dossier. C'est une fin de non-recevoir, pour une question de forme », a-t-il déclaré à l'AFP. « Forcément je regrette de ne pas avoir assigné Maurizio Cattelan au départ, mais je trouve la décision totalement infondée (...) Le même tribunal, la même chambre, en février 2020, certes dans une autre composition, avait reconnu recevables nos demandes », a-t-il rappelé.
Cet article a été publié par l'AFP le 8 juillet 2022.
Le tribunal a condamné M. Daniel Druet à verser les sommes de :
- 10 000 euros à la Galerie Emmanuel Perrotin et la société Turenne Editions ensemble,
- 10 000 euros à la Monnaie de Paris,
sur le fondement de l’article 700 du code de procédure civile
- La Nona Ora (version 1999), représentant le Pape Jean-Paul II, les yeux fermés.
- La Rivoluzione Siamo Noi (2000), représentant Maurizio Cattelan en taille réduite, en costume de laine suspendu à un portemanteau.
- Sans titre ou Le petit Cattelan de Rotterdam (2000), représentant le visage de Maurizio Cattelan et ses deux mains transperçant le plancher d’une salle d’exposition pour rejoindre les spectateurs.
- Him (2001), représentant un petit garçon à genoux, dont le visage est celui d’Adolf Hitler.
- Frank and Jamie (2002), représentant deux policiers américains en uniforme, tête à l’envers et pieds au ciel.
- Stephanie (2002), représentant le buste du mannequin Stéphanie Seymour, seins nus, façon « trophée de chasse ».
- Betsy (2003), représentant une grand-mère assise dans un congélateur, porte ouverte.
- Now (2004), représentant John Fitzgerald Kennedy dans son cercueil.
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Maurizio Cattelan conforté comme auteur au tribunal
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