Conférence

HISTOIRE DE L’ART

Fontainebleau, une édition sans têtes d’affiche

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 8 juin 2018 - 568 mots

De bonne tenue, le Festival de l’histoire de l’art, handicapé par les problèmes de transport, a manqué de « stars ».

La cour du Cheval blanc au Château de Fontainebleau.
La cour du Cheval blanc au Château de Fontainebleau.

Fontainebleau (Seine-et-Marne). 2018 ne sera pas venue à bout de la malédiction qui pèse sur le Festival de l’histoire de l’art organisé au château de Fontainebleau. Comme chaque année, les transports ont été perturbés. Si des navettes ont été affrétées pour les intervenants – ce qui a évité les habituelles annulations de conférences –, les grèves et la rénovation de voies ont largement diminué l’offre de trains et affecté la fréquentation de visiteurs, venant de Paris pour la plupart. Heureusement, le soleil a largement surplombé le château, le théâtre, le cinéma…, autant de lieux ouverts gratuitement du 1er au 3 juin, où se sont déroulées conférences, tables rondes, visites guidées ou projections.

40 000 passages ont été comptabilisés au sein des différents espaces du festival. Moins nombreux qu’en 2017, le public comportait une bonne part d’habitués, des professionnels de l’histoire de l’art dans leur majorité. Ces derniers sont la cible principale du « forum de l’actualité », qui se pose comme un lieu de débats pour la profession. La conférence la plus attendue était sans conteste celle de Bénédicte Savoy qui a fait salle comble. Cette historienne de l’art a été choisie en mars par le président Emmanuel Macron pour examiner les conditions dans lesquelles des œuvres d’art africain emportées durant la colonisation pourront être rendues aux pays concernés. Elle a brossé ici un manifeste sans concession pour la restitution de ces œuvres et a évoqué les pistes actuellement à l’étude pour sa mise en œuvre. « Il ne faut pas s’arrêter sur une propriété crispée mais inventer d’autres formes. Pour certains juristes, l’idée est de créer un “contrat de copropriété d’œuvres” », a-t-elle indiqué lors des débats.

Étienne Dolet par Kiefer

Moins fréquentée était la table ronde sur la place de l’art dans l’espace public, qui s’est interrogée notamment sur la manière dont le fiasco entourant l’installation du Bouquet de tulipes de Jeff Koons devant le Palais de Tokyo aurait pu être évité. À croire que l’affaire qui a déchaîné les foules il y a quelques mois intéresse déjà moins, alors même que l’œuvre n’a toujours pas trouvé de point de chute. Béatrice Salmon, nouvelle directrice adjointe chargée des arts plastiques au ministère de la Culture, a tout de même livré un scoop : une statue réalisée par Anselm Kiefer devrait être élevée sur la place de la Sorbonne en hommage à Étienne Dolet, figure de la libre pensée dont la statue sise place Maubert fut fondue sous le régime de Vichy. Cette possible installation, encore au stade de la consultation, a déjà fait grincer quelques dents, eu égard à l’environnement patrimonial dans lequel elle s’insérerait.

Certains l’ont regretté : ce forum manquait de têtes d’affiche capables de réunir historiens de l’art et grand public autour de l’actualité la plus brûlante. Stéphane Bern aurait été sollicité pour parler de sa désormais célèbre mission patrimoine, mais l’animateur de télévision n’aurait pas pu venir pour cause de tournage. La ministre de la Culture, Françoise Nyssen, sous la tutelle de laquelle est placée le festival, a quant à elle arpenté les allées du festival sans que sa présence ne soulève beaucoup d’intérêt. Absente l’année dernière, elle est venue rejoindre cette année son homologue grecque Lydia Koniordou, première ministre de la Culture du pays invité par le festival à s’être rendue à Fontainebleau.

 

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°503 du 8 juin 2018, avec le titre suivant : Fontainebleau, une édition sans têtes d’affiche

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