Tous les ans, institutions et musées bâlois rivalisent pour présenter les meilleures expositions aux visiteurs du monde entier. L’an 2000 ne déroge pas à la règle. Tour d’horizon des manifestations qu’il ne faut pas manquer à “Art Basel�?.
De la couleur à la lumière
Comment la couleur peut-elle générer de la lumière ? Une centaine d’œuvres, de l’Impressionnisme à aujourd’hui, répondent à cette question à la Fondation Beyeler. Sont convoqués Turner et ses représentations de la nature, Monet et ses recherches sur les Cathédrales de Rouen, Seurat et Signac avec leur Pointillisme, et bien sûr les Fauves (Vlaminck, Derain…). Acanthes, le somptueux papier découpé de Matisse, préfigure les peintures monochromes, notamment celles d’Yves Klein. La seconde partie du parcours s’attache aux contemporains, comme Dan Flavin, qui exploite la troisième dimension avec une installation réalisée à partir de tubes fluorescents. Beaucoup d’expositions se sont attachées à démontrer l’influence de la lumière sur l’évolution de la palette des peintres ; celle-ci rappelle que la lumière ne vient pas seulement de l’éclairage voulu par l’artiste mais peut naître de la couleur. La démonstration est servie par l’architecture sobre de Renzo Piano et par le bel éclairage naturel qu’elle offre.
- DE LA COULEUR À LA LUMIÈRE, jusqu’au 30 juillet, Fondation Beyeler, Baselstrasse 77, Riehen/Bâle, tél. 41 61 645 97 00, tlj 10h-18h, mer. jusqu’à 20h. Catalogue, Hatje Cantz Verlag, 49 FS.
La mécanique Panamarenko
Le Musée Jean Tinguely accueille l’exposition “Panamarenko”, conçue par l’artiste en étroite collaboration avec la Hayward Gallery de Londres. Elle s’articule autour d’œuvres majeures illustrant l’ensemble de sa carrière. À la fois ingénieur, poète, physicien et inventeur, Panamarenko est un créateur à part qui ne place pas uniquement ses recherches au simple niveau esthétique. Depuis ses débuts dans les années soixante, son activité artistique est indissociable de son intérêt pour les sciences et les techniques. Œuvres d’art et expériences mécaniques, ses sculptures sont de véritables machines – avions, soucoupes volantes, automobiles, sous-marins – qui défient la gravité, font découvrir aux visiteurs de nouvelles formes de voyages et des lieux encore inexplorés. Reposant sur des interprétations de la physique, de la biologie, de l’aérodynamique et de la technique, ces œuvres fantaisistes et poétiques ont été réalisées avec sérieux et rigueur. Et si elles sont perfectionnées, elles sont capables de fonctionner. Parmi les modèles grandeur nature, ceux conçus pour des expériences et autres projets qui composent l’exposition, figurent les machines volantes Das Flugzeug (1967), The Aeromodeller (1969-1971), Bernouilli (1995), Bing of the Ferro Lusto (1997), le sous-marin Panama, Sptisbergen, Nova Zemblaya (1996) et les poules-robots Archaeopterix (1990-1991).
- PANAMARENKO, jusqu’au 15 octobre, Musée Jean Tinguely, Grenzacherstrasse Solitude-Park, Bâle, tél. 41 61 681 93 20, du mercredi au dimanche 11h-19h ; pendant l’ART du mercredi 21 au dimanche 25 juin, 10h-19h. Catalogue, textes de Jon Thompson et de Panamarenko (pour la version allemande), 111 p., 39 FS.
Barragán s’installe chez Gehry
Une importante rétrospective consacrée à l’architecte Luis Barragán (1902-1988) se tient jusqu’au 29 octobre au Vitra Design Museum. De nombreux documents originaux inédits, présentés grâce au concours de la Barragán Foundation, donnent un nouveau point de vue sur l’œuvre et la personnalité de l’architecte mexicain connu pour son souci des couleurs et des volumes. Une sélection de plans, esquisses, photographies et maquettes de constructions, réalisées ou restées au stade de projet, est complétée par des illustrations, des projections et des jeux sur les volumes. Le Vitra Design Museum est la première étape de cette exposition itinérante qui parcourra l’Europe, puis le Japon et l’Amérique du Nord et du Sud. Pour parfaire ce tour d’horizon, rendez-vous au Musée d’architecture de Bâle, où sont présentées des œuvres de Barragán photographiées par René Burri.
- LUIS BARRAGÁN : LA RÉVOLUTION SILENCIEUSE, du 22 juin au 29 octobre, Vitra Design Museum, Charles Eames-Strasse 1, Weil-am-Rhein (Allemagne), tél. 49 7621 702 32 00 et Architekturmuseum Basel, Pfluggässlein 3, Bâle, tél. 41 61 261 14 13, du 17 juin au 13 août.
Cy Twombly en sculpture
Comptant une soixantaine de sculptures, l’exposition “Cy Twombly” est une première au Kunstmuseum de Bâle. Célèbre pour sa peinture empreinte d’écriture gestuelle, l’artiste américain a également conçu de nombreuses œuvres en trois dimensions d’une grande intensité poétique. Ces créations, rarement présentées, sont moins connues du public. Né en 1928, Twombly s’est lié d’amitié dès ses premières années d’études avec Robert Rauschenberg et Jasper Johns. Pour créer ses sculptures, il puisait essentiellement son inspiration dans l’œuvre de Giacometti, mais aussi dans celles des Surréalistes et dans le travail de Schwitters. Ses premiers assemblages à partir de simples objets du quotidien furent rapidement recouverts d’une couche uniforme de peinture blanche qui, devenue une sorte de seconde peau, les dématérialise et leur confère une aura d’éternité. Métamorphose, changement et éphémère sont les sujets favoris de ces œuvres à l’ampleur thématique étonnamment riche.
- CY TOWMBLY, jusqu’au 30 juillet, Kunstmuseum, St. Alban-Graben 16, Bâle, tél. 41 61 206 62 62, tlj sauf samedi 10h-17h. Catalogue allemand/anglais, Cy Twombly, Die Skulptur /The Sculpture, 208 p., 191 ill. dont 134 coul., 48 FS.
Fiction et réalité
La Kunsthalle de Bâle a développé, en collaboration avec Wilhelm Schürmann, photographe, collectionneur et professeur à l’École supérieure de design d’Aix-la-Chapelle, un projet sur le champ de la photographie contemporaine. Sous le titre “Deep Distance”, l’exposition questionne les images et s’interroge sur les rapports que nous entretenons avec elles, et sur notre faculté à croire ou à douter de ce qui nous est montré. Grâce aux moyens technologiques mis aujourd’hui à la disposition des producteurs d’images, ces dernières peuvent être librement façonnées pour construire une réalité imaginaire et fantasmée. Cette manipulation, déjà courante dans l’art, devient caricaturale dans le domaine de la publicité. L’exposition rend également compte de la place particulière de la photographie dans le domaine de l’art contemporain et de l’influence de notre culture visuelle sur son appréhension.
- DEEP DISTANCE, jusqu’au 13 août, Kunsthalle Basel, Steinenberg 7, Bâle, tél. 41 61 206 99 00, tlj sauf lundi 11h-17h, mercredi 11h-20h30, Internet : Kunsthallebasel.ch ; catalogue : 20 FS.
Tacita Dean, artiste phare
Tacita Dean, jeune artiste britannique née en 1965, expose à Bâle un ensemble de films, dessins, photographies et œuvres sonores. La création la plus ancienne présentée est un film 16 mm couleur de 1996, Disappearance at Sea, qui met en scène les ampoules d’un phare. Cette présentation au Musée d’art contemporain de Bâle constitue sa première grande exposition personnelle en dehors de Grande-Bretagne.
- TACITA DEAN, jusqu’au 13 août, Museum für Gegenwartskunst, St. Alban-Rheinweg 60, Bâle, tél. 41 61 206 62 62, tlj sauf lundi 11h-17h ; pendant la foire 10h-18h.
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Bâle fait toute la lumière
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°107 du 9 juin 2000, avec le titre suivant : Bâle fait toute la lumière