PARIS [26.09.17] – Robert Delpire est décédé dans la nuit du 25 au 26 septembre 2017, à l’âge de 91 ans. Il a joué un rôle considérable dans la reconnaissance de la photographie. Il a participé au lancement de la revue L’ŒIL dans les années 50.
Né en 1926, Robert Delpire se destinait à la médecine. Mais à 23 ans, la revue d’art Neuf destinée aux médecins qu’il créa l’amena à côtoyer aussi bien André Breton, Prévert, Michaux, Sartres et Picasso que Doisneau, Capa, Brassaï ou Cartier-Bresson et ainsi prendre une autre direction.
Quelques années plus tard il participe (en 1955) au lancement de L’ŒIL (même éditeur que Le Journal des Arts) en tant que directeur artistique. « Le mot L’ŒIL m’a plu en raison de l’E dans L’O que je trouvais séduisant. C’est Delpire qui a eu l’idée de placer le titre sur la gauche » rappelait Rosamond Bernier la fondatrice de la revue avec son mari de l’époque Georges Bernier.
En 1958, l’éditeur qu’il devient est le premier à publier Les Américains de Robert Frank, un ouvrage important dans la bibliographie du photographe. Tokyo de William Klein, Exils de Josef Koudelka et la création de la collection Photo Poche compte parmi ses multiples autres succès. « Je n’ai jamais publié quelqu’un qui ne m’intéressait pas », précisait-il. Les films qu’il a produits dont Qui êtes-vous Polly Maggoo de William Klein, prix Jean Vigo en 1967, témoignent tout autant de son engagement, de la justesse de son regard et de ses amitiés. Ses liens en particulier avec Henri Cartier-Bresson ont engendré nombre d’expositions et d’ouvrages conçus sous sa direction artistique.
La création de l’agence Delpire publicité lui a permis de financer ses projets mais aussi de se faire un nom dans le monde de ma communication avec des campagnes célèbres comme celle de Sarah Moon. Avec le produit de la vente de l’agence il fonde plus tard Idéodis, un studio de création et d’édition.
En 1982, Jack Lang au ministère de la Culture et son conseiller Claude Mollard le nomme à la tête du Centre National de la Photographie, créé au sein du Palais de Tokyo. Les expositions du lieu, de Nadar à Araki ou Salgado, marqueront les esprits. Par leur qualité elles ont participé à la reconnaissance de la photographie comme un art et à sa popularité. La création de la Galerie Fait & Cause aux abords du Centre Pompidou rappelle quant à elle l’attention d’un homme vis-à-vis des laissés pour compte par la société ou les conflits.
« Ce qui me plait dans une photographie, c’est le silence », disait Robert Delpire. La publication en 2017 aux éditions Delpire de C’est de voir qu’il s’agit, sélection de quelques-uns de ses textes, fait entendre à cet égard cette voix marquante de l’histoire de la photographie.
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Disparition de l’éditeur Robert Delpire
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Abonnez-vous dès 1 €Robert Delpire lors d'un entretien pendant "Les Rencontres photographiques d'Arles", le 7 juillet 2008 © AFP PHOTO / GERARD JULIEN