VERSAILLES
Œuvre de l’architecte Pierre-Édouard Lambert, héritier d’Auguste Perret, le palais des congrès a été restauré et modernisé.
Versailles. Alors que les premières tours du quartier de la Défense s’élevaient dans le ciel, Versailles inaugurait, en 1967, un bâtiment à la fois précurseur et anachronique. Pionnier, car c’était le premier palais des congrès construit en France, selon une idée importée des États-Unis par le maire André Mignot. En décalage avec son temps, car l’architecte Pierre-Édouard Lambert y rend explicitement hommage à son maître, Auguste Perret. Le palais reprend scrupuleusement les principes du classicisme structurel mis en œuvre dans les années 1930 au palais d’Iéna à Paris (aujourd’hui siège du Conseil économique social et environnemental) ou lors de la reconstruction après-guerre du Havre.
Lancés par la Ville de Versailles en 2018, les travaux de restauration achevés en juin remettent en valeur cette architecture, alors masquée par les différentes interventions précédentes. Construit sur le modèle d’une rotonde greffée à un parallélépipède, le plan très harmonieux dessine un oméga que le nouvel exploitant a choisi comme sigle de la marque du palais des congrès. Les plans du palais valorisent la gestion des flux : « C’est une partition très simple, avec une grande fluidité et un grand confort de circulation », explique Romain Greif, architecte du cabinet GTFK, en charge des travaux.
L’harmonie du lieu tient autant à sa distribution remarquablement pensée qu’à ses finitions. Le béton bouchardé des piliers et parois, noircis par plusieurs décennies de tabagisme des congressistes, a ainsi été désencrassé. Les arêtes des murs sont à nouveau rythmées d’or et la monumentale étoile à huit branches qui sert de lustre à la salle Mazarin [voir ill.] a été nettoyée. Dans le hall, les plafonds défraîchis des années 1990 ont été remplacés par des plafonniers spécialement conçus pour le lieu par des artisans bretons.
Un travail important a été réalisé sur la lumière du lieu, afin de rendre lisibles les lignes et matériaux du bâtiment. « Avant, le palais des congrès était éclairé par des points lumineux ponctuels, avec beaucoup d’aveuglement, indique Romain Greif. Nous les avons remplacés par des luminaires dont on ne voit pas la source, en applique. » Dans le grand auditorium Richelieu, un fil lumineux vient souligner la ligne pure du balcon en béton. Celui-ci est désormais débarrassé des lourds projecteurs qui encombraient sa courbe, rassemblés dans une grille technique au centre de la coupole.
Si le palais des congrès n’est pas inscrit au titre des monuments historiques, la rénovation s’est faite dans un esprit patrimonial, avec des interventions respectueuses de l’esprit initial et réversibles. Les travaux visent également à moderniser le palais, situé à quelques mètres du château de Versailles, afin de replacer le lieu sur la carte de l’événementiel francilien. L’orange désuet des fauteuils de l’auditorium laisse place à un bleu indigo plus moderne et plus proche des teintes originelles du lieu. Dans le hall, un grand panneau lumineux de Led accueillera les congressistes, mais masque la belle connexion de la salle Mazarin au hall rectangulaire, l’un des très rares endroits où la modernisation technique du palais se fait au détriment de la lecture de l’architecture.
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À Versailles, le premier palais des congrès de France retrouve son éclat
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°572 du 3 septembre 2021, avec le titre suivant : À Versailles, le premier palais des congrès de France retrouve son éclat