Monument

Une partie de l'Hôtel-Dieu de Paris cédée pour 80 ans contre 144 millions d'euros

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 20 mai 2019 - 629 mots

PARIS

L'Hôtel-Dieu, plus vieil hôpital de Paris, sera partiellement cédé à un promoteur immobilier (Novaxia) pour 144 millions d'euros via un bail de 80 ans prévoyant l'implantation d'un incubateur, de logements étudiants ou encore de commerces donnant sur le parvis de Notre-Dame.

Vue d’architecte du projet immobilier de Novaxia pour l'Hôtel-Dieu  à Paris © Anne Demians/Novaxia
Vue d’architecte du projet immobilier de Novaxia pour l'Hôtel-Dieu à Paris
© Photo Anne Demians /Novaxia

"Le groupement coordonné par Novaxia" a remporté jeudi soir l'appel à projets urbains innovants lancé fin 2017 selon un plan de transformation de l'Hôtel-Dieu, a annoncé dans un communiqué l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris, qui reste propriétaire de l'ensemble du site, situé au coeur de la capitale. Quelques 20.000 m2, soit un tiers de sa surface, seront ainsi mis à la disposition du lauréat d'ici à "trois quatre ans", le temps notamment de réinstaller les équipes hospitalières dans les locaux qui leur seront dédiés sur les deux tiers restants de l'hôpital, où sont prévus des travaux, a expliqué à l'AFP le directeur général de l'AP-HP, Martin Hirsch.

Le projet sélectionné par le jury, composé de représentants de l'AP-HP et de la mairie de Paris, comporte un "pôle santé" sur la moitié de l'espace cédé. Il doit notamment accueillir un incubateur de biotechnologies et d'intelligence artificielle à destination d'une cinquantaine d'entreprises innovantes, une salle polyvalente ou encore une maison des associations de patients. Un "pôle habitat solidaire" regroupera lui une résidence sociale étudiante, une maison du handicap et une crèche associative. Enfin, un tiers de la surface sera consacré à une "offre variée de restauration et de commerces, dont les enseignes seront sélectionnées en lien avec l'AP-HP et la Ville de Paris, et qui comprendra notamment un restaurant gastronomique".

Chiffré à 144 millions d'euros, le bail à construction représentera "la plus grosse recette de l'histoire de l'AP-HP dans une opération foncière patrimoniale", fait valoir Martin Hirsch, soulignant l'intérêt d'une telle manne pour la "modernisation des autres hôpitaux". "Dans l'immédiat", elle permettra la création d'un fonds de transformation de 30 millions d'euros "consacré à l'amélioration des conditions de travail et aux prises en charges innovantes des patients".

Les 35.000 m2 restants de l'Hôtel-Dieu sont réservés au déploiement du projet médical et hospitalier défini en 2016 par l'AP-HP : un service d'accueil des urgences, un plateau de consultations spécialisées pluridisciplinaire, un pôle de psychiatrie et un pôle de santé publique.

Un "objet d'amour"

"Ce projet contribuera à améliorer le quotidien d'une communauté de patients, de soignants, d'aidants et participera à la dynamisation positive du coeur de Paris" a réagi le président de Novaxia, Joachim Azan. A ceux qui s'offenseraient de l'implantation de commerces à l'hôpital, Martin Hirsch répond qu'il n'y a pas de "recettes sans ressources" et qu'il serait "absurde" de priver de shopping les millions de touristes attirés par Notre-Dame. Martin Hirsch sait que le sujet est sensible, lui qui est arrivé à la tête de l'AP-HP en 2013 en pleine crise sur le sort des urgences de l'Hôtel-Dieu, à l'origine du limogeage de sa prédécesseure. "L'Hôtel-Dieu est un objet de passion. On continuera d'avoir des gens qui ont d'autres idées d'usage, c'est un objet d'amour l'Hôtel-Dieu", insiste-t-il.

Pas plus tard que cette semaine, la CGT de l'Hôtel-Dieu a appelé à utiliser les superficies disponibles de l'établissement pour désengorger les services d'urgences parisiens, en grève illimitée. Un programme selon elle "plus cohérent" que "d'y laisser un tiers privé y faire des travaux et s'occuper de l'exploitation par le biais de commerce (...) dédié au tourisme de masse".

Le mois dernier, après l'incendie de Notre-Dame, l'AP-HP avait proposé de "mobiliser une partie de l'Hôtel-Dieu" pour permettre "la continuité de l'accueil des pèlerins, visiteurs et touristes". Une offre qui selon la direction fait l'objet de "contacts étroits avec l'Etat et le diocèse pour identifier les surfaces" utilisables, sans remettre en cause le plan global de transformation du site.

Par Aurélie Carabin

Cet article a été publié par l'AFP le 17 mai 2019.

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