NEW YORK / ÉTATS-UNIS
Après quatre mois de travaux, le musée rouvre ses portes avec des espaces agrandis offrant plus de visibilité à des scènes non occidentales.
New York. Le MoMa (Museum of Modern Art) a rouvert le 21 octobre dernier au terme d’un vaste chantier d’agrandissement et de réaménagement d’un coût de 450 millions de dollars, financé presque entièrement par les donations de philanthropes new-yorkais. Son directeur, Glenn Lowry, s’enthousiasme : « Il y aura plus d’œuvres d’art venant de plus d’endroits, d’artistes et disciplines que jamais. »
Le changement commence dès l’entrée. La billetterie, qui prenait beaucoup de place, a été déplacée pour faciliter la circulation. En prenant possession de plusieurs étages dans la tour voisine conçue par l’architecte Jean Nouvel, le musée a accru d’un tiers l’espace dédié aux galeries, ce qui lui permet de montrer davantage d’œuvres. D’ailleurs, le contenu d’un tiers des espaces sera renouvelé tous les six mois pour accélérer la rotation des pièces de la collection. Ce changement dynamique s’inscrit dans la vision d’Alfred Barr, premier directeur du MoMA en 1929, qui souhaitait que les « galeries d’expositions, les œuvres d’art, les lumières et les partitions » soient constamment en mouvement. En revanche, les œuvres reines, comme La Danse de Henri Matisse ou Les Demoiselles d’Avignon de Pablo Picasso, restent visibles en permanence.
Le musée a revu la circulation des galeries. Accessibles par plusieurs chemins pour fluidifier le passage, elles sont désormais organisées par ordre chronologique (« 1970-présent », « 1940-1970 », « 1880-1940 ») et par thématiques (« Paris dans les années 1920 », « Innovateurs du XIXe siècle », « Réponse à la guerre », « L’architecture pour l’art moderne », « Henri Matisse »…). Autre nouveauté : elles présentent plusieurs formes d’art (photographie, film, dessin, sculpture, peinture...) pour mettre en valeur les interactions entre les artistes d’une même période, parfois issus de continents différents. « Le nouveau musée rend l’art plus intéressant car il en amplifie les sens, explique Glenn Lowry. Quand on regarde le Paris des années 1920, les artistes marquants sont Fernand Léger, Picasso et Brancusi. Mais quand on introduit dans la discussion la peintre brésilienne Tarsila do Amaral, qui entretenait un dialogue avec Brancusi et Léger, cela nous ouvre un Paris oublié, beaucoup plus intéressant. Hier, on voyait 5 000 œuvres quand on venait au musée, essentiellement d’artistes nord-américains et européens. Aujourd’hui, on en verra 25 000 issus d’Amérique latine, d’Inde, d’Afrique et du Proche-Orient. »
Ce vaste réaménagement doit permettre au MoMA de faire face à une fréquentation grandissante. L’ancien bâtiment, qui avait déjà doublé de taille en 2004, avait été conçu pour accueillir deux millions de visiteurs alors que quelque trois millions passent aujourd’hui le pas de sa porte. Il doit aussi permettre à l’institution de Manhattan d’élargir sa programmation et de favoriser l’implication du public. Parmi les nouveaux espaces, on trouve notamment une salle polyvalente d’une capacité de 150 places pour accueillir des performances et des installations, ainsi qu’un « laboratoire » dédié à la création artistique qui proposera des animations en lien avec les expositions.
En accueillant un nombre bien plus important de visiteurs dans de meilleures conditions, le MoMA revient à sa mission originelle, insiste Glenn Lowry : « Nous ne voulons pas être un endroit élitiste. Nous avons été créés pour le public. Alfred Barr insistait sur la dimension populaire de l’art moderne. Nous étions une institution populaire depuis le début. »
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Un « nouveau » Moma plus international
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°532 du 1 novembre 2019, avec le titre suivant : Un « nouveau » Moma plus international