TROYES
Alors que la restauration de l’Hôtel-Dieu-le-Comte, un ensemble classé du XVIIIe siècle, vient de s’achever, s’ouvre le chantier scénographique du futur centre d’interprétation et de recherche consacré au vitrail.
Troyes. En plein milieu du « bouchon de champagne » que forme le centre-ville troyen, l’Hôtel-Dieu-le-Comte n’avait plus d’affectation pérenne depuis le départ des derniers malades en 1988. Si l’aile est de l’ancien hôpital accueille une antenne locale de l’université de Reims, depuis 1992, son aile ouest a récemment trouvé sa vocation dans le projet d’une « cité du vitrail ». Après presque trois ans de travaux, le lourd chantier d’aménagement de cet ensemble classé vient de s’achever. La scénographie, quant à elle, devrait être terminée au printemps 2022. La cité du vitrail devrait faire la fierté du département de l’Aube qui s’enorgueillit de comptabiliser la moitié des vitraux français sur son territoire !
Le lieu n’est pas destiné à devenir un musée, car il n’y a pas de collection constituée. De fait, ce serait plutôt une collection « hors les murs », avec les quelque 2 048 baies protégées (*) au titre des monuments historiques, essaimés dans la région. Il fonctionnera comme un centre d’interprétation – bien que le nom ne soit pas revendiqué – consacré à la mise en valeur du patrimoine local. « On donnera des clés de lecture pour comprendre et apprendre à décrypter le vitrail », explique Anne-Claire Garbe, conservatrice de la future cité.
La réhabilitation de l’Hôtel-Dieu du XVIIIe siècle offre ainsi de belles proportions à cet outil culturel et touristique : 2 900 mètres carrés sur quatre niveaux et deux entresols. Le chantier a récupéré un espace sous les combles, jusqu’alors inutilisé, pour en faire le point de départ du parcours de visite. C’est dans cette soupente à la lumière tamisée que les caractéristiques fondamentales du vitrail seront délivrées au visiteur, dans un espace pédagogique consacré à l’histoire et à la technique.
La future cité du vitrail disposera de deux espaces d’expositions, où seront montrées les œuvres en prêt, en dépôt ou données à l’institution, sous la forme d’un accrochage semi-permanent. Le premier espace occupe l’ancienne salle des malades. C’est un grand volume blanc ouvert à la lumière par de grandes baies vitrées de toutes parts. Un atout indispensable, compte tenu des œuvres à exposer. « Le plus difficile, c’est d’éclairer le vitrail. C’est un matériau vibrant, évolutif selon la lumière du jour », rappelle Anne-Claire Garbe. Les sources de lumières naturelles seront ici secondées par quelques sources ponctuelles de lumière artificielle.
La luminosité ne sera pas un problème dans le second grand espace d’exposition : il s’agit de la chapelle de l’Hôtel-Dieu. Les six larges baies, ouvertes sur toute la hauteur de l’édifice, deviendront autant de cimaises. Un système de serrurerie fixée le long des baies permettra d’exposer les vitraux les plus massifs, quasiment en conditions réelles, leur conférant une lumière semblable à celle de leur lieu d’origine. « Le point d’orgue de la visite ! », pour Éric Pallot, architecte en chef des monuments historiques, pour qui le fil rouge de cette restauration a été de favoriser la lumière naturelle.
Un vitrail signé Fabienne Verdier, réalisé avec l'artiste verrière troyenne Flavie Vincent-Petit, vient orner l’oculus de cette belle chapelle au décor du XIXe siècle. Cette première réalisation contemporaine devrait être suivie d’autres interventions artistiques au sein de la cité.
L’investissement important du département de l’Aube dans ce nouvel équipement (15 millions sur les 16 engagés) s’inscrit dans une politique culturelle et touristique lancée il y a une dizaine d’années. « On n’a pas la montagne, on n’a pas la mer, mais on a le patrimoine », résume le vice-président du conseil départemental, chargé du tourisme et de la culture, Valéry Denis. Celui-ci veut faire de la cité du vitrail le « vaisseau amiral » de la politique culturelle départementale. Cet été déjà, le conseil départemental de l’Aube mettait en place l’outil numérique « La route du vitrail » pour exploiter le potentiel touristique de son patrimoine vitré.
À l’échelle de la ville, la future cité s’inscrit dans un quartier en pleine requalification touristique, autour du canal de la Haute-Seine, avec notamment l’ouverture prochaine d’un hôtel de luxe à quelques mètres seulement. De quoi faire espérer au département une fréquentation autour de 50 000 visiteurs par an. Un pari raisonnable : la préfiguration de la cité du vitrail, qui occupait une ancienne grange de l’Hôtel-Dieu de 2013 à 2018, avait accueilli 160 000 visiteurs en cinq ans.
(*) Il y a 2 048 baies protégées au titre des monuments historiques dans le département de l'Aube, dont 1 100 classées, contrairement à ce que nous avions indiqué (250 vitraux classés).
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Troyes va ouvrir une cité du vitrail
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°574 du 1 octobre 2021, avec le titre suivant : Troyes va ouvrir une cité du vitrail