SÉOUL / CORÉE DU SUD
Mélange de traditions et de cultures occidentales, Séoul, capitale de la Corée, mixe sanctuaires bouddhiques et musées ultracontemporains dessinés par les grands noms internationaux de l’architecture. Sa visite s’impose…
Elle semble a priori rassurante et accueillante, mais ne se dévoile pas d’emblée au visiteur. Les nombreuses invasions subies au fil des siècles avaient fait d’elle une capitale forteresse. Séoul est devenue une mégapole post-moderne qui protège encore ses trésors. Il faut aller à sa découverte. Dans les vieux quartiers, les marchés typiques. Elle recèle d’immenses parcs nationaux, de nombreux musées, des palais royaux noyés dans des écrins de verdure ponctués d’étangs romantiques, des temples, des monastères, des sites propices à la contemplation dans une atmosphère purement zen.
En apparence seulement, car Séoul est aussi le reflet de la culture coréenne : paradoxale. À la fois dans la mondialisation et attachée au respect de ses traditions. Une ville qui se cherche encore dans une ambivalence lisible jusque dans l’urbanisme : les étals envahissent les rues du quartier d’affaires, les ateliers d’artistes jouxtent le Palais royal, les maisons traditionnelles trônent au milieu des tours, le Séoul branché côtoie le monde rural dans une ambiance où la frénésie le dispute au tintamarre.
Plus de trois mille ans de trésors disséminés dans la ville
Le fleuve Han traverse le cœur de la ville, séparant le nord historique du sud moderne. La partie sud de Séoul est d’un intérêt inégal. Les barres d’immeubles tristes et mal conçues des années 1980 côtoient d’élégantes tours contemporaines. Dans ce secteur appelé Kangnam, la circulation est dense et les embouteillages légendaires. Cela dit, centres commerciaux, boutiques de marques prestigieuses et restaurants chics en font un quartier très agréable. On y trouve surtout une myriade de lieux de divertissement nocturne : bars à vins, immenses karaokés dans des hôtels de luxe, saunas ouverts à toute heure, etc. Séoul s’amuse la nuit et peine à se calmer le matin.
À quelques encablures, le quartier nord abrite le centre financier et historique de la capitale. Plus de trois mille ans d’histoire coréenne ont fait de Séoul le réceptacle de merveilleux trésors. De nombreux palais, temples, musées d’arts traditionnels abritent de superbes collections de calligraphies, d’objets religieux bouddhistes, d’arts décoratifs avec les céladons les plus rares et les porcelaines les plus précieuses. Quant aux collections des musées d’art moderne et contemporain, elles sont (presque) aussi riches que les collections des musées européens.
Le quartier traditionnel, celui des galeries et des antiquaires
Entourant ce noyau, trois marchés très populaires rythment le pouls de la cité. Les deux premiers, Namdaemun et Dongdaemun, s’enroulent autour des centres commerciaux et des immeubles d’affaires. On s’enfonce dans un joyeux capharnaüm d’étals de vêtements, de sacs, de chaussures, d’accessoires et de victuailles de toutes sortes. Plus haut, le marché Insa-dong en fait l’un des endroits les plus conviviaux de la ville. Ce quartier traditionnel abonde en magasins, en galeries d’art, en magasins d’antiquaires et en boutiques vendant épices et fritures. Sur la place, une troupe de comédiens et de musiciens se produit, entourée d’un public nombreux et attentif. On fait une pause dans l’une des maisons de thé auxquelles on accède par des couloirs étroits ou des escaliers très raides. Saveurs exquises et ambiances magiques garanties.
Tout au nord, le secteur de Bukchon nous fait déambuler parmi les adorables maisons traditionnelles aux toits de tuiles miraculeusement préservés et reliées entre elles par un enchevêtrement de ruelles. S’y promener est un régal et l’on a du mal à s’imaginer que l’on est dans une mégapole.
La ville aux cinq mille temples bouddhiques
Pour rester dans cette atmosphère zen, il faut se retirer dans l’un des nombreux temples bouddhiques de Séoul. Il y a en Corée vingt-sept ordres bouddhistes et trois mille temples officiels. À elle seule, Séoul en recèle plus de mille cinq cents !
Construits sur les hauteurs, les sanctuaires se blottissent pour la plupart dans des environnements exceptionnels. Seul le temple Chogyesa, quartier général du bouddhisme, a trouvé sa place au centre-ville, entre les tours. Il abrite de superbes fresques retraçant la vie de Bouddha. Au nord-ouest de la ville, Bongwonsa Temple, sanctuaire majestueux et solennel, se niche entre les arbres centenaires. Fondé au huitième siècle sous le royaume de Shilla, c’est l’un des hauts-lieux du bouddhisme coréen et les visiteurs s’y rendent nombreux. Fidèles ou simples promeneurs peuvent venir s’y reposer et voir moines et nonnes louer Bouddha par le chant, la musique et la danse. Un chant coréen peut durer plusieurs heures. Quoi de plus propice à la méditation ?
Le Gyeongbokgung Palace
C’est l’un des plus beaux palais de Séoul, inscrit au patrimoine de l’Unesco. Conséquences de l’invasion japonaise et de la guerre de Corée (1950-1953), il ne reste que deux tiers de ses bâtiments, mais l’ensemble n’a rien perdu de sa beauté. Lieu de résidence des empereurs de la dynastie Joseon (1392-1910), c’est un exemple exceptionnel d’intégration architecturale dans un environnement naturel à la topographie irrégulière. Ses pavillons disséminés portent les noms de pavillon du soleil et de la lune, celui de la méditation, le bâtiment des gens ordinaires ou le jardin secret, un bijou paysagé.
La porte de Namdaemum, le trésor disparu
Comme tout pays soucieux de protéger son patrimoine culturel, la Corée a ses trésors nationaux. De plus, elle possède avec le Japon la particularité de désigner des « trésors nationaux humains ». Cet honneur peut revenir à un chef cuisinier ou à une femme chamane (mudang) ! Les ayant droits n’héritent cependant pas du titre. La porte de Namdaemun, au sud de Séoul, jadis la porte principale de la ville, est le premier trésor national coréen. Cette magnifique structure en bois, construite au XIVe siècle, a été ravagée par un incendie en 2008. Une véritable catastrophe culturelle !
Le Musée national coréen de Séoul
Il aura fallu la participation de 59 pays et le concours de 584 architectes pour voir s’ériger cet imposant bâtiment à la fois altier et accueillant, au cœur du centre culturel de Séoul, dans un parc de 10 hectares. Il abrite une grande partie des trésors nationaux coréens mais aussi une exceptionnelle collection d’art asiatique dont les trésors du royaume de Shilla. L’aile ouest recèle l’une des plus belles collections de bouddhas chinois et coréens au monde. Entrée gratuite pour tous. Les enfants y sont nombreux.
Le musée d’Art contemporain de Séoul
Créé en 1986, il s’élève, comme la plupart des musées de la capitale, dans un écrin de verdure. Son architecture de granit décline, encore, l’idée de forteresse. En son centre, une immense tour symbolise la torche coréenne. Il dispose d’une belle collection d’art contemporain international – Pop Art et hyperréalisme ont le vent en poupe. Les artistes coréens ne sont pas en reste et Nam June Paik (1932-2006), figure légendaire du video art, investit l’espace et la tour centrale de ses installations vidéo singulières. Dans le jardin des sculptures, les enfants se balancent près d’une œuvre de Bernar Venet.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Séoul - Carrefour de l’histoire et des cultures
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Nombreux, superbes, très fréquentés, parcs et jardins sont le passe-temps favori des Coréens. Parmi nos préférés, le parc Tapgol où fut proclamée la déclaration d’indépendance de 1919 ou Namsan, situé dans le cœur historique de Séoul, au milieu duquel se dresse la tour du même nom. D’en haut, on embrasse la ville d’un seul regard. Le parc de Seoraksan est un véritable havre de paix avec ses montagnes et ses forêts luxuriantes, ses rivières d’eaux vives et ses plages. Le parc de la Paix, situé sur l’île de Seonyu reliée à Séoul par la passerelle de Rudy Ricciotti. Enfin, le parc Marronnier, qui doit son nom à l’arbre venu de France. Comme à Montmartre, les peintres y exposent leurs œuvres.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°613 du 1 mai 2009, avec le titre suivant : Séoul - Carrefour de l’histoire et des cultures