Le Musée de l'armée achève la rénovation de ses espaces d'expositions permanente et dévoile les fleurons de sa collection.
PARIS - « Nous ne sommes pas et nous ne serons pas le musée de l’Histoire de France. Nous racontons l’histoire des armées terrestres de ce pays ; et c’est bien assez comme cela ! » D’entrée de jeu, lors de la présentation à la presse des nouvelles salles rénovées du Musée de l’armée, à Paris, le général Bernard Devaux, directeur de l’établissement situé à l’Hôtel national des Invalides, a mis les choses au point. Il n’est de confusion possible entre le Musée de l’armée et le futur « musée de l’Histoire de France » appelé de ses vœux par le président de la République – projet pour lequel les Invalides font partie des sites envisagés. Loin des ambitions présidentielles donc, le Musée de l’armée poursuit sa campagne de modernisation lancée en 2000 et baptisée « Athena ». La quatrième phase de ce chantier totalisant un budget de plus de 70 millions d’euros concerne, cette fois, le département Moderne (de Louis XIV à Napoléon III), dont les salles étaient fermées depuis janvier 2006. Les nouveaux espaces ont été inaugurés à l’occasion de la Nuit des musées, le week-end des 16 et 17 mai ; partiellement inaugurés pour être exact, puisque le parcours s’arrête aujourd’hui à Napoléon Ier. Les visiteurs devront patienter jusqu’à la fin de l’année pour découvrir la suite, couvrant la période de 1815 à Napoléon III et la Commune, soit un peu moins du tiers du département.
Voir le dos des costumes
L’agence Repérages Architectures – à qui l’on doit les espaces de l’Historial de la Grande Guerre à Péronne (Somme) – a été choisie dès 2003 pour repenser l’aile Orient du musée et en assurer sa muséographie. La tâche n’était pas facile puisque les espaces concernés correspondent aux anciennes chambrées allouées aux vieux soldats. « Nous sommes sans cesse retombés sur cette question : comment exposer une armée en mouvement dans des chambres cloisonnées ? », explique Adeline Rispal, à la tête de l’agence. Cette dernière a pris le parti de jouer avec ces contraintes pour articuler différents niveaux de lecture : linéaire si le visiteur souhaite approfondir un aspect particulier des collections, transversal pour un point de vue global de l’histoire de l’armée en lien avec celle de la Nation. En accord avec l’architecte des Monuments historiques, l’espace a été décloisonné pour évoquer les grandes batailles et regrouper les points de vue. La réussite de la scénographie tient pour beaucoup aux miroirs installés au fond des vitrines qui permettent d’appréhender les uniformes et armes sous tous les angles. « Nous avons beaucoup soigné les dos des costumes », confie ainsi Adeline Rispal. Le procédé présente l’avantage d’agrandir l’espace et de démultiplier les uniformes, pour donner l’impression d’une armée massive et unifiée, prête à marcher au pas. L’ambiance feutrée due à l’éclairage (tamisé par souci de conservation) magnifie les pièces exposées, des costumes, armes et insignes sophistiqués, plus proches de tenues de scène que de combat. « L’homme se pare pour mourir. On ne se protège plus pour aller au feu, mais on s’y montre », remarque Émilie Robbe, la conservatrice du département Moderne. Le traitement réservé aux tableaux apparaît moins convaincant, notamment en ce qui concerne les grands formats, écrasés par manque de hauteur et de recul. Mais, à n’en pas douter, c’est la partie inaugurée cet hiver qui promet de marquer les esprits : dans l’ancien réfectoire des pensionnaires de l’Hôtel des Invalides, une armée équestre sera reconstituée sur 40 mètres de long. Après le chantier consacré au dôme et aux réserves du musée, Athena devrait s’achever en 2010. À son terme, le Musée espère encore voir croître sa fréquentation, qui avait déjà dépassé le 1,2 million de visiteurs en 2008.
Musée de l’Armée, Hôtel national des Invalides, 129 rue de Grenelle, 75007 Paris, tél. 08 10 11 33 99, www.invalides.org, tlj sauf lundi 11h-18h.
MUSÉE DE L’ARMÉE
Budget travaux département Moderne : 16,8 millions d’euros
Superficie : 3 700 m2 (2 étages)
Nombre de pièces exposées : 2 500 p Budget global d’ATHENA: 73,5 millions d’euros (abondés à 85 % par le ministère de la Défense, à 15 % par le Musée de l’armée)
Superficie : 3 700 m2
Maîtrise d’ouvrage : le général Robert Bresse, directeur du Musée de l’armée, et Émilie Robbe, conservatrice du département Moderne
Maîtrise d’œuvre : Repérages Architectures
Nombre de visiteurs en 2008 : 1,266 million
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Se parer pour le combat
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°304 du 29 mai 2009, avec le titre suivant : Se parer pour le combat