En 1859, pour la première fois, des photos stéréoscopiques entrent dans les maisons et mettent sous les yeux des populations les horreurs de la guerre. En relief !
Les diplomates qui redessinent les contours de l’Europe doivent désormais compter avec l’opinion publique. Pour elle, deux noms de batailles, Magenta et Solferino, deviennent les symboles de l’unification de l’Italie dont les nombreux acteurs se croiseront sans cesse pendant plus de vingt ans. À côté des politiques comme Cavour ou Mazzini, fondateur du mouvement Jeune Italie, des militaires comme Garibaldi et des écrivains tels Dumas ou Sand, les artistes s’impliquent dans la relation visuelle des événements et l’élaboration d’un travail de mémoire.
Si grâce aux ballons aérostatiques les stratèges prennent de la hauteur, les peintres, eux, s’engagent sur le terrain. Leurs tableaux témoignent de la violence des combats, indiquent les mouvements de troupes, racontent la fougue des zouaves, immortalisent la gloire des Chemises rouges. Les visions diffèrent cependant. Ernest Meissonier délaisse les scènes de genre pour le témoignage historique direct. Dans son Solferino daté de 1863, il campe sur fond de fumées l’empereur français entouré de son état-major ; malgré un soldat en pantalon garance étendu mort, le tableau reste solennel.
Gerolamo Induno (1825-1890), son frère Domenico, Ippolito Caffi dramatisent davantage leurs effets. Quant à H. Vittori, il saisit la tragédie du 14 janvier 1858 par un jeu de contrastes d’ombres et de lumière : quelques lances verticales, des chevaux aux membres rompus, la foule projetée à terre. Sur le carrosse impérial luit le reflet blanc des bombes lancées par Orsini. Malgré cet attentat qui le visait, Napoléon III est un des artisans majeurs du processus conduisant à la naissance de la nouvelle nation.
Des portraits, des cartes, l’impressionnant plan-relief de Rome, des uniformes mais aussi des dessins et des sculptures, et surtout les inestimables plaques de la Fondation Alinari font revivre les heures passionnées de cette conquête de la liberté.
Musée de l’armée, Hôtel national des Invalides, 129, rue de Grenelle,Paris-7e,
www.invalides.org, jusqu’au 15 janvier 2012.
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Napoléon, père de la nation
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Abonnez-vous dès 1 €Jean-Louis Ernest Meissonier, L’Empereur Napoléon III à Solferino, 24 juin 1859, 1863, huile sur toile.
© Photo : RMN/Jean Hutin.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°640 du 1 novembre 2011, avec le titre suivant : Napoléon, père de la nation