LYON
Le parcours « Les pieds dans l’eau » sera à terme intégré à l’exposition permanente du Musée d’histoire de Lyon. Il assume un parti pris « jeune public ».
Lyon. Dix-sept ans après sa découverte lors des fouilles archéologique du parking Saint-Georges, la plus impressionnante des seize pirogues-viviers livrées par les entrailles du Vieux-Lyon retrouve la lumière… et le public. En novembre 2020, c’est par la voie des airs, grâce une grue, que l’embarcation du XVIe siècle entrait par la fenêtre du Musée Gadagne. Désormais inamovible, elle ouvre le parcours « Les pieds dans l’eau » : présenté cet été au public comme une exposition temporaire, ce parcours deviendra, à terme, l’une des séquences de la future muséographie de Gadagne, objet d’une refonte depuis 2019.
La première salle est tout entière axée autour de l’embarcation, joliment mise en scène dans une ambiance de projections évoquant l’élément aquatique. Un cartel numérique dense délivre au spectateur la somme d’informations nécessaires à la compréhension de cette pièce archéologique exceptionnelle, restaurée trois ans durant dans les laboratoires d’ARC-Nucléart à Grenoble. C’est dans cette salle également que se font les présentations de la Saône et le Rhône, les deux personnages principaux du parcours. Et aussi que le spectateur fait connaissance avec « Frérot » et « Sœurette », un duo qui campe un conte enfantin, écrit pour l’exposition.
Diffusé par un haut-parleur, le récit donne le ton d’un parcours en partie destiné au jeune public. Un parti pris qu’assume le directeur des lieux, Xavier de la Selle, dont l’ambition est de mettre l’accent sur un type de public pour chacune des quatre séquences qui ouvriront progressivement. « Portraits de Lyon », inauguré en 2019, s’adressait ainsi particulièrement aux touristes découvrant la capitale des Gaules.
Le public adulte n’est pas oublié : le parcours regorge de dispositifs, numériques ou physiques, permettant d’approfondir ici l’histoire des métiers liés aux deux fleuves et aujourd’hui disparus, là l’histoire des grands aménagements qui ont dompté le Rhône. Il restera toutefois décontenancé devant un tableau d’histoire accroché à hauteur d’enfant (mais le jeune public ne l’est-il pas devant les œuvres accrochées toujours à hauteur d’adulte ?), ou face à certains dispositifs de médiation auxquels il ne pourra accéder sans martyriser son dos.
Quelques idées muséographiques semblent cependant susceptibles de réunir petits et grands, comme une « hydromachine » qui permet de simuler les effets de la crue sur une maquette mise en eau, ou un impressionnant diorama représentant un bras du Rhône (ou « lône »), soumis aux contraintes et pollutions de notre époque. Si le parti pris en faveur de la jeunesse prend parfois le pas sur la visite – et mérite, admet son directeur, quelques ajustements –, le parcours reste très séduisant, variant les angles d’attaque d’un sujet inépuisable. La muséographie fait ainsi une synthèse entre l’accrochage d’un musée d’art, les vitrines d’un musée d’ethnologie et la scénographie d’un Muséum.
Issus du parcours « Portraits de Lyon », des personnages médiateurs tissent le fil rouge de cette exposition hybride : Louise, la lavandière du XIXe siècle, et Saïd, l’ouvrier des années 1970, portent un récit destiné ici à emmener un public adulte de l’histoire sociale vers des problématiques environnementales.
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Rhône et Saône rajeunissent Gadagne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°573 du 17 septembre 2021, avec le titre suivant : Rhône et Saône rajeunissent Gadagne